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Chronique N°44

Tous égaux devant les séries ?

vendredi 19 septembre 2014, par Conundrum

Cette semaine, deux séries très emblématiques du problème que j’aimerais vous soumettre sont revenues à l’antenne. New Girl, la comédie qui a séduit tout pErDUSA sauf moi, et The Mindy Project qui ne vise que les membres de la rédaction qui savent conjuguer bon goût avec ouverture d’esprit.

Malgré mon affection pour cette dernière, je ne peux pas juger mes collègues qui n’apprécient pas les mésaventures de Dr Kelly Kelleyrisation à New York parce que je suis totalement insensible au charme du léger retard mental de New Girl.

J’ai suivi avec de moins en moins de plaisir la série de Zooey Deschanel jusqu’à "Menzies", l’horrible épisode de la seconde saison où Winston a ses règles. C’était la goutte de vase qui a fait déborder le torrent de boue, le point de non-retour qui m’a fait abandonner la série sans regrets.
J’ai vu l’enthousiasme autour de la série grandir autour de moi, sans trop comprendre ce qui se déroulait. Ce déphasage a été accentué par mon affection grandissante pour The Mindy Project, comédie qui semble provoquer des réactions allergiques dans mon entourage. Je ne comprenais absolument pas pourquoi Mindy Kalling agaçait autant que Zooey Deschannel aurait dû le faire sur quelqu’un de normalement constitué.

Et c’est là où j’ai réalisé que nous ne sommes pas tous égaux devant les séries.
Il y a des séries que l’on va aimer dès le début malgré ses défauts évidents. Les laborieux premiers épisodes de 30 Rock en sont un excellent exemple. Certains étaient très douloureux, mais à l’époque, bien que je voyais les faiblesse de la sitcom de Tina Fey, rien ne pouvait aller contre mon enthousiasme envers la série. C’est la force du capital sympathie.

Avec Saturday Night Live et Mean Girls, le projet de série de Tina Fey m’avait rendu très enthousiaste, à l’époque. Lorsque le premier épisode a été diffusé, c’est bien évidemment mes souvenirs de SNL et de son film qui m’ont rendu clément. Ce n’est pas le produit fini qui me plaisait, mais son potentiel, né de l’univers de la série et de la qualité des travaux précédents de l’humoriste. J’ai aimé ce pilote plutôt faible parce que le capital sympathie altère sensiblement le sens critique : on peut voir les défauts de la série sans qu’ils nous dérangent plus que cela. De ce fait, je peux comprendre que quelqu’un qui n’a pas vu ou aimé autant que moi son travail peut ne pas aimer le pilote de 30 Rock au point de plus donner de chance à la comédie.

Mais un capital sympathie solide ne fait pas de miracles non plus. Le syndrome de la saison 2, plus connu chez pErDUSA sous le bel adage « descendre ce que l’on a encensé », peut rapidement pointer le bout de son nez. Quelques fois avant même sa seconde saison.
En effet, s’il n’est pas renouvelé par des qualités apparentes, ce capital sympathie de départ s’amenuise d’épisode en épisode. Si la qualité de la série ne s’améliore pas, notre sens critique nous mettra devant les faits, et force sera de constater qu’on s’est fait avoir en beauté. Ainsi, on peut voir les défauts d’Under The Dome et donner une critique clémente du pilote, mais si l’espoir d’une bonne série par Brian K. Vaughan ne se matérialise pas, on se mettra rapidement à détester la série. Et ce, même si on a vraiment aimé Runaways et Y, The Last Man.

Et du coup, j’en viens au but de ce billet. Nous ne sommes pas égaux devant une série. Le capital sympathie n’est pas le même pour tout le monde devant la même série. Notre enthousiasme ne sera pas le même. Twitter et la rentrée et sa vague de nouvelles séries engrangent des affirmations rapides (que l’on risque de regretter dès le troisième épisode) où l’enthousiasme prend la place de l’argumentation.
Du coup, si on pouvait juste éviter clamer haut et fort « vous devez regarder [INSÉRER SÉRIE DU MOMENT ICI] », le Monde n’en sera que meilleur. C’est peut être mon mauvais côté perdusien, mais un « Tu dois regarder… » a toujours eu l’effet contraire s’il n’était pas argumenté. Pire encore, ceux qui lancent ces fameux « Vous devez regardez… » n’acceptent que trop rarement le rejet que leur intégrisme sériel. A la simple critique ou un « J’ai vu, j’ai pas accroché », on se voit rétorquer « Nan, mais t’as rien compris, toi ».

A l’inverse, on peut essayer de créer un capital sympathie chez quelqu’un avec des arguments posés et pertinemment choisi. Je n’avais aucune intention de regarder Last Week Tonight de John Oliver, mais Ju, par un moment du mois, et Iris, par son feed Twitter, m’ont convaincu de me lancer. Et si après deux ou trois numéros, je décide de ne pas renouveler l’expérience, je suis sûr qu’ils respecteront ma décision.

Parce que moi, je ne juge absolument tous ces racistes misogynes qui n’aiment pas The Mindy Project.

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