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Scandal
3.01 - It’s Handled
Jenga !
jeudi 10 octobre 2013, par
On sait (maintenant) que c’était la technique d’écriture des scénaristes de Lostet de 24. Avouer ouvertement qu’elle ne sait pas où elle va est à la fois inquiétant mais aussi, étrangement, un peu excitant.
Inquiétant car les intrigues de Scandal captivent mais sont aussi complètement ridicules. L’enchainement à un rythme effréné des révélations et de changements de donne risque, et va très probablement, nous agacer à un moment. Mais il y a quelque chose dans Scandal qui fait fonctionner le tout. Je ne sais pas ce qu’il faut créditer pour cela, mais c’est un peu comme quand on joue à Jenga et qu’une structure qui défie les règles de la gravité ne s’écroule toujours pas quand on retire un pièce. On connait l’issue du jeu, on sait que tout va se casser la gueule, mais l’excitation est plus forte au fur et à mesure qu’on s’approche de ce point.
"It’s Handled" montre que nous ne sommes pas sur le point de crier Jenga ! Shonda, la Merveilleuse, applique la même recette que pour son ouverture de seconde saison. Nous avons tout de suite la réponse à pas mal de nos questions, y compris qui a révélé à la presse l’identité de la maîtresse du président, et en fin d’épisode, un tout nouvel arc est lancé. C’est un principe qui se montre encore une fois efficace. Mais si l’année dernière, ce premier épisode s’était concentré sur « Qui est Quinn Perkins ? », celui de cette saison est bien plus intéressant.
On peut apprécier Scandal comme on apprécie 24. Les deux sont des séries pop corn où l’intérêt vient de l’adrénaline que l’enchainement de situations procure. Mais il y a des moments dans les deux séries, où elles deviennent un peu plus que cela.
It’s Handled est un moment très interessant dans Scandal. Après nous avoir montré pendant deux saisons une Olivia Pope fantastique qui sait résoudre toutes les crises, cette ouverture de saison la met dans une situation inédite : elle ne maîtrise plus rien. La scène d’ouverture avec son père, surjouée à ravir, la met dans une position de soumission et la rabaisse. Elle ne sait toujours pas où est Jack Ballard. Lorsqu’elle monte dans l’avion, décidée à suivre les ordres de son père, Cyrus la convainc de revenir. Malgré son retour au cabinet, ses clients l’abandonnent. Son plan pour confronter la presse est mis à mal par les manigances de Mellie. Et surtout sa propre équipe la trahit, pour son bien.
Olivia Pope ne maîtrise plus rien. L’issue de l’épisode, qui voit Olivia Pope aider la femme qu’on a sacrifiée pour elle, la montre reprendre du poil de la bête. Mais pendant la quarantaine de minutes qui précèdent ce moment, il est plaisant de voir l’héroïne de la série dans l’incapacité de gérer toutes les galères qui lui sont balancées à la figure. Commencer avec une Olivia Pope en position de faiblesse laisse suggérer que la voir reprendre le contrôle sera l’une des structures narratives majeures de cet arc.
Malgré cet épisode très centré sur Olivia, les scénaristes n’oublient pas de subtils rappels quant au reste des intrigues laissées en suspens l’année passée. David Rosen reprend son rôle de conscience d’Olivia. Le fait de cumuler ce rôle avec celui d’antagoniste récurrent de la série à toujours été un point fort de la série. L’une des plus grandes satisfactions des derniers épisodes la saison passée était de voir que David était aussi capable de manipuler Olivia. Remettre Rosen dans la position d’adversaire redoutable tout en étant l’homme qui la confronte à ses actions fait très plaisir, même ce n’est que le temps d’une scène.
C’est bien mieux que de rappeler les tendances sociopathes de Quinn avec deux lignes de dialogues où elle suggère de tuer un stagiaires ! Ou encore, rappeler l’existence de Jack Ballard alors que son interprète n’apparait même pas dans l’épisode où il est pour la première fois crédité en temps qu’acteur régulier de la série.
Et on a hâte de le voir Scott Foley, parce que les révélations finales de cet épisode le mettent dans une position intéressante. Le président a trop souvent été dépeint comme le chic type qui subit les manigances de son entourage, y compris celles d’Olivia. Cet épisode lui donne un rôle plus actif. Mellie réalise qu’il est à l’origine de la révélation à la presse de l’identité d’Olivia. Non seulement les rôles sont inversés, il est le manipulateur dans un scénario où Olivia est manipulée, mais surtout le mystère du premier arc de la saison est dans son passé avec Ballard à l’armée.
J’avais peur que l’arrivée de Foley allait être jouée par un triangle amoureux. Même si cet aspect sera surement mentionné, je suis rassuré de savoir que c’est son passé à l’armée avec Fitz qui sera au centre de ce début de saison.
Scandal nous a donné un retour à la hauteur de ce qu’on était en droit d’attendre de la série. J’éspère juste qu’en mai, je ne me rappellerai pas de cette saison comme celle où tout s’est cassé la gueule, parce que, pour rappel, les saisons 3 de Lost et 24 étaient celles de Nikki et Paulo et de Jack le drogué, du virus et de Gros Pif et Kim Bauer !