Le tout dernier épisode de MillenniuM a été diffusé en France. Une pure émotion et personnellement, une amertume, non seulement parce que cet épisode n'avait pas l'étoffe d'un serie finale, mais aussi parce qu'un but a été atteint par le FLT à la fin de "Goodbye to All That".
L'épisode manque de punch, à cause de son scénario pataud et sans grand intérêt pour un final de saison. Mais la tâche n'était pas très facile de transformer la seconde partie d'un épisode serial-killer en épisode semi-mythologique.
Le cobaye ayant hérité de la pensée d'Ed Kuffel, qui était si réaliste dans la première partie, et plutôt intéressant, devient ici plus basique et moins effrayant. Les scènes le montrant avec sa petite amie aveugle font malheureusement penser à du remplissage. Seul le pré-générique où il regarde la télévision en compagnie de ses victimes le crâne perforé, ainsi que sa discussion finale avec Frank lui redonnent un charisme adéquat.
Autre défaut, tout est décousu et plusieurs intrigues se mêlent en un même épisode. On constate que tout a dû être modifié dans l'urgence. Dans ce foutoir on a comme élément central le Groupe Millennium voulant prendre possession du FBI, d'une façon peu subtile mais l'Heure approche et ils ont pas le temps pour ça. Autre chose, on a remodelé l'esprit de Lucas Barr avec la mentalité d'un psychopathe en faisant régresser son stade intellectuel de développement. Personnellement je trouve cette idée scénaristique géniale et horriblement angoissante. Très mal exploitée, mais l'idée de départ j'adore ça. Le fait qu'on ne sache pas trop à quoi servent ces cobayes arrangent les scénaristes mais ont le mérite d'émettre une sourde appréhension.
Autre point négatif, trop de scènes superflues, que ce soit avec Lucas Barr dans sa maison ou les scènes de bureau répétées avec McClaren dont le personnage n'a pas progressé d'un pouce. Lent, chiant, et ça fait penser à du mauvais X-Files, à du Kersh in saison 8.
Dernier point contraignant, le manque d'idées nouvelles. Watts étant stoppé dans sa recherche informatique par le Groupe et menacé par le Groupe c'était déjà dans le season finale précédent. Et puis Hollis n'aura toujours pas passionné les foules.
Passons aux points positifs de l'épisode, parce qu'il y en a assez pour faire de "Goodbye to All That" un bon épisode.
Un Frank Black énervé pour de bon ! Il tire des coups de feu comme un malade au training du FBI, il hausse la voix contre Hollis, il balance par terre le matos du bureau de McClaren en lui criant qu'il lui met des bâtons dans les roues. Et surtout, il défonce le salon de Watts et le menace d'une arme dans une scène anthologique amenée à figurer parmi les plus frappantes de la série. La mise en scène, gros plan sur le visage de Frank sec, puis enchaînement direct sur Frank qui casse tout chez Watts au ralenti avec la musique hyper-tendue, c'est absolument génial : "Plus question de ramper devant le Groupe !". Super.
C'est bien là le point fort de l'épisode, les deux scènes Frank/Watts, aux dialogues magnifiques, à la réalisation parfaite. La seconde discussion dans la forêt évoque les meilleurs temps de la relation Frank/Watts dans la précédente saison, une discussion à la fois tendue et amicale, froide et chaleureuse, le tout orné de considérations sur la fin du monde et la dualité fin du monde physique/morale. L'alchimie parfaite, et l'on retrouve certaines réflexions sur l'apocalypse des valeurs inhérentes à la première saison, ce qui est extrêmement judicieux dans un épisode final.
Entendre dire Watts "Frank ne se tromperait pas." alors que ce dernier accuse le Groupe est vraiment soulageant. Il paiera de sa vie sa sympathie retrouvée, même si l'on peut avouer que sa mort est très peu spectaculaire.
Diverses scènes sont intéressantes, comme la confrontation entre Frank et Lucas Barr, ou bien le départ de Frank du FBI. Redevenant le free-lance des débuts, désormais opposé à Emma embrigadée par Millennium de force, tout était en place pour une quatrième saison de haut cru. La Fox en décidera autrement, mais pas les scénaristes virtuels de Dan Owen, qui exploitent d'ailleurs dans leur saison virtuelle le personnage de McGreevey apparu ici.
Et surtout, la scène de fin. C'est l'une des plus belles fins de toute la série, en fait c'est la fin idéale sur tous les points : les deux dernières minutes sont un chef-d'oeuvre qui est totalement dans l'esprit MillenniuM. La musique au piano est superbe, les images parfaites et surtout quel monologue ! Il faudrait dix pages pour commenter ce fabuleux monologue tant il est Chris Carterien. Nous sommes tous des bergers
- Notre cupidité n'a d'égal que notre bêtise et notre brutalité. Nous avons créé l'Apocalypse qui nous guette.
- C'est de la propagande !
- Non, des faits. Peut-être pas la fin du monde, mais la fin d'un monde digne de l'Homme.
Désormais, à la fois triste et ravi, je n'ai plus qu'une chose à faire. Me retaper la série en intégralité, c'est à dire faire ce que je fais tous les jours depuis des années. Et cette fois avec les 67 (+ crossover) épisodes sans faute
"Goodbye to All That" : 16 / 20
Hum.
MILLENNIUM ne mourra jamais et il y aura TOUJOURS de quoi en parler, et TOUJOURS des membres fans de cette série au FLT ! Ou bien que nous disparaissions dans la seconde
