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Ugly Betty

2.04 - Grin And Bear It

Une société de 14 ans et de bistouri

lundi 5 novembre 2007, par Lyssa

On va parler sexe, genre et sexualité, les enfants ! Entre Justin et Alex(is), Ugly Betty s’y est donné (encore plus que d’habitude) à cœur joie cette semaine !
Première phrase racoleuse : check. Ne reste plus qu’à vous attirer avec l’invité de la semaine : Victor Garber.

Oh, Victor Garber ! Oh, il joue un prof aussi détestable que dans Legally Blonde ! (Je vous en prie, ne jalousez pas mes références, ce n’est pas grand-chose…) Quel clin d’œil ! (Ni ma pertinence, vraiment, je vous assure…)
Un rôle assez similaire, à ceci près qu’il est ici über cool en professeur d’écriture romanesque ou que sais-je : "If you have nothing to write, try killing yourself. If you fail, you’ll have something to write about. If you succeed, your troubles will be over."

Un peu de brutalité en dehors de Mode, de méchanceté toute crue pour tirer les gens vers le haut peuvent se révéler intéressantes pour Betty. Et pour nous, parce qu’au fond, on a tous un sadique qui sommeille, attisé à l’idée que la gentille Betty se fasse dévorer par le méchant professeur.

« TAC TAC, T’AS VU » (DRUM LE FAIT MIEUX, MAIS IL EST ARABE.)

Justin a donc décidé, envers et contre tout, surtout mon avis, de devenir un petit blouson noir, qu’il a de trop grand d’ailleurs.
F en maths, F en gym, F en tout et n’importe quoi, doux Bouddah, il file un mauvais coton !

Alors que Betty et Ignacio sont alarmés, Hilda se… Oh, attendez, je… Oui, c’est ça, je m’ennuie moi-même en racontant cette histoire. Je vous laisse imaginer à quel point elle est donc tout sauf attachante. Par "tout", j’entends "mauvaise".
C’est, à mes yeux, le premier raté d’Ugly Betty. Non seulement Mark Indelicato n’est pas crédible une seule seconde dans le ridicule de ce retournement (et être ridicule dans le ridicule, faut le faire), mais en plus ce traitement est complètement hors de propos. Justin a une place extrêmement importante dans la série, une place qui va intrinsèquement bien au-delà du besoin de reconnaissance parentale. Justin, c’est le pied de nez des scénaristes aux homophobes, puisqu’ils reprennent l’argument principal utilisé contre environ tous les droits auxquels aspirent les homosexuels : « Vous avez pensé aux enfants ? ». Les enfants, toujours responsables indirects des réactionnaires, épaules bien utiles sur lesquelles faire reposer tous les fardeaux de la société. Au premier mariage, à la première adoption, on pousse le gamin sur le devant de la scène en hurlant « Et lui, vous avez pensé à lui ? »
Ugly Betty a parfaitement compris cela et a donc pris cet argument à la racine en intégrant à la série un gamin de treize ans homosexuel, qui le sait, et qui l’assume plutôt bien. Un gamin homosexuel, né de parents hétérosexuels. De tout cela, en plus, découle l’apparition à la télévision d’un enfant sexué.
Le plus beau, dans tout ça, c’est que ça ne choque absolument personne, si ce n’est son père, pour des raisons purement masculines et hétérosexuelles. La normalisation de l’homosexualité a rarement été aussi réussie.

Du coup, voir Justin, incarnation de l’homosexualité assumée, autonome voire indépendante, se préoccuper de ce qu’il veut ressembler au maximum à son père n’a pas grande portée puisque ce n’est pas le rôle de son personnage. L’étoffer de cette manière était bien trop abrupte, et l’on a fait plus subtil.
L’avantage de cette série, c’est que ce genre de storylines a une durée de vie d’environ deux à trois épisodes. On en sera bientôt débarrassés et Justin recommencera à chanter des comédies musicales. Qui sait, peut-être chantera-t-il du Wicked pour se faire pardonner.

"THIS WOMAN THING IS HARD"

Alex(is) redescend vite de son petit nuage lorsqu’elle doit reprendre le travail. A commencer par sa présentation. Elle ne gère pas tout à fait les talons et se ramasse donc à peu près une fois toutes les dix minutes, s’est maquillée à la truelle et surtout, ce qui m’a semblé très bien trouvé, a succombé à ce que je suppose être un fantasme masculin en ne portant pas de soutien-gorge. Les années 70 sont de retour ! Alexis s’émancipe !
Heureusement qu’Amanda lui tombe dessus et l’embarque rapidement aux toilettes pour arranger le désastre.

Autant Justin a énormément de mal à essayer de devenir un vrai mec, le genre qui boit du lait à la bouteille et se gratte l’entrejambe devant Plus Belle la Vie, autant Alex se démène à maîtriser maquillage, talons, lingerie féminine et fer à friser.
Alexis est clairement la plus grande figure féministe de la série, sinon de ce qui m’a été donné de voir à la télévision américaine. Soit, CJ a un grand poste dans une administration démocrate. Buffy sauve le monde en mini-jupe à coup de complexes personnels et de métaphores. Carrie a une sexualité des plus libérées et une culpabilité quant à cela qui frôle le zéro.
Aucune d’entre elles n’a décidé de devenir une femme un jour, elles sont toutes nées avec ce sexe, elles ont acquis ce genre, appris cette sexualité hétérosexuelle pour la plupart, et se débrouillent tant bien que mal avec.

Alexis, elle, a fait fi de ces notions pour se construire comme une grande en tant que femme hétérosexuelle. Ce personnage ne sauve pas le monde en dirigeant Mode, mais il le change définitivement en y inscrivant ses choix et en démontrant que non, non, non, ce n’est pas dramatique, regardez, je le vis même plutôt bien. J’ai même eu une sexualité, tout comme vous !
Les scénaristes inventent ce personnage assez inédit, donc change le monde par cette nouveauté. Les prochaines nouvelles femmes (Alexis n’est certainement pas transexuelle : elle est désormais une femme, assumée, pour de bon. Mettons à part quelques petits chromosomes bizarres çà et là qui, au pire, lui feront préférer la Guinness à la Leffe, elle n’a plus rien d’un homme.), les prochaines nouvelles femmes, donc, mises en scène à la télévision n’inventeront plus grand-chose. Et c’est tant mieux.

A part ça, Betty triche à son cours, à des remords à base d’ours en peluche qui l’attaque, James Van Der Beek a une scène avec Eric Mabius qui a fait remonter tous mes fantasmes homosexuels, Wilhemihnah donne un coup de pouce à Amanda pour retrouver son père et, en parallèle, décide de faire couler Mode pour mieux monter son nouveau magazine, Slater.


Le conseil de la semaine : ne détestez pas Jéjé, Drum, Blackie et Tigrou pour leurs voyages à New York. Détestez-moi. Payez-m’en un.

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