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The Walking Dead
1.02 - Guts
Mad Men avec des zombies... ou le True Blood d’AMC ?
samedi 13 novembre 2010, par
Et pourtant, après avoir vu le premier tiers de la saison, alors que la série a explosé des records d’audience, qu’elle a été renouvelée et qu’elle fait déjà la couverture des magazines en France, me voilà pris d’un horrible doute…
Est-ce que The Walking Dead ne serait pas le True Blood d’AMC ?
Ou, pour poser la question plus clairement : The Walking Dead ne serait-elle qu’une série pop corn à gros budget, dont le casting séduisant et la real léchées seraient plombées par des personnages écrits à la truelle et des intrigues brouillonnes et mal maitrisées ?
Dans ce deuxième épisode, au demeurant pas déplaisant du tout à regarder, je me suis posé plusieurs fois la question !

Déjà, l’épisode s’ouvre sur une scène très conne. Tellement conne qu’on aurait pu la croire auto parodique, si elle était arrivée dans la saison 7 ou 8 de la série. Comme elle arrive en ouverture du second épisode, elle m’a juste fait très peur pour la suite.
Pour résumer : dans un monde infesté de zombies anthropophages, LaFemmeDuHéros part se balader seule (quelle conne) dans la foret (quelle GROSSE conne). Evidemment, elle entend des bruits inquiétants. Pour être sure que leur(s) émetteur(s) pourront facilement la repérer, elle décide de hurler : “Qui est là ?” (Seriously ?)
Heureusement pour elle, il ne s’agissait que du MeilleurAmiDeSonMari qui voulait lui faire une blague (Pardon ?) en lui faisant peur. Dans un monde infesté de zombies anthropophages, je le rappelle.
Mise hors d’elle – et on la comprend – par cette plaisanterie aussi douteuse que dangereuse, LaFemmeDuHéros a une réaction bien légitime et décide… de se mettre à rire bêtement avant d’enlever ses vêtements pour coucher LeMeilleurAmiDeSonMari dans feuilles mortes. Au milieu d’une forêt probablement infestée de zombies anthropophages, je le rappelle.
Je ne ferai aucune autre référence au comic book dans cette review, mais pour ceux qui auraient un doute, je voudrais quand même préciser ceci : si l’intrigue « MaFemme et MonMeilleurAmi » était présente dans la BD, son coté ridicule et soapesque est propre à la série. Le comic book avait choisi assez intelligemment de nous raconter cette histoire presque uniquement à travers le regard de Rick, et ça fonctionnait beaucoup mieux comme ça. Les scénaristes n’ont donc aucune excuse pour nous pondre ce genre de scène indigne d’une série de la CW.

Au delà de son coté ridicule, cette scène me semble représentative du défaut majeur de l’épisode : du début à la fin, on sent que les personnages s’adaptent au besoin des scénaristes, et on a l’impression qu’ils n’ont pas d’existence propre.
Je m’explique. Assez clairement, dans cet épisode, les scénaristes avaient besoin
de faire émerger Rick (leur héros) comme le leader du groupe.
Seul problème : il sort à peine d’un coma d’une durée indéterminée, n’a aucune expérience avec les zombies, et s’est conduit comme un demeuré dans l’épisode précédent… On pourrait donc raisonnablement s’attendre à ce que les autres personnages, qui ont survécu aux morts-vivants ces précédentes semaines, éprouvent quelques réticences à mettre leur vie entre les mains d’un boulet qu’ils connaissent depuis à peine 3 minutes.
Heureusement, le script est écrit sur mesure pour servir Rick.
A peine a-t-il débarqué dans le groupe de survivant qu’un méchant nazi explose sans raison particulière et se met à tabasser un des Gentils. La scène est consternante tant la tension semble sortir de nulle part pour servir la suite du scénario.
Pour bien enfoncer le clou, les Gentils se retrouvent paralysés par la peur face à cette situation, et décident que s’éloigner en hurlant « stop it, guys ! » est décidément la solution idéale pour régler le conflit. Notre Rick peut donc intervenir en héros et s’imposer légitimement comme un leader. Tant pis si tous les autres personnages pâtissent de ce gros coup de pouce des scénaristes.

Autre exemple un peu plus tard dans l’épisode : les scénaristes essayent de nous faire gober qu’Andrea (Laurie Holden) n’a pas pensé, avant d’entrer dans une ville pleine de zombie, à apprendre comment fonctionnait son flingue.
Heureusement, Rick est là pour lui montrer, et s’attire ainsi son allégeance éternelle. Là encore, difficile de ne pas penser que la psychologie d’un personnage secondaire est sacrifiée aux besoins du scénarios.

Et je ne parle même pas de la pire scène de l’épisode, celle de la perte de la clef. On peut sans difficulté imaginer la conversation des scénaristes au moment où ils ont écrit cette scène, tant son déroulement semble forcé et improbable.
Scénariste 1 : Bon, il faut que le redneck nazi soit abandonné menotté sur le toit a la fin de l’épisode.
Scénariste 2 : Oui ! Mais il faut aussi qu’il puisse se libérer dans le prochain épisode pour revenir s’attaquer aux gentils.
Scénariste 3 : Bien vu ! Mais il ne faut pas pour autant qu’un des gentils l’aide à se libérer. Sinon, il aura moins de raison de vouloir s’attaquer aux gentils, et on ne sera pas crédible !
Scénariste 1 : C’est un nazi quand même !
Scénariste 2 : Mais nazi ou pas… Est-ce que les gentils restent gentils s’ils l’abandonnent de leur plein gré ? C’est plutôt un truc de méchant ça non ?
Scénariste 3 : C’est vrai. Donc il faut qu’ils essayent de le libérer, mais qu’ils n’y arrivent pas !
Scénariste 2 : Donc résumons : il faut que les gentils essayent d’aider le redneck nazi à se libérer, mais n’y arrivent pas, mais qu’il ait quand même la possibilité de se libérer dans le prochain épisode, mais pas grâce aux gentils.
Tim Kring / Ryan Murphy / Ron Moore : Pas de souci ! Un gentil va essayer de le libérer avec la clef des menottes, mais va trébucher sur une caisse à outil, ce qui répandra des scies à métaux et des pinces bien en évidence à coté du nazi, tout en faisant voltiger la clef qui tombera dans une bouche d’aération de 5 cm de diamètre… Ce qui obligera le gentil à abandonner le méchant nazi contre son gré.
Je n’exagère rien ! Même la réalisation a été sacrifiée pour servir de l’intrigue dans cette scène, puisque le réalisateur est obligé de recourir à un ralenti immonde pour faire passer toutes les infos à l’écran.
Résultat : Alors que l’intrigue du nazi menotté, à défaut d’être originale, aurait pu donner lieu à une fin intéressante (au choix : le gentil abandonne sciemment le méchant nazi, le gentil abat le méchant nazi, le gentil libère le méchant nazi mais les zombies envahissent le super marché pendant ce temps et ils se font tous les deux bouffer), elle m’a semblé forcée et agaçante. Dommage.

Enfin, après avoir vu cet épisode, ma dernière grosse réserve concerne les zombies eux-mêmes.
Déjà, à un tiers de la saison, ils n’ont toujours fait aucune victime (non, le cheval ne compte pas !), ce qui est absolument inacceptable. Mais bon, j’imagine que quand ils finiront (si ils finissent ?) par tuer quelqu’un, la scène en sera d’autant plus choquante, donc passons…
Non, ce qui m’inquiète, là encore, c’est que les zombies semblent eux aussi être un peu trop au service du scénario : on est seulement dans le deuxième épisode et, déjà, leurs agilité et leur vitesse semblent être à géométrie variable selon les besoins de l’intrigue.
Dans le premier épisode, ils étaient lents et relativement inoffensifs tous seuls. Dans celui-ci, on découvre qu’ils peuvent piquer des sprints, utiliser des outils pour défoncer des vitres blindées, grimper aux échelles et même escalader des barrières de deux mètres.
Alors, certes, ils sont vraiment flippants comme ça… Mais, comme Rorschach sur le forum, je trouve ça un peu facile de faire varier les pouvoirs des zombies en fonction des besoins du scénario.
L’un des plaisir des films de zombies - ou du comic The Walking Dead - ce n’est pas de découvrir régulièrement de nouveaux pouvoirs aux morts-vivants, mais justement de bien connaître leurs capacités et leurs limites, pour pouvoir s’identifier aux personnages et adhérer (ou non) aux stratégies qu’ils mettent en place pour survivre aux zombies.
Donc si les zombies peuvent courir et faire de l’escalade, très bien… Mais qu’on n’essaye pas de me faire gober qu’ils marchent lentement et ne peuvent grimper un escaler le jour où un héros boiteux les aura à ses trousses.

Bon, maintenant, passons rapidement sur les bons points : la réalisation est toujours très chouette (sauf quand elle doit se plier aux contraintes du scénario) la série fait toujours peur et, malgré des défauts franchement inquiétants pour la suite, j’ai passé un très bon moment devant cet épisode…
Mais soyons honnêtes : j’en attends beaucoup plus de la part de The Walking Dead et d’AMC.
Voir en ligne : The Walking Dead | Saison 1 | Épisode 2 | Guts | pErDUSA
Vivement que quelqu’un se fasse bouffer !