La Guerre en Irak à la Télévision

Discussions sur l'actualité de la télévision et réflexions sur ses programmes. Le site du <a href="http://www.a-suivre.org/_archives/flt/" target="_blank">Front de Libération Télévisuelle</a> se consacre à ces questions.
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gib's
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Message par gib's »

Olivier.L. a écrit :
gib's a écrit :Un commentaire sur ces images d'une population qui fête la "libération" de bagdad et la fin du régime de saddam hussein?


On n'a pas du voir les memes images alors... parce que moi j'ai vu une centaine d'Irakiens casser une statue de Hussein au centre d'une capitale qui compte 6 millions d'habitants... Bref 0.0016% de la population fetait la liberation de Baghdad...

Olivier



Relis doucement ma phrase. Je parle d'images et le mot libération est entre guillemets.
Je n'ai pas la prétention de porter un jugement sur cette guerre (et guerre d'images donc) et ses conséquences, je ne suis pas irakien.
Par contre, ces images - en elles mêmes - sont pour moi parmi les images les plus fortes de cette guerre que nous avons suivi par le biais des médias.
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Ardéa
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Message par Ardéa »

bubu a écrit :Tout ce qui a été dit sur la résistance irakienne était faux !

Voici la vrai raison pour laquelle les Marines ont mis autant de temps à arriver jusqu'à Bagdad !




:eek: :kcontent1:

Ah làlàlàlàlàlàlàlà ! On se croirait dans les guignols !

Mais en y réfléchissant bien ça donne pas tellement envie de rigoler, mais plutôt les boules... :(
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Oz
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Message par Oz »

Bien, je vais encore faire l'effort de relancer une conversation pour voir si certains vont poursuivre la conversation :D

Comment jugez-vous le traitement des affaires d'otages français en Irak par les télévisions ? On retrouve ce titre chaque jour dans chaque JT et dès qu'un élement nouveau surgit, cela fait l'ouverture du journal.... N'est-ce pas trop ? A entendre parler prioritairement les journalistes d'autres journalistes, est-ce qu'on ne court pas le risque de voir se développer un rejet d'une sorte de corporatisme par le public ? Après tout "ils y sont allés en connaissance de cause !"...

N'est-il pas absurde de réclamer que les journalistes soient épargnés par les conflits au nom de la liberté de la presse ? Robert Capa agitait-il sa carte de journaliste en débarquant à Omaha Beach le 6 juin 1944 ? La guerre demeure violente, dangeureuse et meurtrière, pourquoi est-ce que quelqu'un se trouvant sur le champ de bataille devrait échapper à cette évidence au nom d'un quelconque rôle extérieur ?

NB : Je ne prends pas ici position. Je cherche simplement à lancer le débat, en posant quelques questions qu'on ne retrouve pas beaucoup dans les médias actuellement.

Et l'idée n'est pas de parler du rôle de Julia, de la Syrie ou autre chose dans le même genre, je suis certain que vous l'aurez compris :D
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Message par Amrith »

Prendre un journaliste en otage devrait être décrié comme tout autre acte singulier, puisque dans les faits il ne s'agit que de ça. Les groupuscules en question ne séquestrent pas spécifiquement des journalistes. Pourtant c'est ce que l'on essaie, consciemment ou non, de nous faire croire. Que les attaques sont délibérement tournées vers les journalistes et que les autres franges de la population sont à l'abri. A croire que la télévision d'information française, qui n'agit que pour sa propre estime, prépare le terrain en cas d'exécution de la captive pour faire de la profession journalistique dans sa globalité une aire de bravoure en créant à l'avance ses martyrs et en croisant les doigts pour qu'ils y restent. C'est une femme qui est retenue en otage en Irak, pas une journaliste.
En lieu et place de ça, la télévision nous présente la nuisance à un journaliste comme étant non particulariste mais comme représentant une attaque symbolique envers un principe né récemment et qui sera bientôt la quatrième devise de la République à ce rythme là : liberté de l'information. C'est d'une stupidité confondante mais ça relève de ce type de raisonnements. C'est dans le même ordre d'idées que les législations internationales condamnant la torture et instaurant des règles du jeu en cas de guerre, comme si la guerre pouvait ou désirait répondre à des minimas démocratiques dans le feu de son action. C'est la même chose, aujourd'hui tout le monde s'offusque qu'on puisse prendre un journaliste en otage voire l'exécuter sur une terre de guerre, c'est un scandale au nom de la liberté d'information et donc de la démocratie, mais l'on feint d'ignorer justement qu'en temps de guerre la démocratie et les jolis idéaux adjacents n'ont plus droit de cité.
Je ne pense pas que l'on aille vers une situation où les gens se diront "Bien fait ce sont les risques du métier", bien au contraire. Jouer la carte de l'émotion suspense à la clef suivie immédiatement du discours républicain solennel ça aurait plutôt tendance à anoblir le métier de journaliste. Métier diversifié et qui est composé de bien plus de raclures inutiles que de reporters de guerre, mais les premiers sortent toujours grandis du sacrifice des seconds. Les 80% de journalistes minables qui font leurs reportages sur les ventes de crustacés à Carrefour sont alors symboliquement rapprochés de ceux qui risquent leur vie pour filmer des charniers en Tchétchénie ou en Corée afin de former un corpus unique, "La Profession Journalistique", sublimée uniformément en dépit de ses divisions. C'est ainsi que des gens comme Pernault pourront dire "Notre confrère toujours prisonnier en Irak..." et valoriser leur image de rapporteurs grossiers sur leur dos. La mort de cette journaliste ferait l'intérêt du champ journalistique, qui repasserait ainsi provisoirement du statut d'usine à bobards à celui de métier des passionnés de la vérité, et le désintérêt du champ politique qui serait une nouvelle fois taxé d'incompétence. Incompétence gouvernementale qui serait ensuite la nouvelle polémique lucrative des médias, endoloris il y a encore deux minutes. De toutes les manières, la télévision gagne.
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Re: Coming Soon

Message par Oz »

Amrith a écrit :En lieu et place de ça, la télévision nous présente la nuisance à un journaliste comme étant non particulariste mais comme représentant une attaque symbolique envers un principe né récemment et qui sera bientôt la quatrième devise de la République à ce rythme là : liberté de l'information.

Effectivement, c'est ce concept qui me paraît assez génant (et non la liberté de la presse comme je le disais dans mon message précédent, ce qui est sensiblement différent).

C'est la même chose, aujourd'hui tout le monde s'offusque qu'on puisse prendre un journaliste en otage voire l'exécuter sur une terre de guerre, c'est un scandale au nom de la liberté d'information et donc de la démocratie, mais l'on feint d'ignorer justement qu'en temps de guerre la démocratie et les jolis idéaux adjacents n'ont plus droit de cité.

Et cette manière de réagir n'est-elle pas dangereuse pour la démocratie justement ? Ne prend-on pas ici le risque de diluer les idéaux des sociétés démocratiques ? Après tout, on les emploie alors même qu'ils ne sont pas cohérents avec l'état de guerre... Le message transmis par les télévisions n'est-il pas ainsi ambivalent ?

Je ne pense pas que l'on aille vers une situation où les gens se diront "Bien fait ce sont les risques du métier", bien au contraire. Jouer la carte de l'émotion suspense à la clef suivie immédiatement du discours républicain solennel ça aurait plutôt tendance à anoblir le métier de journaliste.

En fait, j'incluais ici la notion de répétitivité. Nous en sommes à notre seconde prise d'otage français en Irak. On assiste au même emballement médiatique que la première fois. Rien ne nous dit qu'une fois cette crise dépassée, nous n'aurons pas de nouveaux journalistes pris en otage... Si les télévisions font le même ramdam, le téléspectateur moyen va peut être finir par se lasser.
De mon point de vue, les télévisions en font clairement trop aujourd'hui. Pour autant, les prises d'otages (françaises mais aussi et surtout étrangères) me semblent un point important de la guerre en Irak... Si l'opinion se lasse, les télévisions ne réagiront-elles pas en oubliant d'en parler ? Ce serait une nouvelle déformation de la réalité et donc le travail journalistique serait biaisé...

Comme tu le dis, la télévision en sortira gagnante puisqu'elle aura toujours "du grain à moudre". Mais l'information peut une nouvelle fois perdre de sa crédibilité à faire monter un tel événement...
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Re: Coming Soon

Message par Guigui le gentil »

Oz a écrit :En fait, j'incluais ici la notion de répétitivité. Nous en sommes à notre seconde prise d'otage français en Irak. On assiste au même emballement médiatique que la première fois. Rien ne nous dit qu'une fois cette crise dépassée, nous n'aurons pas de nouveaux journalistes pris en otage...

Je ne suis pas vraiment d'accord : pour la première prise d'otage le déferlement médiatique a été intense et immédiat alors que pour Florence Aubenas, j'ai bien l'impression que la machine médiatique a mis beaucoup plus de temps à s'emballer... Peut être que les autres journalistes étaient déjà lassé de la première fois, en tout cas dans les premiers temps...
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Message par Amrith »

Guigui le gentil a écrit :Je ne suis pas vraiment d'accord...


Moi oui et non.
C'est juste le ton d'exposition qui a changé. Pour les premiers otages, les journaux TV enchaînaient reportages sur reportages, sur les faits en eux-mêmes mais aussi sur les protagonistes, jusqu'à tisser une biographie de leur caniche, une vraie nécrologie avant l'heure. Aujourd'hui les journaux TV se contentent de faire leur petite émotion quotidienne, à l'aide de phrases telles que "Nous adressons nos pensées à notre consoeur retenue en Irak" en fin de programme. Cette prise d'otage n'est plus traitée comme la précédente, elle ne constitue plus une affaire méritant reportages, enquêtes ou débats. Elle est rabaissée au rang de "Courage, tiens bon !" à la fin de chaque journal. Rabaissée à l'émotion pure et simple, il y a changement du ton d'exposition, mais l'intensité de l'exposition reste la même, en temps de parole. Il y a aussi très certainement dans ces tons divergents le fait que la victime soit cette fois une femme. De la même manière que le journalisme américain a toujours été frileux sur la peine de mort lorsqu'il s'agissait d'exécuter une femme ou que notre journalisme français montre davantage des corps déchiquetés masculins durant les guerres soit-disant ethniques d'Afrique Centrale, il est possible qu'il y ait une auto-censure médiatique, inconsciente, sur le cas de Madame Aubenas, qui conduit à un mode d'exposition différent de sa situation. Au demeurant peu efficace puisqu'il devient de jours en jours la petite coutume de fin de journal TV, tel Nounours disant "Bonne nuit les petits" sur son nuage avant le générique de fin, et donc revêt une forme complètement anecdotique. Objectivement aussi médiatisée, mais dans les termes positivée et mythifiée de sorte que l'on a parfois l'impression qu'il s'agit d'une légende.
C'est aussi la raison pour laquelle contrairement à Oz je ne pense pas que le public va se lasser. Il y a la petite touche sensible et le discours républicain de pacotille pour le faire adhérer, mais il y a aussi ce ton différentiel. Pour Messieurs Chenot et Malbruno, le ton était extrêmement dramatique, on nous plongeait dans le thriller noir pur et dans le défaitisme d'une issue forcément sanglante. Pour la dernière victime, au contraire on adopte le ton de la compassion, c'est plus positif, après tout c'est une femme, donc ça ira. Tant que les journaux TV parviendront à orner de fiction les faits où à leur donner une inclinaison particulière, les situations ne paraîtront pas suffisamment répétitives au téléspectateur pour qu'il ait une attitude réactive vis-à-vis d'une forme de corporatisme non-syndical mais plutôt très profiteur. Et si ces histoires bien écrites peuvent en plus se drapper dans des considérations politico-historiques empruntant au champ lexical pompeux du républicanisme primaire - Droits de l'Homme, Egalité, Liberté de l'Information, Peuple, Fraternité, Jéjé, Laïcité, Solidarité, Démocratie... - le public sera aux anges, bercé par l'illusion d'appartenir à quelque chose et d'être compatissant avec ces otages.
Oz a raison d'insister sur les problèmes que pose l'invocation de la Liberté d'Information dans des contextes et/ou pays qui ne la reconnaissent pas. Les journaux TV français, les maîtres de nos politiciens, font dans l'universalisme maintenant ? Ces prises d'otages sont tout ce qu'il y a de plus regrettables mais qu'est-ce que la Liberté d'Information vient faire dans les dommages collatéraux générés par une guerre, qui par définition ignore ces principes. Déontologiquement il y a une certaine bassesse à réduire la vie d'un Homme ou d'une Femme à sa profession afin d'en faire un exemple. C'est ce que font nos médias français. Actuellement notre diplomatie est en train de faire valoir non pas les droits d'une Femme à ne pas se faire décapiter, mais les droits de la Liberté d'Information. Ainsi si elle meurt elle glorifiera le journalisme en tant que martyr. Si elle est sauvée, elle servira de panneau publicitaire nous montrant combien la Liberté d'Information est toute puissante et destinée à gagner progressivement le monde entier. L'Etat doit protéger ses ressortissants à l'étranger, journalistes ou non, c'est le seul principe juridique fondé à invoquer dans l'histoire, mais plutôt que cette banalité certains opportunistes ont décidé de nous prodiguer de mauvais cours d'éducation civique à la place. La Démocratie française avec un grand D, c'est la Liberté d'Information dans toute la galaxie, retenez bien la leçon.
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Message par joma »

Oz a écrit :N'est-il pas absurde de réclamer que les journalistes soient épargnés par les conflits au nom de la liberté de la presse ? Robert Capa agitait-il sa carte de journaliste en débarquant à Omaha Beach le 6 juin 1944 ? La guerre demeure violente, dangeureuse et meurtrière, pourquoi est-ce que quelqu'un se trouvant sur le champ de bataille devrait échapper à cette évidence au nom d'un quelconque rôle extérieur ?


Sauf que pour le grand publique comme pour les politiques ce n'est plus la guerre.
La situation que l'on nous décrit en Irak est celle d'un pays souverain, élection oblige, qui subit des troubles. La guerre c'est fini le jour ou le gouvernement de Saddam c'est dissolu et que les statues sont tombé... Du moins c'est que l'on veut nous faire croire.
Pour les instances politiques ou journalistique les enlévements des otages n'est pas un fait de guerre et n'est donc pas traiter de cette façons, du moins je le ressent comme ça.
On rattache ça à un groupe terroristes, notion vague qui veut dire tout est n'importe quoi et qui surtout marque les esprits.
Cela n'a pas le même impacte si l'on dit que la journaliste a disparue dans la zone des combats, ou qu'elle a été enlever. Le terme enlever à plus de signification pour les gens, ça à la conotation d'un acte prémédité perpetré par des malfrats dans un pays en paix... Ce que n'est pas du tout l'Irak.

Le problème est que nous vivons dans une bulle sans réelle violence. Ou toute catastrophe, naturel ou pas, n'est vu qu'au travers du prisme de la télé, et cette liberté d'expression qu'a souligné Amrith est justement ce qui permet d'alimenter le média. Nous avons aussi une image romantique du journaliste, cet intrépide personnage qui au mépris du danger va collecter l'information, il faut donc, dans l'imagerie populaire, absolument défendre cette profession quand un de ses membres et en danger. C'est donc là que l'on tombe dans les excés.

Laisson faire la diplomatie en la laissant dans l'ombre, du moment que les parent et la famille de Florence Aubenas sont tenu au courant, il n'y a que ça qui emporte. Nous, le public, n'avons pas à suivre en direct toute les tractation ou dessous de table mis en jeu pour la faire libérer, il y aura toujours aprés le dénouement de cette crise une émission ou un livre retraçant ce qui c'est passé pour nous tenir, finalement, au courant.
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Message par Guigui le gentil »

joma a écrit :
Oz a écrit :N'est-il pas absurde de réclamer que les journalistes soient épargnés par les conflits au nom de la liberté de la presse ? Robert Capa agitait-il sa carte de journaliste en débarquant à Omaha Beach le 6 juin 1944 ? La guerre demeure violente, dangeureuse et meurtrière, pourquoi est-ce que quelqu'un se trouvant sur le champ de bataille devrait échapper à cette évidence au nom d'un quelconque rôle extérieur ?


Sauf que pour le grand publique comme pour les politiques ce n'est plus la guerre.

Franchement qui à part Jean Pierre Pernault peut croire à cette façon de présenter les choses ? Tout le monde le voit que c'est du flan et que la paix n'est que sur le papier de l'AFP...

Pourtant avoir 1500 GIs morts durant un temps de paix c'est assez évocateur pour tout le monde. Enfin, j'espère...

Sinon je suis d'accord avec Amrith sur le statut et l'enjeu récupéré par les politiques souhaitant visiblement défendre une journaliste avant de défendre une femme, ce qui est regrettable... Un quidam français se faisant enlever là-bas pourrait donc crever la gueule ouverte ? C'est vrai que la question peut se poser... Et pour moi, elle se pose...

Mais je persiste à penser qu'au départ de l'affaire l'exposition de cette prise d'otage était moins importante quantitativement dans les médias (bien que l'analyse d'Amrith me paraîssent également pertinente)... Peut être que je me trompe et que mon impression est erronée, mais avoir des données concrètes sur le traitement des 2 prises d'otages serait intéressant je pense...
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Message par Sullivan »

Guigui le gentil a écrit :Mais je persiste à penser qu'au départ de l'affaire l'exposition de cette prise d'otage était moins importante quantitativement dans les médias.


Il faut aussi se souvenir que, dans la mesure où le premier contact avec les responsables de l'enlèvement a beaucoup tardé à venir, au début cette journaliste était "disparue" en Irak, pas "otage".

Et je ne trouve pas très honnête de ne pas mentionner que le maintient dans l'actualité des otages pèse de manière majeure dans leur libération. Surtout dans cette première phase. Dans les premiers temps où, justement, Florence Aubenas était considérée comme disparue car ses ravisseurs ne s'étaient en aucun cas manifestés, l'essentiel de la couverture média était initiée par July. Parce que si la France parle d'elle, alors elle a de la valeur. Si elle a de la valeur, ça vaut la peine de négocier sa libération, on pourra en obtenir quelque chose d'intéressant.

C'est en partie pour les mêmes raisons que la famille d'Ingrid Bétancourt (sp?) fait en sorte de garder cette femme dans l'actualité - ce qui évidemment est plus difficile après 3 ans.


Quand à dénoncer une sorte de réflexe corporatiste dans le traitement du cas des otages Français en Irak, je trouve ça un peu fort de café. Saleté d'être humains ces journalistes, ils peuvent pas s'arracher le coeur pour pouvoir enfin rapporter l'info objectivement, hein?
Pardonnez l'analogie débile, mais ça me fait le même effet que si demain Mougeotte prenait Oz en otage et que quelqu'un venait nous reprocher de ne plus poster nos reviews des derniers épisodes de séries pendant ce temps là.

D'autant que -- ça fait surement plus ou moins partie des objectifs des preneurs d'otage, d'ailleurs -- pendant qu'on parle des otages, on parle avec eux de la situation en Irak qui sinon aurait depuis longtemps été au mieux releguée aux brèves de fin de journal.



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Message par Amrith »

Sullivan a écrit :Quand à dénoncer une sorte de réflexe corporatiste dans le traitement du cas des otages Français en Irak, je trouve ça un peu fort de café. Saleté d'être humains ces journalistes, ils peuvent pas s'arracher le coeur pour pouvoir enfin rapporter l'info objectivement, hein ?


Il est en effet légitime que la profession s'indigne de la mise en péril d'une journaliste de terrain par je ne sais quelle milice étrangère. Mais dans les faits, ce sont les Claire Chazal et les Daniel Billalian de l'information qui s'en indignent, et personnellement je ne considère pas qu'ils exercent la même profession que Florence Aubenas.
En outre, Florence Aubenas est constamment ramenée à sa seule dimension professionnelle. Chaque journal TV débute ou se conclue par le même refrain, au choix "Notre consoeur Florence Aubenas" ou "La journaliste Florence Aubenas". Si Florence Aubenas avait été charcutière, je ne pense pas qu'on aurait eu droit à un déballage de sa CSP à chaque bulletin. De là à invoquer un corporatisme journalistique peut-être est-ce sauter les marches par deux trop rapidement, mais il existe au moins cette volonté de faire des otages journalistes des otages particuliers, d'en faire des incarnations de nos valeurs supposées. En gros le message c'est "S'attaquer à un français, c'est s'attaquer à un français. S'attaquer à un journaliste français, c'est s'attaquer à la France."
Que ce soit véritablement cogité ou bien plus ou moins inconscient, que ce soit une volonté stratégique ou une maladresse incomprise par ses propres auteurs, ça c'est une autre question plus délicate. En revanche, enfin en tout cas selon moi, le message ci-dessus est transparent.

Quant à Oz et Etienne... vous n'apprendrez que trop tard qu'il ne s'agissait en fait que d'une seule et même personne dès le départ.
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Re: Oui mais non

Message par Oz »

Je récapitule en vrac quelques points qui sont apparus dans le début de la conversation et qui semblent important :
- l'exposition médiatique d'une prise d'otage à l'autre a légérement variée. Le fait que la journaliste soit une femme peut avoir joué. Le fait que la journaliste ait été portée disparue avant d'être otage peut également avoir joué.
- pour la majorité des intervenant, la lassitude ne gagnera pas le téléspectateur car justement le ton employé a varié depuis la première prise d'otage.
- il semble y avoir un danger à faire apparaître une prise d'otage comme symbolique de la Liberté d'Expression, par la dilution des valeurs que cela implique.
- selon Joma, la prise d'otage est aujourd'hui dissociée de la guerre d'Irak par le grand public. Le fait d'avoir assisté aux élections met l'Irak dans la position d'un Etat souverain. Le discours développé autour de la prise d'otage s'inscrit dans une logique de paix et non de guerre.
- la violence est aujourd'hui absente du quotidien occidental en dehors de la télévision, ce qui entraine des excès dans la manière dont sont rapportées les catastrophes à la télévision.

On touche quelques points sensibles ici. Je ne reviens pas sur les premières "conclusions" mais concernant les deux derniers points...
Un nouveau problème se pose dans la représentation de la crise en Irak : est-ce que le pays est encore en guerre ou non ? Si l'on recoupe les informations données par les différents médias, il semble apparaître que c'est la région de Bagdad essentiellement qui demeure dans un état de quasi-guerre civile. Mais on nous a souvent répété qu'il était fortement déconseillé aux journalistes d'aller à tel ou tel endroit du pays (vers la frontière syrienne par exemple). La question se pose donc de savoir si les impressions qui ressortent sont correctes. Bagdad est-il le seul point noir d'Irak ou le fait que les journalistes soient de moins en moins nombreux sur place entraine-t-il une déformation de la réalité ?

Bon, là ça dépasse un peu le cadre irakien et je vais un peu me faire l'avocat du diable, donc merci de ne pas me tomber dessus non plus :D L'absence de violence dans notre société apparaît comme un point particulièrement important. On assiste chaque jour à un déferlement d'actes violents aux infos et dans le même temps on souhaite éradiquer la violence de notre quotidien (la bulle dont parle Joma). Le discours médiatique sur la violence n'est-il pas candide ? Est-ce qu'on ne se coupe pas d'une certaine réalité "humaine" en supposant que la violence ne doit pas faire partie de notre environnement (en s'horrifiant de chaque acte perpétré) ? Est-ce une forme "d'éducation médiatique" à laquelle on assiste ou bien une exploitation de sentiments voyeuristes par la télévision ?

Sullivan a écrit :Parce que si la France parle d'elle, alors elle a de la valeur. Si elle a de la valeur, ça vaut la peine de négocier sa libération, on pourra en obtenir quelque chose d'intéressant.

Je crois que personne ici ne discute le fait que Florence Aubenas a de la valeur :) C'est une vie humaine, elle mérite donc d'être valorisée, c'est une évidence ! Tu as raison de le rappeler.
Maintenant, la question qui se posait ici, c'est surtout celle des valeurs "annexes" que représente Florence Aubenas (et son interprète). Est-ce qu'on se bat pour elle parce que c'est une journaliste ou parce que c'est une femme ? Reporters Sans Frontières invoque la Liberté d'Information pour justifier la mobilisation, mais cela lui donne-t-elle une valeur supérieure à celle d'un autre otage (en Irak ou ailleurs dans le monde) ?
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Message par Guigui le gentil »

Sullivan a écrit :Il faut aussi se souvenir que, dans la mesure où le premier contact avec les responsables de l'enlèvement a beaucoup tardé à venir, au début cette journaliste était "disparue" en Irak, pas "otage".

C'est vrai...

est-ce que le pays est encore en guerre ou non ?

Pour ma part, cela me semble vraiment évident...
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Message par joma »

Sullivan a écrit :C'est en partie pour les mêmes raisons que la famille d'Ingrid Bétancourt (sp?) fait en sorte de garder cette femme dans l'actualité - ce qui évidemment est plus difficile après 3 ans.


Sullivan a écrit :D'autant que -- ça fait surement plus ou moins partie des objectifs des preneurs d'otage, d'ailleurs -- pendant qu'on parle des otages, on parle avec eux de la situation en Irak qui sinon aurait depuis longtemps été au mieux releguée aux brèves de fin de journal.


On entre là dans un autre cadre. Celui ou la télévision module les opinions du publique suivant ce qu'elle montre.

Le conflit de Colombie est loin, il traine en longueur (en gros depuis 1964) et tout le monde en a oublier les causes et les aboutissant. Pas vraiment d'intéret pour une télévision qui prime la rapidité et le poid de l'image, Miss de Bethancourt ce serais retrouvé prisonnière du conflit Ougandais (oui, oui, il y aune guerre civile en ouganda depuis 18ans) que ça serais pareil. Bref, elle n'a pas de chance et en plus elle n'est pas journaliste. (Néanmoins j'espère que la diplomatie française ne se base pas sur la présence de la colombie au journal de 20H pour tenter de sauver, cette femme et qu'elle fait correctement son boulot.)

L'irak n'est pas si loin, tout le monde a encore en mémoire le sursaut d'orgueil (sic) de la france face au va-t-en guerre étasunien, le choc des images des attentats nous est régulièrement montré et tout le monde comprend l'enjeux que représente des élections et la mise en place d'un gouvernement légitime. l'enlévement de Florencer Aubenas se place dans le cadre d'un flot continue d'information provenant de cette région du monde, il est donc parfaitement normale (dans le cadre des régles de l'information en france) que l'on insiste sur elle.

Ce qui serais intéressant de se demander (oui je sais ça n'a rien d'évident) c'est si les rôle était inversé, Bethancourt en Irak et Aubenas en Colombie si leur traitrement médiatique serais équivalent. Silence pour l'une, batage médiatique pour l'autre ?

est-ce que le pays est encore en guerre ou non ?
Guigui a écrit :Pour ma part, cela me semble vraiment évident...


J'aurais tendance à le pensé aussi, mais je me base sur ça sur ce que l'on nous montre, or, pas un mot sur le sud administré par les anglais et les polonais et sur le nord controlé par Kurdes.
Qu'est-ce que cela veut dire ?
Que seul la partie controlé par les USA, le célèbre triangle sunnite, résiste et fait perturé cette état de guerre ? Où c'est tout le pays qui est dans cet état mais que l'on nous montre que ce qui se passe dans la région de Bagdad parce que ça fais chier les étasunien et qu'on aime bien se foutre de leur gueule ?
Comment savoir si un pays et en guerre si on nous montre juste une partie de ce qui s'y passe ?

Le reproche que je ferais sur les journalistes c'est de ne pas nous donné une vision global de ce qui se passe. Ca pète à Bagdad on ne va parler que de ça sans entrer dans les détails du pourquoi ou du comment ou comment réagis le reste de la population face à ces attaques.
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Message par Trek Girl »

On parle encore de l'Irak et de Bagdad ?
Alors j'ai loupé, entre deux bulletins de neige et de verglas. :D
Plus sérieusement, je suis d'accord avec joma et je regrette que l'on ne nous présente pas la situation en Irak dans sa globalité au lieu de se contenter de comptabiliser les attentats à Bagdad ou de tomber sur les Etatsuniens à la moindre "bavure".
J'ai aussi effectivement la désagréable impression que les otages qui ont la "malchance" de ne pas être journaliste sont très vite oubliés ou en tout cas, font moins parler d'eux.
Verrouillé