Les raisons pour lesquelles Jéjé et moi n'apprécions pas cette auto-proclamée chronique sont antipodiques, mais c'est justement là l'intérêt d'en rajouter une couche. Le seul moment où nous convergeons, c'est tout simplement lorsque nous sous-entendons que ce texte est, au choix, incompréhensible ou bien tout à fait inintéressant. Le griot sceptique et peu concerné par notre image que je suis au FLT n'aime décidément pas le consensus flasque, ni cette moyennisation du discours, qui le rend insipide au même titre que toute diatribe issue des réflexes du sens commun. Avoir le même propos que n'importe qui, ça ne justifie justement pas la prise de parole en ces lieux. Je préfère encore la connerie bien balisée, dans un sens ou dans l'autre, à ce ton rassurant et à ces lignes en page-titre du site qui ne sont intelligibles que par leur auteur. Le texte est plutôt bien écrit, seulement l'idée est confuse du début à la fin et la question qui taraude le lecteur demeure : "Mais à quoi ça sert d'écrire ça ?". Désolé pour le sentiment corporatiste inexistant, mais pour moi ce texte est un échec matiné de bons sentiments abjects.
LeM a écrit :La télévision est un outil, un média, un meuble.
Cette phrase ne veut rien dire. On ne peut pas être simultanément quelque chose d'aussi futile qu'un meuble et quelque chose d'aussi crucial qu'un média. Si l'on veut donner l'impression d'avoir une idée directrice, il faut choisir ou bien se taire.
Alors même si cette phrase a un intérêt légitime car il est vrai pour les bonnes moeurs, une émission vaut mieux qu'un film violent (tout dépend l'émission), il faut quand même savoir ce qu'est la télé pour en parler.
Tout d'abord je ne comprends pas comment l'on passe d'une déclaration de l'iguanodon des Miss France sur les films violents à la violence dans les séries télévisées - à aucun moment la vieille peau putride n'évoque les séries télévisées. En outre le fait qu'une émission vale mieux qu'un film violent est très contestable sous cette formulation : il aurait mieux valu faire valoir l'argument qualitatif ici plutôt que d'invoquer les moeurs.
Non, toutes les séries ne sont pas débiles, non tous les anime ne sont pas violents, non X-Files n'est pas incompréhensible...
Je crois que le public français n'en est plus au stade où il considère les séries comme étant débiles. C'est FLT 2006, pas FLT 1999, les choses ont changé et continuer de dénoncer les tendances d'il y a dix ans revient à parler dans le vide - pratique inévitable lorsque l'on refuse de nommer ses ennemis. Idem pour les anime, qui quant à eux demeurent davantage fustigés, mais certainement plus pour le vieil adage de la violence qui s'est usé et que plus grand-monde ne revendique de nos jours. Bref, il y a comme une décade de retard sur le combat dans cette chronique. Pour X-Files, où là le propos est exact, cette tirade aurait pu être très bien si tu ne l'avais pas inconsciemment démolie la phrase suivante à cause d'une erreur syntaxique qui te fait finalement avouer que la mythologie pourtant évidente de X-Files est indigeste. Une maladresse de plus.
Certes, une émission baptisée "Les 100 Plus Grands..." a des chances de se voir affublée d'un bonnet d'âne mais dans l'ensemble, toutes les personnes qui râlent n'ont pas forcément raison.
Passage caractéristique de tout l'article. La formulation est telle que l'on pense que tu prends la défense des émissions de type "Les 100 Plus Grands". Et peut-être est-ce le cas, mais il est impossible de le savoir. Or il est évident qu'un texte dont l'idée, si elle existe, est incompréhensible n'a pas lieu d'être exhibé sur le FLT. Après une phrase telle que "Toutes les personnes qui râlent n'ont pas forcément raison", le lecteur se dit "Enfin une opinion !" et attend les arguments. Rien ne viendra. Tout est dépourvu de volonté ou de capacité à démontrer.
Je regarde autant de "merdes" (©FLT) que de bons programmes. Je sais faire la différence entre un bonnet d'âne et un "thumb up". Ce n'est pas une leçon de vantardise ni une leçon tout court. C'est une ouverture vers ce qu'on peut appeler l'intelligencia moderne.
Inutile de préciser que la dernière phrase de ce segment vaseux revêt pour moi la valeur d'un crime idéologique au coeur du FLT. Insinuer que suivre des programmes "Bonnets D'Ânes" - façon délicate de dire que leur stigmatisation est injuste - est une manière d'accéder à un degré de mâturité intellectuelle plus ample est une injure. En bas de chaque page du site je lis "Un grand merci à tous ceux qui nous aident à faire vivre l'idée que la télévision peut faire de la qualité" et en parallèle je subis ces défécations pseudo-cosmopolites qui nous encouragent à plébisciter des putasseries afin d'accéder à l'éveil spirituel et devenir de bons téléspectateurs impartiaux et ouverts. C'est tout simplement honteux et il ne faudra pas s'étonner éternellement, l'air béat, que le FLT ait peu d'adhérents ou de membres actifs tant nous abreuvons les visiteurs de paradoxes indéfendables : quel idiot fera confiance à une association incapable d'avoir une définition commune de cette fameuse "Qualité" ?
La pensée unique n'existe plus, elle a été remplacée par la pensée multiple.
La pensée unique n'existe plus où ça ? Pourquoi ? Depuis quand ? Est-ce que cette phrase a seulement une signification ? Il y a toute une succession d'affirmations sorties de nulle part et qui ne sont justifiées d'aucune sorte mais celle-ci est particulièrement frappante.
Doit-on fustiger le divertissement ? Doit-on fustiger les drama ados ? La télévision doit-elle s'adresser uniquement aux Grands Esprits ?
Enième saloperie inconsciente, cette dernière fournée touche le fond. Ajoutons une question supplémentaire à ce simulacre d'argumentation par la rhétorique de comptoir : doit-on systématiquement poser les mauvaises questions comme LeM ? La dernière phrase est la plus dramatique : "La télévision doit-elle s'adresser uniquement aux Grands Esprits ?" Elle sous-entend une naturalisation initiale des individus en débiles et en cérébraux et explique qu'il faut des programmes pour les uns et des programmes pour les autres. Au lieu d'opter pour la perspective de programmes communs qui ELEVENT les gens plutôt que de les ECRASER, ce texte erroné issu du dogme du "Chacun Ses Goûts" nous offre une toute autre solution : que les débiles regardent ce qu'ils veulent, que les cérébraux regardent ce qu'ils veulent. Ce pacifisme scolastique qui est surtout celui de la paresse cognitive du teneur du stylo, ne sert absolument à rien. Tout problème est résolu par "Aimez-vous les uns les autres" et puis nada. Quand est-ce que l'on signale qu'une société politique ne peut pas se construire sur une dichotomie entre les programmes du cancre et les programmes de l'intello, mais seulement sur un programme commun ayant pour constante permanente l'élévation - pas nécessairement intellectuelle - du téléspectateur ? Quand est-ce que l'on signale que ces fameux programmes *divertissants* - euphémisme pour tailler une pipe à la Real Tv - ne sont que des banques servant à produire d'autres programmes *divertissants* ? Nulle part, le but c'est d'apaiser le conflit : en gros de parler pour ne rien dire. L'important n'est pas tant d'avoir une opinion que de se poser les bonnes questions. Tu as des opinions consensuelles sur des questions qui ne méritent pas d'être questionnées, alors forcément pour les passions on repassera.
Je le repète, ce n'est pas une leçon de choses mais une prise de conscience. Si on pense à une télévision intelligente, ne souffrirons-nous pas d'intelligencïte aigüe ?
Encore une fois, des mots en l'air. Le concept - rien que ça - d'intelligencïte aigüe est lancé à travers la ionosphère et on n'en entendra plus jamais parler. En quoi cette pathologie serait-elle négative, positive, neutre ? Apparemment ta prise de conscience souffre de carences qui ne concernent que les points importants.
Après tout, la vie est faite de pause, de regard vers le passé, de prises de conscience, d'interrogations, de rires, de pleurs.
Que c'est beau...
Mais concrètement, ça signifie quoi ? Que la télévision doit être fidèle à la vie de tous les jours, s'inspirer de l'expérience quotidienne ? C'est ce que ta phrase épurée semble vouloir dire, alors question : en quoi les émissions de divertissement dont tu lèches discrètement les fesses plus haut sont-elles réalistes ou bien conformes à la vie réelle ? Réponse, en rien. Et c'est là où tout s'effondre, et ta défense de la télévision nauséabonde avec, car cette dernière est tout sauf faite de la vie dont tu nous targues toutes les composantes.
Une télévision intelligente, on s'en mordrait les doigts de ne pas tout suivre et on finirait les yeux rouges devant cet écran.
Le niveau de réflexion ne fait que baisser... Tout d'abord tu statues de l'égalité entre les programmes, souhaitant que le *divertissement* et le *cérébral* soient considérés comme complémentaires et de même valeur, puis maintenant tu nous sors que le problème d'une télévision intelligente c'est qu'on devrait tout regarder - à l'inverse d'une télévision divertissante que l'on éteindrait donc. Tu te contredis toi-même, ou plus plausible, tu joues la comédie parce que l'intelligencïte toi tu peux parfaitement t'en passer.
Je ne sais comment exprimer la vraie pensée de cette chronique.
C'est toi qui le dit. Et à mon avis tu fais bien.
Ceci dit c'était peut-être justement une occasion de s'abstenir.
Une parenthèse entre ce que je ressens et ce que le FLT défend.
Je crains que le FLT n'ait rien à défendre en 2006 sinon la chaussée de son passage. La preuve la plus évidente étant que l'association te laisse poster une telle absurdité et approuve tacitement. En ce sens ce que tu ressens et ce que le FLT défend, c'est un peu la même chose : tout et son contraire. Bref, la direction du FLT est un neutron de charge nulle à l'image de ton texte que tu es le seul à comprendre - même si j'ai bien peur de l'avoir saisi sur certains vils contenus. No problem, tu dois avoir des fans.
La télévision est le médium par excellence, il est la presse, il est la radio.
Revoir la définition du terme "Être" pour écrire une phrase sémantiquement déchiffrable à l'avenir. Et stopper les fautes de frappe, ça fait pas sérieux sinon.
La télévision est le rendez-vous du soir par défaut.
Seule remarque intelligente mais qui n'a rien à faire avec le reste. Dommage, l'expression "Par Défaut" était bien choisie.
Peut-on changer TOUTES les mentalités en changeant la SEULE télévision ?
La vraie question c'est de savoir ce que l'on veut personnellement changer : les mentalités ou bien la télévision. Tu envisages de toi-même un objectif idéal qui n'est peut-être pas celui du FLT.
La télévision a commencé en étant intelligente mais était-ce parce que le monde l'était ?
Je suis d'accord avec le fait que la télévision était davantage... non pas intelligente, mais honnête et fair-play à ses origines. La disparition progressive des émissions retransmises en vrai direct ont tué cette télévision spontanée où le débat était techniquement possible, au profit d'une censure censurée qui porte le nom de contrôle. Aujourd'hui aucun dérapage, aucune intervention non permise, aucun hors-sujet, aucune image indésirable, aucun élément non-planifié n'est toléré à l'antenne, ce qui est le signe évident de la confiscation assouvie de l'instrument populaire par la sphère de l'actionnariat et des groupes privés. Un déni de démocratie orchestré plus ou moins inconsciemment dans les coulisses du plus puissant des pouvoirs. Il ne s'agit pas d'un changement d'intelligence de la télévision, il s'agit d'un changement de valeurs ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Ca nous mènera à la fois très bas et très loin.
Cependant, je me demande quand est-ce que le FLT a supposé que les gens étaient plus intelligents par le passé...