"Dans la tête du tueur": référé contre TF1 mercredi matin à Paris
L'audience en référé intentée par l'avocat de Francis Heaulme contre TF1 en vue d'obtenir l'interdiction de la diffusion du téléfilm "Dans la tête du tueur" aura lieu mercredi matin à 09H30 au tribunal de Paris, a annoncé Me Florent Girault à l'AFP. Le téléfilm qui retrace le parcours du tueur en série incarcéré à Metz doit être diffusé jeudi soir par la chaîne. Dans son assignation un référé d'heure à heure, une procédure d'extrême urgence, Me Girault souligne que son client "n'a même pas été consulté lors de l'écriture du scénario" du téléfilm et "que le récit de sa vie "ne saurait être exposé sans son accord". Il ajoute que Heaulme entend "prévenir l'atteinte à sa vie privée, à son image et à son honneur" ainsi qu'un "lynchage médiatique" que constituerait selon lui la diffusion de cette fiction. Me Girault, qui a défendu Heaulme lors de son dernier procès à Reims en décembre, précise agir également au nom de la soeur du condamné, Christine, en raison du "tort" que lui ferait cette diffusion. Il estime que le réalisateur et le scénariste ont méconnu l'article 9 du code civil sur le respect de la vie privée qui "a vocation à s'appliquer quelle que soit la notoriété de l'individu et quelles qu'aient été les circonstances de cette notoriété". "M. Heaulme, malgré sa condition de détenu, mérite comme chacun la protection de son image", souligne-t-il, évoquant également "un droit à l'oubli", une notion consacrée selon lui par la jurisprudence. Me Girault avait fait état lundi de discussions avec la chaîne privée en vue d'une éventuelle indemnisation du tueur en série, mais TF1 avait démenti. La chaîne s'est refusée mardi à tout commentaire. Le dernier et neuvième procès d'assises du "routard du crime", 45 ans, condamné déjà six fois pour meurtre, dont deux fois à perpétuité, a eu lieu en décembre 2004 à Reims. Il a été condamné à 30 ans de réclusion pour trois meurtres commis dans la région. Dans le film réalisé par Claude-Michel Rome, Thierry Frémont incarne Heaulme tandis que Bernard Giraudeau interprète l'enquêteur Jean-François Abgrall, qui a mis fin à la cavale de Heaulme en 1992. Le livre "Dans la tête du tueur" de Jean-François Abgrall a largement inspiré le téléfilm. "Le film et l'interprétation de Heaulme sont fidèles au personnage", a-t-il déclaré à l'AFP, s'étonnant d'"une défense tardive" alors que le tournage de la fiction, sur laquelle il était consultant, n'a jamais été tenu secret.
Source: AFP 2005
Claude-Michel Rome a choisi, au contraire de Nicole Garcia et Laurent Cantet pour leurs films sur Jean-Claude Romand, la transparence, provoquant du coup une polémique et soulevant une délicate interrogation:
entre l'atteinte à la vie privée de Francis Heaulme et la censure pure et simple du téléfilm, quelle idée de la liberté d'expression est-il plus important de défendre dans ce cas?
Pour ma part, en considérant les exemples que j'ai cités, je trouverais d'une hypocrisie et d'une cruauté effarantes d'obliger l'équipe à retourner une oeuvre vraisemblablement aboutie en procédant à des modifications circonstancielles. TF1 devrait compenser en avertissant que la fiction est inspirée d'un personnage réel mais la non-diffusion serait radicale et injuste pour ceux qui ont travaillé sur ce film.
Réponse donc demain, en espérant ne pas nous voir ôtée l'unique chance de regarder une production télévisuelle de qualité sur la chaîne depuis...
- d'autant je me suis déjà préparé ma petite "soirée Luchon" avec le film et "Un Amour à taire".
C'est bien mieux que Navarro ou Julie Lescaut, donc à encourager !
