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Vegas

1.08 - Exposure

The Good Sheriff

vendredi 7 décembre 2012, par Jéjé

Après huit épisodes, soit un bon tiers de la saison, mon avis sur Vegas est désormais très clair : il s’agit de la meilleure nouveauté lancée lors de cette dernière rentrée.

Et ça n’a rien d’un choix pas défaut, où Vegas, au milieu de la médiocrité du moment, s’en sortirait un tout petit peu mieux que les autres. Non, on est avec Vegas, dans le domaine du "très bon", du vraiment enthousiasmant, du "vivement le prochain épisode, c’est passé trop vite".

Alors, c’est vrai, le pilote ne m’avait pas franchement convaincu.

Avec sa narration complètement déséquilibrée, ce pilote rate à la fois la présentation de ses personnages et des enjeux de son univers.

Le deuxième épisode fait heureusement vite oublier les défauts mentionnés ci-dessus.
L’enquête du pilote s’y poursuit tout en mettant en lumière Savino (joué par Michael Chikilis), qui acquiert (enfin) son statut de personnage principal.

Je sais bien que ce n’est plus la mode d’avoir des pilotes d’une durée plus longue qu’un épisode normal (à part sur USA), mais dans ce cas-là, il aurait été vraiment justifié que CBS diffuse d’un seul tenant ces deux-là pour présenter la série correctement.
D’autant qu’il ne s’agit pas d’un problème de rythme ou de montage. Contrairement à ce que le pilote "tronqué" avait pu me faire penser, les scénaristes de Vegas ont une idée très sûre de leur univers, des histoires qu’ils veulent raconter et de la façon dont ils veulent le faire, et donc de la vitesse de leur narration.
Qui n’a rien à voir avec le tempo plus à la mode de Homeland ou de Vampire Diaries, celui qui consiste à aligner un maximum de rebondissements et de révélations en un temps minimum.
Ce qui se passe dans ces deux épisodes de Vegas n’aurait pas pu être compressé en 45 minutes.

Je ne dis pas que la série se complait dans une lenteur contemplative de film d’auteur iranien, loin de là.
Simplement, elle fonctionne par accumulation progressive de petites touches, dès ses débuts et comme par la suite.
La première participation véritablement commune des deux personnages principaux à la même intrigue n’a lieu que dans le septième épisode. Ce qui peut paraître tard, mais cette "rencontre", de fait savoureuse, ne l’est pas par sa seule rareté mais parce qu’elle est l’aboutissement d’une trajectoire construite minutieusement depuis plusieurs épisodes.
Le tempérament taciturne de Lamb, irritant dans les premiers temps parce qu’il peut apparaître comme un stéréotype facile du héros solitaire, ne commence à avoir un début d’explication que dans le cinquième épisode, et pas parce qu’il est temps que le personnage se justifie, mais parce que l’intrigue de la semaine l’atteint plus que d’habitude et le force à se dévoiler un peu.

Et l’on en vient alors à la grande réussite de la série, sa capacité à intégrer dans une histoire générale les "affaires" de la semaine.

En octobre, je regrettais que l’intrigue policière du pilote ne soit pas à la hauteur des déclarations du héros sur son nouveau métier.

Il a beau expliquer qu’enquêter c’est écouter ce qui se dit et surtout ce qui ne dit pas (là encore, c’est excitant, c’est un peu une façon d’annoncer que les enquêtes policières seront axées autour de personnages et de situations tragiques plutôt que de machinations alambiquées à détricoter) la série ne lui offre rien à entendre, rien à ressentir.

Et bien ma déception n’a été que de courte durée.
Les affaires n’ont rien de bien complexe, l’identité du coupable n’est jamais vraiment surprenante, mais elles donnent une grande importance à des personnages poignants, souvent coincés dans des situations tragiques. Les scénaristes parviennent à ancrer ces histoires dans l’air des années soixante (la ségrégation est abordée très tôt, la menace nucléaire dans l’épisode 8…), ce qui aide énormément à rendre crédible la reconstitution à l’image, et souvent les font raisonner avec certaines préoccupations des personnages principaux [1].
Même si elles ne sont que ponctuellement directement reliées aux casinos et à Savino, elles participent à la cohésion générale de la série et donnent une place dans l’histoire principale (qui suit la montée d’un fonctionnement mafieux dans la ville) à la morale, dans son sens noble (on est loin des sermons dans Vegas). Je trouve très agréable d’avoir dans une série de gangsters des représentants de la loi qui tiennent un peu route du point de vue des valeurs.
Je le dis d’autant plus facilement que le shérif Lamb n’a rien du justicier infaillible sûr de son bon droit. Il doute, il s’inquiète de devoir vivre au contact direct de la noirceur du monde, d’être changé et surtout, il redoute d’avoir entraîné son fils dans cet univers et qu’il n’en soit affecté encore plus profondément.

Le seul petit bémol que je peux encore émettre concerne Carrie-Anne Moss, dont le personnage n’a pas encore trouvé sa place et reste pour l’instant insignifiant, alors même que la série s’enrichit progressivement en personnages féminins.

Ce sont, de toute façon, des débuts très prometteurs.


Voir en ligne : “Vegas”, la meilleure série de la rentrée 2012


Comme quoi, c’est important, un bon show-runner... N’est-ce pas, Nashville ?

[1Avec plus de subtilité, je vous rassure, que les cas médicaux des premières saisons de Grey’s Anatomy

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