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21 Drum Street - Fans de Agent Carter, gardez vos larmes pour The Carmichael Show

N°56: #CoeurDePierre

Par Conundrum, le 15 mai 2016
Publié le
15 mai 2016
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Les consommateurs de séries en volume important ont vécu une semaine des plus difficiles. Entre votre tante qui ne pourra plus fantasmer sur l’air coquin de Nathan Fillion, les fans de Connie Britton qui s’enthousiasmait devant l’idée que Nashville allait être écrit par le duo à qui l’on doit thirtysomething, Once and Again et My So-Called Life, et les personnes qui connaissent par cœur les chansons de Galavant, les annonces d’annulation semblent avoir fait très mal en ce mois de mai.

Celle qui a fait le plus de dégât est probablement la décision d’ABC d’annuler Agent Carter.

Je peux aisément la comprendre, mais je suis loin de la partager. L’univers cinématique Marvel n’est qu’une grande illusion. L’Agence Tout S.H.I.E.L.D. semble être le grand frère sympathique mais qui fout un peu la honte de l’ultra-populaire Avengers. Les séries Netflix développent une identité très différente et indépendante de tout ce qui est autrement labellisé Marvel. Et puis, il y a Peggy Carter.

L’excellent personnage qu’on a découvert avec le premier film Captain America, s’est vue donner la possibilité de briller sans ce bon vieux Steve Rogers avec un court métrage puis deux belles saisons de la série qui la met en vedette.
Si le dernier épisode conclut l’arc de la saison et relance l’intrigue avec un joli cliffhanger, Peggy Carter, le personnage, a une belle sortie avec le dernier film de la trilogie Captain America, et avec une touche puissante et toute en nuance dans l’épisode d’Agents of S.H.I.E.L.D. qui fait suite au film. Et sur le temps de ces deux saisons, Agent Carter ne s’est pas que consacrée aux aventures de Peggy. Elle était aussi un habile reflet de l’état des univers cinématiques Marvel.

Le rebondissement majeur de "Le Soldat de l’Hiver" qui a transformé Agents of S.H.I.E.L.D. a montré la pertinence de comprendre les origines de l’organisation. Mieux encore, l’arc de Black Widow dans l’Age d’Ultron, le second film Avengers, prend encore plus de profondeur lorsque l’on a suivi la première saison d’Agent Carter.
Si la série n’a pas la conclusion qu’on aurait pu espérer (voir Peggy fonder la fameuse agence), tout l’arc de Peggy Carter était la meilleure exploitation de la synergie des univers Marvel. Et avec cette belle fin, l’annulation de la série prend tout son sens.

On oublie souvent que lorsqu’on se lance dans une série, nous avons le risque élevé de ne pas avoir une intrigue avec une fin, digne de son nom ou tout court. Les annulations, les déprogrammations, les fins qui arrivent trop tôt ou trop tard sont des dangers qui touchent toute production télévisuelle.
C’est là que Agent Carter affiche sa différence. Le personnage n’est pas né dans une série, et la fin de son arc n’a pas lieu dans la série. Les 18 épisodes sont deux arcs mettant en scène le personnage de manière intelligente. La première saison lui permet de faire son deuil de Steve, la seconde de s’affirmer en tant que femme d’action maitresse de la situation. Mais si ses débuts on eu lieu en dehors de la série, il n’y a pas à s’étonner que sa fin (même provisoire) a lieu dans le même cadre.

La série avait un grand nombre de qualité. A son paroxysme, ses héros étaient une femme, son associé maniéré, une agent qui n’avait pas besoin d’avoir la plastique d’une Jennifer Garner pour casser du malfrat, un type à béquille et une scientifique bougon. En plus d’être bien écrite, son message, subtil, était un vent d’air frais dans une univers rempli d’anti héros. C’était ma production télévisuelle Marvel favorite, mais elle ne me manquera pas.
J’ai eu mon histoire complète, elle ne m’aura jamais déçue comme Phil Coulson l’a fait et le peu d’épisodes me fera la revoir avec plaisir. Et puis 18 épisodes, c’est un de moins que My So Called Life, et 6 de plus que la version originale de The Office. Et avec si peu d’épisode, elle bénéficie d’un capital sympathie bien plus élevée que l’autre série Marvel d’ABC.

La suite aurait pu être encore meilleure, tout comme elle aurait pu nous décevoir. Il est assez étrange de faire le deuil d’une suite qui n’existe pas. A la place, on devrait honorer ce qu’elle nous a apporté.

Hayley Atwell a été une vraie découverte, a tel point que j’ai hâte de voir sa nouvelle série, Conviction. J’ai aussi découvert deux voix fortes que j’ai aussi vraiment envie de voir dans un autre registres, les showrunners Tara Butters et Michele Fazekas. Et, encore une fois, elle s’intègre parfaitement avec le visionnage de la trilogie des Captain America. Parce que son annulation, ainsi que toutes les autres à la date de la rédaction de cet article, ne me chagrine pas, Feyrtys a lancé le hashtag #CoeurDePierre sur Twitter. C’est peut-être vrai, nous ne sommes pas perdusiens pour rien, mais il y a aussi autre chose que l’affectif qui rentre en ligne de compte.

La seule annulation dont je ne suis pas remis est celle de Law and Order et je pense que The Carmichael Show la rejoindra si elle a le malheur d’être annulée.
C’est peut être hypocrite après tout ce que je viens d’écrire, je ne suis pas perdusien pour rien, mais il y une profonde différence entre ces séries et Nashville, Castle et même Agent Carter. La télévision, avec son incapacité à garantir une fin, est le terrain parfait pour les séries à thèmes et moins celles sérialisées de par leurs intrigues. Comme SVU, The Carmichael Show est une série qui aborde des thèmes de société, qui débat de manière intelligente et qui est un reflet capsule de notre monde à un moment donné. En partant de ce postulat, il n’y a pas de fin naturelle en vue. On peut faire coïncider la fin de la série avec un événement majeur de la vie d’un personnage, mais on ne la suit pas pour leurs aventures amoureuses ou familiales.

Pendant une vingtaine de minutes, nous allons entendre de manière drôle mais surtout honnête des opinions qu’on partage ou pas sur un sujet qui n’aura pas de conclusion naturelle et définitive. Et ces séries, de par leur importance dans la discussion et l’éducation qu’elles apportent, doivent rester à l’antenne le plus longtemps possible. Il s’agit d’intérêt public.

Ce type de séries, rare, devrait être à l’antenne le plus longtemps possible. L’affectif est bien sur important lorsqu’on regarde une série, et nous avons rarement envie d’arrêter quelque chose qui nous plait.

Mais il faut se rendre à l’évidence, il a eu d’autres séries avec My So Called Life, Firefly ou Wonferfalls, et elles n’ont pas quitté notre esprit. A une époque où les chaines respectent de plus en plus leurs productions en évitant de les déprogrammer après un ou deux épisodes, Agent Carter a un eu une belle intrigue solide qui a eu une fin plutôt naturelle qui a eu un impact majeur dans le dernier Captain America, Civil War. C’est sur que dans le brouhaha médiatique autour du film, il est facile de l’oublier, mais c’est ce que je retiens le plus du film. Et ça, c’est en grande partie grâce à ces 18 épisodes.

Pour ma part, je garde ma colère et ma tristesse pour l’annulation potentielle de The Carmichael Show qui brisera mon #CoeurDePierre. Je fêterai la fin d’Agent Carter avec un revisionnage estival.

Conundrum