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Ma Semaine à Nous

Semaine N°175

Sponsorisée par la Bière et le Sirop de Citron

lundi 28 novembre 2011, par la Rédaction

Cette semaine, Iris et Jéjé évoquent tous les deux dans leur texte 2 Broke Girls. Cependant, les modalités de la sélection de la vignette de la semaine obéissant à un ensemble de règles aussi complexes que celles du code de l’expropriation du droit français, c’est Amy Poehler qui s’affiche.

Des inconvénients de ne pas s’enthousiasmer pour les séries de la plèbe.
Iris est ailleurs

Je tire longuement sur ma cigarette, lèvres serrées, son extrémité rougeoyante jurant presque dans la grisaille environnante. Malgré la nuit, je me rends compte de la brume, qui m’isole. Est-ce que quelqu’un est près de moi ? Je tends ma main libre, mais elle se referme sur de l’air, de la vapeur d’eau. Personne. J’observe la fumée qui s’échappe de ma bouche et monte paresseusement vers le ciel. Comment en suis-je arrivée là ? Comment suis-je devenue... la femme à la cigarette ?

Flashback, un mois plus tôt. Doum paow.

"2 Broke Girls, c’est vraiment chouette." Non, raye ça, Siri, trop simpliste. "2 Broke Girls, c’est la série la plus ambitieuse de la génération anti-hipstero-ironique, c’est l’incarnation du post-empire tel que défini par Bret Easton Ellis", NON, raye encore. Nouvelle page. Je."

Je me laisse tomber sur mon divan, les oreillettes de mon kit mains-libres vont s’écraser sur le sol, au milieu des emballages de paquets de nouilles instantanées, des cadavres de cannettes de Red Bull rincées au gin, et des résidus de poudre laissés par des cachets de codéine écrasés. Je me passe les mains sur le visage, théâtralement, car si la vie est une pièce, c’est bien une tragédie. La vie est un long couloir noir au mur duquel des centaines d’orphelins sont crucifiés, dont seules les voix peuvent encore nous atteindre, tentaculaires. Note à moi-même, ne plus revoir Watchmen.

Je n’arrive pas à comprendre. Je relance une énième recherche Google. Je checke à nouveaux mes différents flux RSS. Et rien. Sur les sites de séries que je consulte habituellement, on mentionne à peine cette nouveauté, lui préférant la maintenant-vieille Happy Endings ; et les gens que je lis ailleurs se bornent à lécher Suburgatory. Mon smartphone vibre. Un appel entrant. Je décroche.

- Écoutez moi bien, ils sont après moi. On essaie de nous faire taire. Vous êtes dans le vrai. Et votre appartement est sur écoute, à votre place, j’arrêterais de faire une narration de ma propre vie.

L’appel coupe. Je sais de quoi il parlait. 2 Broke Girls. J’avais raison de m’inquiéter. Il faut que j’enquête là-dessus.

Flashforward, 27 jours plus tard par rapport au jour du Flashback, 3 jours plus tôt par rapport à la Timeline Réelle. La Suisse, le timing, une question de fidélité. Doum paow.

Les gens qui me font face dans cette salle sont tous ceux qui ont répondu à mon appel. Journalistes, hommes politiques, Deadpool et Jack Sparrow. Ils sont peu nombreux, mais cela suffit à rendre étouffante l’atmosphère de cette cave. C’est le dernier endroit sûr pour moi. Après ça, je devrai disparaître. Mais je sais que c’est pour le bien de l’humanité.

Comme si cette semaine était à un rebondissement scénaristique déplacé près.

Je m’avance dans le spot lumineux, scène improvisée, et me saisi du micro. Le trac m’envahit, mais je sais que j’ai raison.

- Si vous avez répondu présents, j’imagine que vous êtes déjà acquis à ma cause, mais ce n’est pas suffisant. Le monde doit savoir. Je compte sur chacun de vous pour répandre la bonne parole. Vous ne trouvez pas ça étrange, vous, que 2 Broke Girls passe aussi inaperçue ? Ça faisait pourtant longtemps qu’on n’avait pas eu une vraie sitcom, une qui enchaîne les punchlines vraiment drôles, et crée des personnages attachants, nous plonge dans une ambiance dès son commencement et qui épisode après épisode arrive à se ternir à son fil conducteur sans le rendre lourd, qui ne s’est pas défaite de son pitch à la première occasion. Et Kat Dennings… Comment expliquer qu’une série dont le personnage principal a une poitrine aussi généreuse ne fasse pas plus parler d’elle ? Surtout quand elle est une sorte de Daria qui aurait grandi. Qu’est-ce qui nous arrive ? Des gens taxent la série de raciste, mettent en avant son utilisation de personnages caricaturaux et la décrient sur cette seule base. Je ne comprenais pas. Mais j’ai enquêté, j’ai trouvé qui était à l’origine de ça. De ce complot anti-2 Broke Girls.

Le silence règne dans la salle. Tous les yeux sont fixés sur moi.

- Encore une fois, c’est de la faute de la FOX.

Des murmures révoltés s’élèvent. Je ne pense pas que qui que ce soit soit surpris. Après tout, la FOX est notoirement derrière les coups les plus vicieux de ces 15 dernières années. Pourquoi pas un de plus ? Pourquoi pas un de plus quand ils doivent décrédibiliser la seule nouvelle série qui peut se targuer d’avoir à son générique une icône du cinéma indépendant.

- La FOX qui…

Un point rouge passe dans mon champ de vision. Je comprends. Je me suis fait avoir. Deadpool. C’était lui. Je le regarde droit dans les yeux, et fais un bond de côté. Il est après moi. La folie règne dans la salle, j’avais prévu le coup et l’une de mes clones prend rapidement ma place sur scène. Dommage, celle-ci je l’aimais bien, elle savait tricoter. Je sors par la porte arrière, et saute dans un taxi qui m’attendait. Un regard au compteur m’indique qu’il l’a laissé tourner. Enfoiré de chauffeur, tous les mêmes. Tant pis, il sera payé d’une balle dans la tête. Au moins j’ai dit la vérité.

Retour au présent. Doum paow.

Nouvelle taffe. Je sens quelque chose de froid se presser contre ma nuque. Un rond glacé. Du métal. Une arme.

- Donc tu m’as retrouvée ?

Alors que je me retourne, je remarque que Deadpool penche la tête sur la droite. Son masque m’empêche de savoir ce qui lui passe par la tête. Que ressent-il ?

- Oui.
- Tu dois me tuer ?
- On m’a engagé pour ça.
- Mais qui ?

Il ne me répond pas. Le silence est plus éloquent que mille discours. Je sais que j’avais raison. Il me prend par la main, et ce contact m’étonne.

- Moi aussi j’aime 2 Broke Girls.

Je le savais. Forcément, avec de tels one-liners, n’importe qui de sensé serait conquis. Peut-être que la série repose sur un concept simple. Mais elle sait le gérer. Non, 2 Broke Girls ce n’est pas que des blagues gentillettes vaguement sexualisées. Ce n’est pas simplement un personnage jeté dans un environnement qu’il ne connait pas ; ça peut y ressembler, mais c’est beaucoup plus que ça. Les larmes me montent aux yeux alors que je lui dis probablement mes derniers mots.

- Je l’aime cette série. Avec American Horror Story, c’est la seule cette saison qui…
- Qui a été attachante. Je sais. C’est la seule qui ait de la personnalité. Je sais de quoi je parle, j’en ai trois.

Il essuie ma joue, le latex de son costume est froid. Il m’attire à lui et je me serre contre son torse. Une pression contre ma tempe, une détonation étouffée et c’est fini.

J’aurais aimé voir la fin de la meilleure sitcom de cette rentrée.

- Au moins, tu auras lu mes comics.

Le sol. La fin


Attention, Homeland... Attention !
Les séries gâchées par des rebondissements débiles

N°3 : The Killing
N°2 : 24

Pas le coeur à rire !
Jéjé ronchonne... Comme d’hab’

Cette semaine, Sons of Anarchy et Homeland m’ont brisé le coeur.
Elles ont gâché le potentiel de leur saison par des choix scénaristiques bancals et bizarrement opposés : la première a décidé de ne pas aller au bout des intrigues lancées pour conserver de façon artificielle ses personnages emblématiques dans les parages alors que la seconde a sacrifié le développement réussi de ses personnages sur l’autel du toujours plus de rebondissements incroyables.
Trahis par les deux dramas qui me semblaient les plus solides de la rentrée (avec The Good Wife) et, tandis que Justified et Mad Men continuent de se faire attendre, je n’avais d’autre choix que de me replier vers les comédies des networks, attendu qu’il a été annoncé partout qu’elles étaient enfin de retour.

Jusqu’ici, je ne m’en étais pas vraiment rendu compte.

D’autant que Parks & Recreation, le fer de lance du genre, est en train de rater sa saison 4 dans les grandes largeurs. Je n’arrive plus à comprendre comment Rob Lowe et Adam Scott ont pu faire partie de la saison 3 sans la plomber comme le font leurs personnages cette année. Lowe ne fait qu’asséner les mêmes catchphrases à la manière d’un présentateur de réal-tv tandis que Scott incarne comme il peut le "love interest" qui n’a plus lieu d’être. Les autres personnages quand à eux ronronnent dans leurs gimmicks et leurs excentricités dans des intrigues personnelles trop éloignées les unes des autres…

Le salut viendrait-il des nouveautés ?

Je n’avais pas eu le courage de regarder plus d’un épisode de 2 Broke Girls et de New Girl en septembre et n’avais tenu devant Whitney que quelques minutes. Adepte du courant de pensée tigrien et de sa doctrine du "Nul ou Génial", j’ai cependant repensé aux sages paroles de Drum qui a souvent expliqué qu’il est habituel que les comédies prennent du temps pour trouver leur rythme, cadrer leurs personnages et leur dynamique. Je me suis souvenu des débuts ratés de Parks & Recreation (on y revient) et de la Vieille Christine. Je pourrais également citer la première saison de Frasier mais j’ai peur de la réaction d’un certain membre de la rédaction.

J’ai commencé par 2 Broke Girls. C’est encore pire que dans mon souvenir.
Tout ce qui se passe dans le diner ne repose que sur le principe révolutionnaire et très progressiste que les gens qui parlent avec des accents, c’est… drôle ! Apparemment, d’après ce que j’ai lu, il faut faire abstraction de toutes ces scènes pour se concentrer sur la dynamique entre les deux filles… Quand Kat Jennings se contente d’attendre que la blonde ait fini de parler pour rouler des yeux, prendre un air blasé et d’une voix monocorde asséner une réplique condescendante ou faire une gentille blague vaguement sexuelle… Les blagues de cul, c’est drôle quand c’est bien trash ou un peu subtil, mais les trois des dix minutes que j’ai vues sont toutes tombées à plat. ("Beware of cavity search" - "It’s been a long time thaï my cavities haven’t been search !" Vraiment ?!)
Quand je pense que Rules of Engagement ou (plus mauvaise) Two and A Half Men se font taper dessus pour leur facilité et leur vulgarité, je suis (à ce moment de ma redécouverte des comédies de la rentrée) stupéfait de voir à quel point les avis sont bienveillants avec cette nullité !

J’aurais voulu dire quelque chose sur Whitney2 Broke Girls m’a donné envie de dire du mal, par exemple, mais au bout de deux minutes assez inoffensives, cette sitcom a provoqué en moi l’envie d’éteindre au plus vite la télévision sans que je ne sache pourquoi.
A ce moment-là, la perspective de voir Zoey Deschanels minauder était trop dure. Je n’aime pas même pas tenté le début d’un nouvel épisode de New Girl.

Je sens bien que je suis sur une lancée négative.
C’est le moment pour confesser que je ne partage pas l’enthousiasme général sur Happy Endings. Je me suis rendu compte que Kim était mon personnage préféré, essentiellement parce qu’elle n’en faisait pas des tonnes et que son débit de parole n’est pas celui d’un bègue sous crack ! Ils m’énervent tous à parler aussi vite ! Ca donne l’impression qu’ils n’ont pas confiance dans leurs répliques et qu’ils seront plus drôles s’ils imitent Tic et Tac !
Malgré tout, Happy Endings parvient à être assez divertissant.

Il n’y a vraiment que The Middle qui ne me donne aucune occasion de me plaindre.

Les Heck devant la saison 4 de Parks & Rec

Chaque semaine, je suis impressionné par l’habilité avec laquelle les scénaristes gèrent le temps de présence des personnages principaux à l’écran et des quelques personnages secondaires.
Chacune de leurs apparitions semble toujours nécessaire à l’intrigue de la saison et aux rires, leurs absences apparaissent naturelles, ce qui fait que depuis deux ans et demi je ne me suis toujours pas lassé d’aucun des cinq membres de la famille Heck. D’autant que les trois adolescents maîtrisent de mieux en mieux leurs personnages et possèdent un sens du comique aussi développé que leurs deux parents à l’écran.
Et ça fait du bien de voir une comédie dont le principe ne repose pas uniquement sur la confrontation de personnages qui n’ont rien à voir les uns avec les autres ou à un environnement qui ne leur est pas habituel (Zoey découvre la vie en colocation avec trois hommes, la blonde désargentée de 2 Broke Girls découvre la vie des pauvres, l’ado rousse de Surbugatory découvre les banlieues chics…)

Oui, je crois que bien que The Middle est ma comédie préférée… Et peut-être avec The Good Wife et Bored to Death l’une de mes séries favorites !

Pourvu que Sue ne révèle pas en saison 4 être un cylon endormi !


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