Controverses
FEVRIER 2011
Par Sullivan Le Postec • 16 février 2011
Bienvenue au Village, le webzine des fictions télévisées européennes et francophones.

Un petit battement dans le planning des diffusions de grosse série européenne suffisamment riche et réussie pour qu’on lui consacre un dossier nous offre l’occasion d’une prise de recul.

Dans le dernier numéro de notre podcast – un numéro double, la seconde partie sera mise en ligne la semaine prochaine – nous nous demandons comment faire décoller cette fiction française qui patine, engluée sur place, depuis des années. C’est un débat difficile, technique. Un débat de spécialiste.
Sauf que les spécialistes ont beau débattre entre eux depuis plus d’une demi-décennie, rien ne bouge, ou si peu. Peut-être qu’il est temps qu’avec la part de naïveté et d’imprécision que cela comporte, le regard extérieur du spectateur, qui est le nôtre, vienne se mêler de tout cela avec beaucoup plus de force que cela n’a été le cas jusqu’à présent.

Force est de reconnaître que les professionnels de la profession, les vrais spécialistes, ont, au fil des années 90 et du début des années 2000, fait totalement exploser le système. Ils ont fait de la fiction française une ruine. Et depuis, ils ne se sont pas montrés capables de faire grand-chose pour la réparer. Comme si on n’était jamais sorti de la phase initiale d’hébètement, celle où l’on lève le pied pour contempler les carcasses de voitures sur le bas-côté.

Tout le monde sait depuis pas loin de dix ans que notre système est à terre. Les grandes réformes structurelles entreprises depuis s’élèvent à un magnifique total de zéro. Comme si ça allait s’arranger tout seul.

On assiste même souvent ces temps-ci, à ces expériences surréalistes où un responsable met à l’antenne un projet un peu original, un peu innovant, mais se met aussitôt à se lamenter partout et sur tous les tons si cela ne produit pas un hit dans les trois mois. Comme si ça pouvait être si facile. Comme si le public qu’on a pris ostentatoirement pour des couillons pendant plus de vingt ans allait pouvoir accorder de nouveau sa confiance instantanément. Ces responsables-là démontrent par cette attitude qu’ils n’ont pas changé leur logiciel. Qu’ils font toujours de la télévision pour des imbéciles, persuadés qu’ils constituent l’intégralité de leur public.

Inutile de dire qui est le vrai imbécile de l’histoire.