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The Wire
5.06 - The Dickensian Aspect
Un petit sourire pour la photo
jeudi 21 février 2008, par
Eliminer Prop Joe. Prendre les rênes de l’approvisionnement de la drogue. S’assurer d’une bonne protection judiciaire. Fermer la co-op. Devenir le maître de Baltimore. Facile. Marlo avait même prévu de se débarrasser une fois pour toute d’Omar. Il avait sûrement oublié qu’il s’attaquait au personnage le plus romanesque de la série et que s’il n’y en n’avait qu’un qui pouvait survivre à un vol plané du sixième étage d’un immeuble, c’était bien lui. L’espace d’un instant, j’ai été déçu de revoir Omar dans l’épisode. Je trouvais qu’une évaporation après sa chute était une belle conclusion pour son personnage. Son mythe se serait installé dans les rues de Baltimore pour toujours (enfin pour les quatre épisodes qu’il nous reste). Mais j’adhère aussi beaucoup à un Omar diminué, claudiquant, obligé de se terrer. Même affaibli, il reste le plus grand danger de Marlo.
Inventer une conversation téléphonique avec un serial killer. Devenir le journaliste en vue du Baltimore Sun. Acquérir une dimension nationale. Ecrire un papier légitime sur le destin d’un engagé en Irak devenu sans abri. Se faire engager par le Washington Post. Facile. Alma ne peut pas faire grand chose pour empêcher l’ascension de son collègue, elle ne peut que regretter (pour l’instant) d’avoir partager l’histoire de McNulty avec lui. En revanche, la méticulosité de Gus risque de faire des dégâts. Il est bien obligé de reconnaître la qualité du papier de Scott sur l’ex-marine, mais les doutes qu’il a pu avoir sur la véracité des éléments rapportés dans d’autres de ses articles sont toujours là. Lui tend-il un piège lorsqu’il lui demande de faire le suivi sur l’une des premières histoires qu’il a rapportée dans la série ou bien était-ce une mission comme une autre ? On le saura, j’image, assez rapidement. Dans tous les cas, ce serait assez drôle de voir Scott tomber pour un tout petit mensonge pour une simple vérification qu’il ne s’est pas donné la peine d’effectuer.
Ne pas suivre McNulty. Rester propre. Reprendre les dossiers à zéro. Vérifier chaque nom mentionné. La stratégie de Bunk est sûrement celle qui apportera le moins de surprise. Puisque dès le départ, il sait que rien ne va fonctionner. Qu’il va trébucher sur des millions de petites choses. S’il n’a pas la moitié des rapports d’analyse de la police scientifique dans l’affaire des cadavres des squats, ce n’est pas seulement à cause de la diminution du budget effectuée par la Mairie. C’est aussi parce que sur place les échantillons ont été mal étiquetés. Et un nouveau grain de sable liée à l’erreur humaine. Interroger enfin Randy sur cette affaire pouvait permettre d’avancer. Mais après les gros gros cailloux (j’arrête bientôt avec mes analogies géologiques) qui ont jalonné l’existence du collégien, on ne pouvait aboutir qu’à une impasse.
Faire de l’histoire du serial killer une sensation médiatique. Obtenir des moyens humains et techniques pour résoudre l’affaire. Les allouer à la surveillance de Marlo. Prouver sa culpabilité dans l’affaire des cadavres des squats. Facile. Servie par le mensonge de Scott, la stratégie de McNulty a enfin pris la dimension qu’il escomptait. A une conférence de presse bondée, le maire et les responsables de la Police annoncent le déblocage de moyens pour s’occuper de ce qui est devenu la première des priorités. Victoire. Sauf que McNulty vérifie encore une fois qu’il n’est pas le seul à mentir dans cette histoire. La machine cale encore. Alors même que Lester se rend compte qu’il a besoin d’un matériel beaucoup plus sophistiqué pour intercepter les photos que s’échangent Marlo et ses sbires sur les téléphones pour communiquer. Il faudrait pouvoir « tuer » à nouveau mais l’attention des médias et de la police est trop forte pour accéder à des cadavres de sans abri. Alors McNulty s’adapte. Quand il rencontre un sans abri visiblement schizophrène, il le fait « disparaître » en le faisant sortir de l’Etat et en le déposant – sans ses médicaments – dans un foyer spécialisé loin de Baltimore. Il a préalablement pris de lui une photo qu’il va envoyer sous couvert de son serial killer au Sun. Un plan virtuose mais qui se heurte à un imprévu. La culpabilité. McNulty, pour la première fois, cette saison n’est plus tout à fait droit dans ses bottes sans que ce ne soit lié à l’alcool.
Réaménager le port de Baltimore. Donner son nom à un bâtiment. Relancer l’économie de la ville. Faire oublier l’augmentation du crime. Devenir gouverneur. Depuis son accession au pouvoir, rien n’est jamais facile pour Carcetti. Il en fait encore l’expérience lors de l’inauguration des travaux de rénovation qu’il a lancés devant un parterre très clairsemé de journalistes. Les médias n’ont d’yeux que pour le serial killer. Mais dans cet épisode, il est le personnage qui réalise le plus bel ajustement. Lors de la seule conférence de presse vraiment attendue de la journée , il réussit à donner un discours vibrant sur le sort des sans abri et la façon dont une société civilisée se doit se traiter les plus affaiblis de ses membres, discours reçu très positivement dans les médias. La belle rhétorique improvisée devient le point de départ d’une nouvelle stratégie pour se sortir des problèmes budgétaires qui bloquent son accès au siège de gouverneur. Ses conseillers remarquent, presque avec jubilation, que son adversaire potentiel a réduit les subventions pour les moins fortunés. Si le crime augmente à Baltimore, si les serials killers peuvent s’en prendre aux plus faibles, c’est parce que le gouverneur est responsable de l’augmentation des sans abri. Un peu cynique, un peu vrai, mais des séquences très savoureuses.
Même l’affaire Davis prend l’eau. Rhonda s’aperçoit qu’il y a une taupe au tribunal.
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