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VITE VU ...en octobre

Episode 3.02

mardi 11 novembre 2008, par Sullivan Le Postec

On a vu. On a aimé. Ou pas. On vous dit tout. En bref !
Sont abordés ce mois-ci : « Nicolas Le Floch », « Disparitions » et « Merlin ».

Les mots pour le dire

Un nouvel enquêteur arrive sur France 2, mais « Nicolas Le Floch » se distingue facilement des autres : il officie en 1761, dans la Cour de Louis XV. Hugues Pagan signe pour France 2 les adaptations des romans de Jean-François Parot ; Edwin Baily réalise.

D’abord un étonnement qu’on se sent obligé de vous faire partager. D’après ce qu’on a pu lire ici ou là à l’arrivée de « Nicolas Le Floch », on a pu avoir l’impression que la France croulait sous la fiction en costume. En pratique, même en additionnant la collection d’adaptation de classiques en 8 épisodes par an, les « Petits meurtres en séries » et ce « Nicolas Le Floch », on est encore loin de l’overdose – ni même de l’établissement d’une véritable tradition dans le genre à la manière de la BBC. La remarque est d’autant plus stupide que, les américains ayant quasi-totalement déserté ce terrain, les fictions concurrentes ont là une piste forte pour proposer une offre alternative. Sans oublier qu’au même titre que la science-fiction, la fiction historique a toujours été une opportunité pour parler, avec subtilité, d’ici et maintenant.

« Nicolas Le Floch », sur la base des deux premiers épisodes proposés – techniquement, il faudrait dire les quatre premiers épisodes, mais il s’agit de manière tellement évidente de téléfilms arbitrairement remontés en 52’... – a d’évident problèmes de rythme. Peut-être la série gagnerait-elle ailleurs à voir ses énigmes traitées par le biais de vrais 52’ plutôt que sur une heure et demie. Mais, par ailleurs, son cadre et ses acteurs sont convaincants. Jérôme Robard, dans un rôle tout de même très différent, se montre aussi bon qu’il peut l’être dans « Reporters ». La réalisation est élégante et réussie, quoi que les filtres bleus soient utilisés de manière un peu appuyée.
Mais le plus frappant dans la série, c’est son parlé. Hugues Pagan nous a habitués à soigner ses dialogues et à y livrer de véritables propositions artistiques. C’est notamment le cas dans « Un Flic » l’autre série qu’il écrit pour France 2. Surtout, au-delà de l’ambition et de la volonté de bien faire, il y a une véritable maîtrise de la langue que les connaisseurs noteront pleinement, tandis que les autres profiteront, peut-être sans le pointer vraiment de ce petit plus de véracité et de personnalité.

Low cost

Coûter moins cher, à la fois pour être plus libre et pour tourner plus d’épisodes – et donc augmenter ses chances de fidéliser le téléspectateur. C’est le défi que tente de relever « Disparitions », la “série longue” que France 3 diffuse en ce moment le samedi soir.

« Disparitions » a un autre intérêt. Comme « Plus belle la vie » (les deux séries ont des auteurs en commun), elle s’emploie à continuer de construire sur les bases préexistantes de la fiction française. La série trouve ainsi ses racines dans la tradition de la saga de l’été, mais aussi dans ce que le soap quotidien de France 3 a apporté. Elle entend y apporter une forte touche d’étrange et d’ésotérisme, allant – et ce fut une erreur – jusqu’à citer « Twin Peaks » parmi ses inspirations. Difficile de tenir la comparaison avec la série mythique de David Lynch, et on constate très vite que « Disparitions » n’en a pas les épaules.

Disparitions

Ce n’est pas pour autant qu’elle n’a pas de qualités. L’intrigue est plutôt intrigante et accrocheuse. Si la première soirée avait la difficulté d’avoir à introduire les fils alors séparés liés aux trois personnages principaux, et manquait donc de cohésion, le problème commence à se résoudre assez vite par la suite. Adaptation libre du roman « L’or des Maures », « Disparitions » se situe par ailleurs dans un Univers proche des romans de Grangé (on pense d’ailleurs plusieurs fois aux « Rivières Pourpres »). Nous sommes donc dans un univers de fiction populaire affirmé et assumé.
Le véritable problème de la série est malheureusement coutumier dans la fiction française depuis un quart de siècle. Celle-ci n’arrive pas à comprendre que le genre fantastique est avant tout un art de la suggestion. Montrer le surnaturel ne doit être qu’un dernier recours, une absolue nécessité. Il faut revenir à « X-Files » et son extrême économie d’effets visibles...
Dans le deuxième épisode de « Disparitions », on cherche à nous faire savoir que le fils de l’héroïne a développé des pouvoirs. Le résultat à l’image le voit repousser les deux ‘‘camarades de classe’’ qui le harcèle d’un regard qui s’illumine soudain d’un éclat qui, en une seconde, fait basculer « Disparitions » du coté du kitsch et du ridicule...

On jugera au terme de la première saison de douze épisodes s’il s’agissait d’un accident de parcours ou d’une tendance lourde.

Trop bon pour le rôle ?

« Merlin » est la dernière série de la BBC dans sa case de programmes familiaux du samedi soir, où elle diffuse par ailleurs « Robin Hood » et « Doctor Who ». Comme son nom l’indique, il y est question du magicien des légendes Arthurienne, mais sous un angle original...

En effet, Merlin est ici un adolescent qui, s’il manifeste un grand talent pour la magie, doit le faire pratiquement à l’insu de tous puisque Uther a totalement banni la magie de son royaume, et condamne à mort tout contrevenant. Celle-ci n’a pourtant pas disparu, et Merlin a bien besoin d’y avoir secrètement recours pour contrer la magie noire et sauver régulièrement le jeune Arthur, dont il est le Serviteur.

Colin Morgan dans le rôle de Merlin

Ce principe fondateur de la série en est d’ailleurs une des limites tant il apparaît comme un procédé artificiel pour maintenir Merlin dans un rôle de second plan au sein de la Cour, et donc proposer une fiction sur un héros qui doit cacher sa véritable identité. « Merlin » se laisse voir avec plaisir, mais sans non plus réussir à marquer durablement la mémoire, en l’absence d’un petit quelque chose, de l’ordre de l’originalité, de l’ambition, du propos ou du style qui l’élèverait au-dessus de série commune qui racole un peu trop sur les terres hybridées de « Harry Potter » et du « Seigneur des anneaux ».
Dans le rôle principal, Colin Morgan, excelle comme déjà dans l’épisode « Midnight » de la dernière saison de « Doctor Who », mais on en vient assez vite à se dire que l’ensemble n’est pas tout à fait à la hauteur de la subtilité de son interprétation et de celle de la distribution globalement très réussie. Reste à voir si la série parviendra à monter en puissance avant d’en arriver à la conclusion des 13 épisodes de sa première saison. (Pour en savoir plus sur la série, lire notre preview publiée en septembre.)

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