Je récapitule en vrac quelques points qui sont apparus dans le début de la conversation et qui semblent important :
- l'exposition médiatique d'une prise d'otage à l'autre a légérement variée. Le fait que la journaliste soit une femme peut avoir joué. Le fait que la journaliste ait été portée disparue avant d'être otage peut également avoir joué.
- pour la majorité des intervenant, la lassitude ne gagnera pas le téléspectateur car justement le ton employé a varié depuis la première prise d'otage.
- il semble y avoir un danger à faire apparaître une prise d'otage comme symbolique de la Liberté d'Expression, par la dilution des valeurs que cela implique.
- selon Joma, la prise d'otage est aujourd'hui dissociée de la guerre d'Irak par le grand public. Le fait d'avoir assisté aux élections met l'Irak dans la position d'un Etat souverain. Le discours développé autour de la prise d'otage s'inscrit dans une logique de paix et non de guerre.
- la violence est aujourd'hui absente du quotidien occidental en dehors de la télévision, ce qui entraine des excès dans la manière dont sont rapportées les catastrophes à la télévision.
On touche quelques points sensibles ici. Je ne reviens pas sur les premières "conclusions" mais concernant les deux derniers points...
Un nouveau problème se pose dans la représentation de la crise en Irak : est-ce que le pays est encore en guerre ou non ? Si l'on recoupe les informations données par les différents médias, il semble apparaître que c'est la région de Bagdad essentiellement qui demeure dans un état de quasi-guerre civile. Mais on nous a souvent répété qu'il était fortement déconseillé aux journalistes d'aller à tel ou tel endroit du pays (vers la frontière syrienne par exemple). La question se pose donc de savoir si les impressions qui ressortent sont correctes. Bagdad est-il le seul point noir d'Irak ou le fait que les journalistes soient de moins en moins nombreux sur place entraine-t-il une déformation de la réalité ?
Bon, là ça dépasse un peu le cadre irakien et je vais un peu me faire l'avocat du diable, donc merci de ne pas me tomber dessus non plus

L'absence de violence dans notre société apparaît comme un point particulièrement important. On assiste chaque jour à un déferlement d'actes violents aux infos et dans le même temps on souhaite éradiquer la violence de notre quotidien (la bulle dont parle Joma). Le discours médiatique sur la violence n'est-il pas candide ? Est-ce qu'on ne se coupe pas d'une certaine réalité "humaine" en supposant que la violence ne doit pas faire partie de notre environnement (en s'horrifiant de chaque acte perpétré) ? Est-ce une forme "d'éducation médiatique" à laquelle on assiste ou bien une exploitation de sentiments voyeuristes par la télévision ?
Sullivan a écrit :Parce que si la France parle d'elle, alors elle a de la valeur. Si elle a de la valeur, ça vaut la peine de négocier sa libération, on pourra en obtenir quelque chose d'intéressant.
Je crois que personne ici ne discute le fait que Florence Aubenas a de la valeur :) C'est une vie humaine, elle mérite donc d'être valorisée, c'est une évidence ! Tu as raison de le rappeler.
Maintenant, la question qui se posait ici, c'est surtout celle des valeurs "annexes" que représente Florence Aubenas (et son interprète). Est-ce qu'on se bat pour elle parce que c'est une journaliste ou parce que c'est une femme ? Reporters Sans Frontières invoque la Liberté d'Information pour justifier la mobilisation, mais cela lui donne-t-elle une valeur supérieure à celle d'un autre otage (en Irak ou ailleurs dans le monde) ?