... et ce sont les téléspectateurs qui en pâtissent !
Comme quelques rares téléspectateurs, j'ai regardé dans la nuit du dimanche 25/01 au lundi 26/01 la cérémonie des Golden Globes sur Paris Première, en direct du Hilton à Beverly Hills. Les Golden Globe Awards sont les récompenses attribuées par l'Association de la Presse Etrangère d'Hollywood, précurseurs des Oscars deux mois plus tard.
La critique la plus répandue quant aux cérémonies étrangères retransmises en direct à la télévision française est bien évidement le voice over (traduction simultanée) où il est impossible d'entendre un tant soit peu ce que disent les nommés, les personnalités invitées pour remettre les prix voire le maître de cérémonie (fort dommage lorsqu'il s'agit de Whoopi Goldberg, Steve Martin ou Billy Crystal).
Mais que nenni cette fois-ci. Paris Première a décidé de donner le micro à Bertrand Lesguillons et, surtout, à Elisabeth Quin, utilisée à toutes les sauces sur cette chaîne pour toute critique allant du cinéma à la littérature. Ayant déjà des a priori sur cette jeune demoiselle qui a toujours suinté la condescendance, l'incompétence et dont les critiques sont presque toujours à côté de la plaque, j'étais déjà disposée à ne pas la rater. Cependant, je suis bonne joueuse et il faut toujours laisser une seconde chance. Mais j'avoue que dès la première bêtise sortie, mes bonnes résolutions sont parties en fumée. J'ai en effet plus eu l'impression de regarder l'Eurovision en compagnie de Dave et Marco, le second degré en moins, qu'une prestigieuse remise de prix, comme le sont les Golden Globes. Je crois que notamment mademoiselle Quin s'est trompée de cérémonie.
Pour commencer, cette charmante chroniqueuse suintait la condescendance :
« Ah oui les Golden Globes récompensent aussi les séries télé », sous entendant qu'elle se fichait totalement de la télévision et des œuvres conçues pour elle. Mais alors, qu'est-ce qu'elle fait à présenter des émissions à la télé, la demoiselle ?
L'incompétence de la commentatrice était flagrante. La moindre des choses avant une émission c'est de la préparer ; et là les deux commentateurs n'y connaissaient rien, que ce soit au niveau des films ou des séries. Les exemples sont nombreux. Elisabeth Quin bute tellement sur la traduction de TV Series Drama qu'elle finit par sortir « séries télévisuelles » (diantre, voilà qui est original !). Elle a également buté sur TV Series Comedy... Quant à Bertrand Lesguillons, il fait d'
Angels in America, mini-série dramatique en 6 parties sur le sida, une sitcom (comédie de situation) !
Ensuite, les commentaires d'Elisabeth Quin sur la chirurgie esthétique des célébrités étaient d'un goût plus que douteux :
« - Tiens, celle de gauche a les seins refaits...
- Celle de droite son nez est retroussé et trop parfait donc il a été refait... »
Le summum est atteint lorsqu'elle parle de Mary Louise Parker (nommée pour
Angels in America) :
« Je crois que ses seins sont refaits... Peut-être pas, ils sont trop petits ». L'actrice remporte alors le prix du meilleur second rôle et révèle :
« J'ai parié 1000 dollars avec une amie que je remercierai mon fils né il y a trois semaines pour ma superbe poitrine ». Tout faux, Elisabeth ! Le comble est que la commentatrice ne connaissait même pas
Nip/Tuck, série consacrée à la vie dépravée de deux chirurgiens esthétiques à Miami ; cela aurait pourtant dû l'intéresser.
On passe sur les
« c'est qui celle-là ? », les ratés du style
« Voici Jim Belushi et Marg Helgenberger, les stars de la série Les Experts
». A quel moment du générique des
Experts Jim Belushi apparaît-il ? Comment oser dire que Jim n'est que le frère de John Belushi* ? Et de répeter à chaque apparition de Ashton Kutcher, le cultissime
« Oh, voilà le petit copain de Demi Moore, qui a 20 ans de moins qu'elle », oubliant de mentionner que le jeune homme est l'un des acteurs de
That ‘70s Show, diffusé en France sur Jimmy.
Le must restera le silence gêné accompagnant la découverte par les deux commentateurs que l'extrait qu'ils venaient de commenter avec profusion d'éloges n'était pas de
La Guerre des Roses mais bien de
A la Poursuite du Diamant Vert. D'autant plus que le titre du film était apparu sur l'écran et que la scène est devenue culte par son humour. Elisabeth Quin prouvait ainsi qu'elle n'avait pas la moindre idée de la carrière de Michael Douglas (pourtant lauréat du prix Cecil B. DeMille, récompensant l'ensemble de sa carrière lors de la cérémonie).
En une soirée, Elisabeth Quin (l'autre commentateur était moins pire ^^) aura réussi à relativiser les problèmes de voice-over des Emmys sur Jimmy ou les commentaires absurdes de l'Eurovision. Résumons son exploit :
- ses remarques condescendantes sur la télévision ; sachant qu'il s'agissait d'une cérémonie récompensant et les séries /œuvres de fiction et les films, c'était on ne peut plus déplacé.
- ses remarques anti-américaines primaires que n'importe quel beauf aurait pu prononcer. Si cela la faisait chier de présenter un programme américain, il ne fallait pas accepter.
- son chauvinisme inutile dès qu'un français était nommé et de se plaindre sans arrêt du fait que les français sont boudés.
- l'amateurisme dans lequel semble s'être préparée l'émission. On ne leur demandait pas d'avoir vu les programmes et les films nommés ; La simple lecture des fiches préparées par des stagiaires aurait suffit.
- la profonde vulgarité d'Elisabeth Quin, ses écarts de langage auront été légion dans la traduction.
Mais remercions Paris Première d'avoir choisi des incompétents pour présenter la cérémonie ; ils aimaient tellement s'entendre parler que la traduction simultanée était quasi inexistante. La traduction n'était pas trop mauvaise puisqu'en léger décalage, on pouvait même entendre les personnalités s'exprimer.
En guise de bouquet final, voici deux perles entendues lors de la diffusion :
-
« Voilà Denzel Washington... ah non c'est pas lui ! », il s'agissait en fait de Denis Hayssbert, le président Palmer dans
24.
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« Comme en France, les acteurs américains ne boudent plus la télé et font des apparitions dans les séries et téléfilms », en fait, Mademoiselle Quin, ce que l'on reprochait aux français c'était justement de ne pas faire comme les anglo-saxons et de bouder la télé. A l'heure actuelle les stars françaises du grand écran font un détour par la petite lucarne pour des téléfilms à gros budget mais aucune série, ce qui se comprend vu la mauvaise qualité des séries françaises.
Je remercie donc Paris Première, son directeur des programmes, Elisabeth Quin ainsi que Bernard Lesguillons pour nous avoir gâché, par le niveau presque débilitant des commentaires et par l'absence d'une traduction simultanée correcte, cette prestigieuse cérémonie . Au regard d'un tel gâchis, il aurait mieux valu diffuser sans commentaires à l'instar de la chaîne allemande Pro7.....
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* John Belushi, acteur principal dans les Blues Brothers