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Homeland
1.01 - Homeland
Angela, 15 ans d’Anti-Terrorisme
jeudi 22 septembre 2011, par
En cherchant très bien. Genre, sur Showtime.
Oui, je sais, moi aussi ça m’a surpris.
Qu’est-ce que c’est ?
Homeland est la nouvelle série de Showtime, donc, qui sera diffusée le dimanche à partir du mois d’octobre en compagnie de Dexter.
On nous le vend comme un comme un « thriller psychologique »… et si je ne doute pas de leurs bonnes intentions, je n’oublie pas non plus que la série est diffusée par Showtime ou que son scénariste principal est Howard Gordon, bien connu par ici comme étant l’un des principaux « cerveaux » derrière 24.
C’est avec qui ?

C’est avec des gens qu’on aime bien.
Le rôle principal est tenu par Claire Danes, que mon état de fan de séries m’oblige à aimer même si je n’ai jamais vu le moindre épisode de My So-Called Life.
A ses côtés, on retrouve des acteurs que j’aime pour de vrai : le toujours excellent Damian Lewis (Band of Brothers, Life) joue l’antagoniste, Morena Baccarin fait plaisir à voir nue / à voir dans autre chose que V (au choix), et Mandy Patinkin (Inigo Montoya dans le Deuxième Meilleur Film de Tous les Temps) finit de compléter l’excellente distribution de la série.
Ça parle de quoi ?
Claire Danes est une blonde qui travaille pour la CIA. Elle n’a que 24 heures pour prouver qu’un prisonnier de guerre récemment libéré (Damian Lewis) est en réalité un traitre qui a rejoint Al-Qaida.
Ah ?
On me dit qu’elle a plus que 24 heures pour y arriver. On me dit également que la série n’est pas en temps réel. Et que Kiefer Sutherland va jouer dans « Fairytale of New York » avec Kate Bosworth.
Je ne sais pas ce qui est le plus décevant.
Et c’est bien ?
C’est un bon premier épisode, mais je ne suis pas sûr que Homeland sera forcément une bonne série. Ou que ce sera une mauvaise série. Je ne sais pas.
Non, ces nouveaux doutes ne sont pas le résultat d’une crise existentielle profonde me troublant jusque dans mes plus basiques convictions, c’est juste que ce pilote ne me permet pas encore d’attribuer un « Nul » ou « Génial » définitif à la série toute entière.
Je sais, c’est horrible.
Les premières minutes, qui se passent en Irak (et fort heureusement pas dans un pays imaginaire du Moyen-Orient), m’ont fait très peur. Pas tant à cause de ce qui se passait à l’écran, mais bien à cause des souvenirs de 24 et de Howard Gordon qu’elles m’ont évoqué.
Je n’y peux rien, quand j’entends des phrases comme « Il faut absolument empêcher une nouvelle attaque sur le sol américain ! » ou « Nous n’avons plus de TEMPS ! », de vieilles angoisses remontent à la surface. Il ne me faut pas grand-chose pour imaginer Homeland tombant dans les pires travers de 24, dans la violence gratuite, dans la justification nauséabonde de la torture, dans l’anti-islamisme primaire, dans la bêtise profonde, etc…
C’est un peu la même chose quand notre héroïne laisse entendre au détour d’une conversation qu’elle s’en veut personnellement pour le 11 septembre. Parce qu’elle a laissé passé quelque chose, ce jour là, et qu’elle ne veut absolument pas que ce genre d’événement se reproduise par sa faute.
C’est gênant pour deux raisons. Déjà, c’est une façon hyper bancale de justifier les motivations d’un personnage principal, car ça laisse entendre qu’il lui faut absolument une raison personnelle pour ne pas vouloir qu’une nouvelle attaque terroriste ait lieu aux Etats-Unis. Ensuite, ça m’a fait le même effet que la présentation foireuse, et quasiment identique, de Will Travers dans Rubicon : je trouve que c’est à la fois inutile et racoleur. Mais bon, c’était encore pire dans Rubicon (sa femme et sa fille étaient en haut des tours pour fêter son anniversaire !), à l’époque j’ai fait comme si je n’avais rien entendu, et les scénaristes n’y ont plus jamais fait allusion.
Je suis prêt à faire preuve de la même courtoisie envers Homeland s’ils en font autant.
À travers ces deux détails revient le même problème : je n’ai pas confiance en Howard Gordon. Si pour le moment Homeland est bien écrit, bien réalisé, et très bien interprété (et que j’imagine mal voir la réalisation ou l’interprétation baisser en qualité), je ne suis pas sûr que ça sera toujours le cas dans les épisodes suivants.
Howard Gordon n’est pas connu pour sa finesse, et le sujet abordé par la série est vraiment propice aux dérapages (pour plus de détails, se référer aux aventures de Jack Bauer). Pour l’instant, en omettant la scène d’ouverture, j’ai trouvé que c’était plutôt bien traité, et j’ai même réussi à ne pas trouver les scènes à la CIA trop ridicules (même si c’était bien dans Rubicon… mais pas dès le premier épisode). J’attends donc de voir. Je regarderai la suite avec un optimisme prudent.
Car jugé sur ce qu’il offre, ce premier épisode est une belle réussite. C’est un bon pilote, qui fait preuve d’efficacité dans la présentation de ses personnages et la mise en place de son histoire.
En gros, l’épisode accorde autant de temps aux deux pans de l’intrigue : d’un côté on suit le retour de Damian Lewis dans sa famille après huit ans d’absence, de l’autre Claire Dane commence à enquêter sur lui.
A priori, j’aurais tendance à dire que la partie familiale est plus convaincante, principalement grâce aux acteurs. Baccarin et Lewis sont tous les deux excellents (Lewis dans un rôle à la fois fragile et sombre qui lui va parfaitement), et si l’intrigue de l’adultère a des airs de déjà-vu, le reste compense largement, avec notamment une scène de retrouvailles conjugales assez atroce (dans le bon sens du terme).
Du côté de Danes, c’est un peu plus difficile de s’enthousiasmer pour l’instant, car ça reste assez classique. Bien foutu, mais classique. L’idée de nous la présenter comme un personnage dont l’état mental peut être mis en doute est assez originale, et c’est celle qui a le plus de potentiel. Mais il va falloir un peu de temps avant que ça puisse être exploité complètement et qu’on puisse juger de la façon dont son enquête l’affecte.
J’attends également de voir si la série va incorporer des intrigues indépendantes dans chaque épisode, genre « mission de la semaine », puisque Danes travaille a priori toujours pour la CIA en parallèle de son enquête.
Une dernière chose : je ne sais pas trop quoi penser des révélations qui nous sont faites à la fin du pilote, sur la culpabilité de Damian Lewis.
Avant ces deux scènes consécutives, j’étais agréablement surpris de voir que les scénaristes avaient décidé de jouer la carte de l’ambiguïté. On ne savait pas si c’était réellement un traitre ou non, et c’était bien. Après le flashback, et la découverte du code, je ne sais plus trop. Dans un sens, on ne nous confirme pas entièrement qu’il est devenu un agent d’Al Qaida, sans doute pour pouvoir nous faire douter encore un peu. Mais en même temps, je trouve que les preuves apportées sont trop grosses pour que les scénaristes puissent faire complètement marche-arrière par la suite. On se retrouve donc dans une situation hasardeuse. Oui, c’est une façon mémorable de terminer le pilote, et ça lance bien la série. Mais j’ai quand même peur le récit y perde en richesse.
Voir en ligne : “Homeland”, série post 11 septembre : la critique
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