Les problèmes de la fiction française

Discussions sur l'actualité de la télévision et réflexions sur ses programmes. Le site du <a href="http://www.a-suivre.org/_archives/flt/" target="_blank">Front de Libération Télévisuelle</a> se consacre à ces questions.
Verrouillé
Zmaster
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Message par Zmaster »

Article très intéressant de Sullivan sur la page du FLT : http://www.leflt.com/actualites/?p=article.php&art=329
Très bon résumé des enjeux des trois pôles créatifs et de la neccesité de penser la télévision française autrement, pour espèrer aboutir à des résultats exprimant une véritable créativité.
Amrith
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Rude

Message par Amrith »

Je sais que ça va paraître un peu brutal voire irréfléchi après un article aussi neutre et bien fait que celui de Sullivan, mais voilà une autre interprétation complémentaire du "problème" de la fiction française :

Gagnant du Prix Junior du Meilleur Scénario 2005 :
La Frégate

Alexandre a quinze ans et vit la vie comme une guerre, coincé entre les coups de son père et la violence au travail. Pour échapper à ce quotidien sans répit, Alexandre fait de l'aviron sur la Meuse et il n'a qu'une obsession, gagner à tout prix les championnats de Belgique d'aviron.
Il parviendra finalement aux championnats, grâce à l'amitié avec Tarik, avec qui il fait équipe dans le même bateau d'aviron. Il découvrira aussi l'amour avec Murielle même s'il lui faut tout réapprendre. Réapprendre à parler, réapprendre à pleurer. Car ne jamais pleurer, c'est ne jamais vivre…


Pendant ce temps, Prix Coup De Coeur du Forum Des Auteurs Européens :
Ouest

Marc Alvarez, mécanicien au chômage, a enfin retrouvé un emploi. Pour sa famille, il est chauffeur d'un couple de retraités en voyage dans le Finistère. Le véritable travail est bien trop insolite et dévalorisant à ses yeux pour qu'il leur dise la vérité. Une femme l'a embauché et lui demande de lui décrire chaque jour, au téléphone, un endroit différent du littoral. D'elle, il ne connaît que la voix. Tâche douloureuse, déstabilisante… mais très bien payée. Pourtant, le besoin d'argent ne sera pas assez fort face à cette plongée dans l'inconnu. Désireuse que Marc puisse aller jusqu'au bout de son contrat, la femme acceptera de lui révéler une partie du mystère. A lui de choisir laquelle. Le choix de Marc révélera le cheminement intérieur parcouru durant ces quatre semaines...

Prenez toutes les compétitions, tous les concours de scénarii, qu'ils soient pour le cinema ou la télévision, et c'est toujours la même chose depuis vingt ans. Ce ne sont pas des thématiques audiovisuelles qui l'emportent, mais des thématiques pompeuses de romans français du siècle dernier.
Donc le problème c'est aussi ça : un monde sclérosé par des dinosaures qui jettent votre script à la poubelle à partir du moment où il ne raconte pas la vie d'un agriculteur solitaire dans le Val D'Oise qui tente de survivre à la concurrence de la grande distribution. Pour mettre un peu de piment, on met que le fils est le PDG du supermarché, on rajoute des histoires de délocalisations pour faire le petit message social de mes couilles afin de noyer le poisson du vide abyssal, et on injecte parfois une histoire d'amour avec une bergère parce qu'il faut le quota de jeunes femmes pour contraster avec le vieux moustachu et voilà que c'est tipar. Donc, en des termes beaucoup moins étayés, beaucoup moins objectifs, beaucoup moins élégants que ceux de Sullivan, le problème c'est aussi un milieu français de MERDE avec des goûts de CHIOTTES, qui confond télévision et littérature et qui se galvanise de scripts qui sont en fait des romans déguisés, toujours portés sur l'émotion et les personnages puisque c'est ça un roman pas vrai.
bubu
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Message par bubu »

Je sais que ça va paraître un peu brutal voire irréfléchi après un article aussi neutre et bien fait que celui de Sullivan, mais voilà une autre interprétation complémentaire du "problème" de la fiction française.

Les deux interprétations (celle de Sullivan et la tienne)existent et sont liées car c'est presque le serpent qui se mort la queue (ouais, revoilà notre cher ouroboros).

Ne serait qu'au niveau du court-métrage (dans lequel je suis plongé en ce moment), qui est la base pour tous les gens qui font de la fiction, les aides financières ne vont qu'à des films à caractères sociaux (et les prix souvent aussi d'ailleurs). Le reste n'a droit à rien... :~
Donc le renouvellement à la base se fait difficilement puisque que ceux qui veulent faire "autre chose" doivent se démerder avec des bouts de ficelle pour un avenir bouché.

Par contre, les producteurs de cinéma n'ont pas tous les mêmes vues de ce type de productions. Au contraire, ils semblent avoir toutes les peines du monde à trouver de nouveaux talents (écriture ou réalisation) car ils ne trouvent quasiment rien d'intéressants au échelons inférieurs (à savoir les courts-métrages qu'ils ne comprennent pas et la télé qu'ils méprisent).

Bref, je vais pas m'étendre plus sur le ciné ni redire tout ce qui est mentionné dans l'article de Sullivan, mais dans les problèmes de la fiction française, il y a les deux.
Et effectivement, c'est très triste. :(
BuBu - Lyssa, ne crois rien de ce qui est raconté !
Lyssa - ah ? Tu n'es pas beau, intelligent, jaune, drôle et célibataire ?

Black_Widow : " je me suis endormie et j'ai bavé sur celui à côté de moi durant la séance! "


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Invité

Message par Invité »

Je découvre votre discussion en passant… D'accord avec vous: le réflexe "social" chez les décideurs est exagéré… Comme beaucoup ne savent pas lire (les sujets, les scénarios — croyant qu'un scénario doit se lire comme un roman, alors qu'un bon scénar est souvent la chose la plus ardue à lire), ils ne réussissent à voir l'intérêt d'un projet que si le message saute aux yeux et qu'il est digne d'un titre d'émission de Delarue.
Au moins sont-ils ainsi certains que l'auteur a "quelque chose à dire, voire à défendre…" Et tant pis pour les auteurs qui ont d'autres choses, plus originales, à dire et à défendre…

MAIS… MAIS… nombre d'auteurs (la majorité en fait), jeunes et moins jeunes, se contentent aussi de proposer des projets "décalés" ("autre chose" pour reprendre l'expression de Bubu), sans que le décalage ne soit autre que formel, donc artificiel, et dénué de terreau. Ces auteurs n'ont en fait rien de spécial à dire d'autre que "on en a marre de ce qui se fait, on veut faire autre chose"… Leur propos est souvent mince (à supposer qu'ils en aient un) — leur point de vue sur leur sujet et sur leurs personnages est souvent soit banal, soit absent…

L'orinalité ne se décrète ni chez les décideurs (style: "chers auteurs, faites nous des sujets décalés") ni chez les auteurs (style: "je vais leur faire un projet décalé"). Elle vient naturellement de ceux qui, ayant envie de s'exprimer et voyant la fiction comme LEUR moyen d'expression. s'épanchent à leur manière et laissent libre cours, non pas à leur imagination (ça c'est un truc de décideur ou de journaliste) mais à eux-mêmes.
mascotte
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Message par mascotte »

Le problème ne viendrait-il pas que les scénarii sont souvent mal ficelés. On ne va jusqu'au bout de l'idée. Parfois l'idée n'est pas mal, mais les dialogues sont un peu court ou la fin est bâclée. Alors pourquoi ? Faute d'argent ou faute d'esprit professionnel où on fait les choses à fond ?
Invité

Message par Invité »

N'importe qui peut avoir une idée géniale: les idées d'UN JOUR SANS FIN, d'ANTHONY ZIMMER, des deux LA VIE EST BELLE, de 6 FEET UNDER ou de ALF (tout ça au hasard), n'importe qui peut les avoir.
Le professionnalisme, les compétences, la bouteille, le talent, c'est de savoir les développer, les étoffer, les complexifier, les multiniveler, les renouveler à l'intérieur de la même histoire, et les mener au bout.
Et c'est une question d'argent car pour qu'un auteur puisse ainsi plonger dans son "truc" et le modeler, le remodeler, le démodeler à son image, il faut qu'il se sente serein (je ne crois pas que les chefs d'œuvre ne naissent que du désespoir présent) et qu'il ne soit pas contraint de se laisser distraire par d'autres projets pour faire bouillir la marmite.
Guigui le gentil
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Message par Guigui le gentil »

Anonymous a écrit :Et c'est une question d'argent car pour qu'un auteur puisse ainsi plonger dans son "truc" et le modeler, le remodeler, le démodeler à son image, il faut qu'il se sente serein (je ne crois pas que les chefs d'œuvre ne naissent que du désespoir présent) et qu'il ne soit pas contraint de se laisser distraire par d'autres projets pour faire bouillir la marmite.

Tout à fait !!! Mais ça ne démande pas des sommes forcément faramineuses (par rapport au coût de toute une production) tout de même à moins que l'auteur ait des goûts de luxe... En tout cas c'est comme ça que je vois les choses... D'ailleurs je me dis aussi tous les matins que j'aimerai bien être serein niveau marmitte pour bien dessiner (ça doit être bien de l'être) ;)
mascotte
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Message par mascotte »

Payez un bonhomme à pondre son truc sur 3 ou 6 mois, ça finit par coûter "cher", non ? (question naïve)

En fait non ma question est : comment sont payés les scénaristes ?
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Message par Invité »

Pour te faire une idée (et désolé, je ne parle qu'en francs):

une option d'un an sur un projet résumé entre 3 et 10 pages: entre 5.000 et 30.000 francs
la commande d'un synopsis de téléfilm, sans convention d'écriture de chaîne: entre 10.000 et 40.000 francs
un scénario de 52' pour la primetime, avec convention d'écriture de la chaîne: entre 100.000 et 150.000 francs (+ les droits d'auteurs à la diffusion)
un scénario de 90' avec convention d'écriture: entre 200.000 et 400.000 francs (+ droits d'auteur — et il s'agit de l'enveloppe globale: les scénaristes peuvent être débarqués en cours de route)
Pour une série, exemple d'une série de 6x52' feuilletonante de primetime pour le service public: écriture des 6 synopsis (6x15 pages environ), et environ 5 mois pour les écrire: 240.000 francs — mais l'auteur a de la bouteille.

Car tout dépend bien sûr de la notoriété du scénariste, des moyens de la société de production, et de la chaîne.
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Message par mascotte »

Merci mais tu as combien de temps entre la commande et la livraison ?

Quand tu commences à gagner entre 200 000 et 400 000 francs français (désolée mais je compte en francs suisses moi) par an, ça commence à être correct. Donc si tu as un an pour faire le boulot, tu gagnes ta vie (tu manges, tu te loges, tu pars en vacances sans problème :D) on peut espérer un scénario qui commence à tenir la route.

Alors où est le problème ?
Guigui le gentil
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Message par Guigui le gentil »

Il n'est pas rare que les scénaristes qui débutent et qui ont de bonnes idées soient également castré par le système de copinage et de piston qui existe... Tout comme les débutants qui sont payés au lance pierre et parfois pas payé du tout dans certains cas... Mais le mec qui est assez balèze pour être bien payé doit forcément avoir de la bouteille et pondre des oeuvres cultes comme Cordier juge et flic avec papi super star (je déconne mais si ça se trouve je ne suis pas éloigné de la réalité) :D
Invité

Message par Invité »

Comme je disais: ces sommes sont des enveloppes globales, mais le scénariste n'est jamais sûr d'aller au bout et de ne pas être débarqué. Il ne sait jamais non plus combien de temps le producteur, puis la chaîne, vont mettre pour réagir aux différentes étapes de son travail. Il ne sait jamais jusqu'à quel point on va lui demander de remanier son texte, pour l'amener à faire des choses éventuellement complètement différentes de ce qui était prévu au début — et contraires à ce qui le motivait initialement. S'il a de l'expérience, il sent très vite qu'on va l'orienter vers ailleurs, et donc il arrête les frais rapidement. Sauf s'il a besoin d'argent. Et s'il manque de bouteille, il se laisse courber l'échine, sans se rendre compte qu'on le désoriente, petit à petit, insensiblement.
Bref, il doit accepter d'autres contrats pour assurer ses arrières. Donc il ne peut pas se concentrer sur un seul projet. Donc il s'éparpille, ne se donne pas le temps de rêvasser, s'oblige à être devant son ordi à 9 heures le matin, et ça se sent au résultat.

Cela dit, l'auteur de Clara Sheller a eu tout le temps et toute la liberté pour rêvasser et écrire. Et ça a donné une sorte de remake de "premier baisers".
Guigui le gentil
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Message par Guigui le gentil »

Anonymous a écrit :Cela dit, l'auteur de Clara Sheller a eu tout le temps et toute la liberté pour rêvasser et écrire. Et ça a donné une sorte de remake de "premier baisers".

LOL ! ;)
Sinon cher invité, nous feras tu l'honneur de dévoiler ton identité : tu sais signer ses messages c'est bien aussi ;)
Phil
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Message par Phil »

Un petit signe d'espoir dans la fiction française ?

Samedi et Dimanche, France 3 diffuse en prime-time le téléfilm "La nuit du meurtre".
Il y a peu de thriller "français" et celui-çi semble recevoir beaucoup de bonne critique (presse) ;)
Vous aimez Desperate Housewives ? Alors vous aimerez Desperate Houseflies...

http://www.desperatehouseflies.com/episodes.html
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la vie devant nous

Message par Invité »

horseloverfat a écrit :oups, désolé, j'ai voté rien de tout ça, alors que j'avais vu age sensible. Par hasard, et ça m'avait bien plu, d'ailleurs j'ai mis plusieurs épisode à assimiler que c'était bien de la télé française, vu que c'était bien foutu : bons scénars, des acteurs qui savent jouer, une réalisation, alors que c'était à l'heure de la serie "le groupe" qui elle est bien bien bien bien loin de tout ça. Voilà je réctifie l'erreur, et vais jeter un coup d'œil sur les series citées dans l'édito.
Un monde s'ouvre à moi ! :D
Verrouillé