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La page du FLT : E¶SODE 03 - Décembre 2002

par le Front de Libération Télévisuelle

D'octobre 2002 à mars 2004, l'association Front de Libération Télévisuelle a tenu une rubrique régulière dans le Magazine de la Culture Série : E¶SODE. On trouvera ci-dessous la reproduction in extenso de l'article paru dans E¶SODE 3, daté de décembre 2002.

FLT : Front de Libération Télévisuelle (http://www.leflt.com)
Apolitiques, attentifs et cyniques, nous oeuvrons sur le web depuis déjà plusieurs années. Dans le monde impitoyable de la télévision, où l'argent et la bêtise trônent en maîtres absolus, les ninjas masqués du FLT veillent au grain pour défendre les séries que vous aimez.


FLT : Faction des Lépidoptères Tétraplégiques ?
Non, ne mêlons pas les libellules à tout ça. Nous sommes des aigles. Nous volons au ras des plaines, poursuivant sans relâche les mécréants du tube cathodique en leur infligeant les pires tortures qui soient : un épisode imposé de Twin Peaks fait très mal aux beaufs.
Connaissez-vous la Version Multilingue ? Cet innovant procédé technologique permettant au téléspectateur de choisir s'il désire voir son programme en VF ou bien en VOST. L'argument marketing de pas mal de petits malins. Car si certaines chaînes payantes comme Canal + ou bien Paris Première l'utilisent correctement, en revanche pour Canal Jimmy c'est une autre histoire depuis quelques temps : caractères illisibles, bugs d'affichages et autres gribouillis interviennent un peu trop souvent au goût des abonnés. La chaîne pousse parfois l'expérimentation visuelle jusqu'à diffuser une série en version originale sous-titrée, mais sans les sous-titres. Un trip personnel que même David Lynch n'a pas osé tenter ! Vivement la Version Morse sans son, ou bien la Version Japonaise en biélorusse.
On place un pied dans le domaine des mafieux pour aborder la nouvelle prouesse de France 2. Aaah, tout le monde se souvient de l'époque bénie où la chaine publique diffusait Les Sopranos à un horaire décent. Mais le sort s'acharne et des audiences moyennes ont conduit la série multi-récompensée à hériter de l'horaire internationalement reconnue comme le bouche-trou ultime : aux environs de 1h30 du matin, dans la nuit du black thursday. Alors désormais lorsque vous enlacerez votre oreiller, souvenez-vous que le brave Tony Soprano s'agite futilement sur la seconde chaîne pendant votre sommeil de plomb.
Le FLT vous propose maintenant la blague du mois, alors amenez les enfants. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, plus connu sous l'abréviation CSA, est l'instigateur de ce que l'on appelle communément la loi des quotas. Cette loi votée par les justiciers de l'impossible peut être résumée par ces mots : 60% des programmes d'une chaîne doivent être français ou bien européens, sinon y a pas bon. Hormis le fait que cette résolution ne s'adapte absolument pas à l'émergence des nombreuses chaînes thématiques actuelles, elle va jusqu'à frôler le ridicule lorsqu'elle s'en prend à la chaîne câblée Mangas. Cette chaîne, comme son nom l'indique, repose sur un format culturel japonais qui constitue sa principale caractéristique : pim, pam, poum, une amende dans les dents pour non respect de la loi des quotas ! Attention on ne rigole pas avec la culture européenne, pas question de détrôner Navarro et Derrick. On ne s'attaque pas impunément aux idoles de la ménagère de moins de cinquante ans. Et puis une chaîne Mangas qui diffuse des mangas, et puis quoi encore !
En guise de conclusion, mais ça n'est qu'un au revoir, terminons sur un petit coup de gueule légitime. Sur place lors de plusieurs conférences, des membres du FLT ont rapporté des témoignages inquiétants, mais nullement étonnants, concernant le traitement des jeunes scénaristes par les chaînes hertziennes. Ecrivez un scénario de nouvelle série en béton armé, proposez-le à TF1, France 2, M6 et compagnie, puis regardez le résultat. Surprise, vous pourriez écrire un second Le Prisonnier qu'on ne voudrait pas de votre boulot. Car malgré quelques progrès, la France refuse toujours d'aller plus loin que la petite série policière hebdomadaire aux scripts bien prévisibles. Du fantastique, de la science-fiction ou pire une série intelligente ? Les producteurs fuient comme des lapins et les hommes sans visage ricanent, puis retournent superviser Sans Aucun Doute et C'est Mon Choix le coeur léger. Reste à savoir qui donnera leur chance aux nouveaux talents dans ce pays : en tout cas, sûrement pas les leaders du libéralisme exacerbé de la machine artistico-médiatique, bouffeuse d'esprits féconds. Putain quelle phrase. A bientôt les amis.