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Agents of S.H.I.E.L.D. - Ça s’améliore vraiment... En Saison 5

Past Life: Y’a-t-il (encore) un Agents of SHIELD dans l’avion ?

Par Max, le 1er mars 2018
Par Max
Publié le
1er mars 2018
Saison 5
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Comme beaucoup, vous avez largué la série comme une chaussette qui a perdue son âme sœur dans le tambour de la machine au premier lavage (ou la première saison). Esseulée, elle ne valait plus grand chose si ce n’est pour des blagues à deux francs six sous (cette expression est sponsorisée par ma grand-mère). Mais cinq ans après et cent épisodes plus tard, où en est Agents of S.H.I.E.L.D. ?

C’est un conseil que tout sériephile (ou autre créature qui ne regarde peu de séries, si si, ça existe) déteste : ça s’améliore après quelques épisodes. Bon, il en faut une belle poignée. 17 pour être précis [1]

Il a fallu que le cinéma vienne à la rescousse de la série pour qu’elle prenne du poil de la bête. Mais pas que cela devienne un film de 18 heures, non. À la fin de sa première saison, Agents Of S.H.I.E.L.D. (ou SHIELD maintenant) parvient à trouver un certain équilibre avec les répercussions de Captain America : Winter Soldier pour ensuite décoller. Et à ne plus avoir besoin de la fragile béquille du pendant cinématographique.

Contrairement aux films, sa qualité vient de son histoire et de ses personnages, tous approfondis jusqu’à former un tout cohérent et réellement excitant. L’équipe qui voyageait à bord d’un avion ultra-équipée est parvenue à prendre son envol une fois qu’elle a pleinement acceptée qu’elle ne serait pas un élément clé du Marvel Cinematic Universe. Et c’est tant mieux.

Parmi tous les arcs narratifs qu’elle nous a donnés, et il y en a un certain nombre de réussis (Simmons coincée sur une planète lointaine, Kyle MacLachlan en vilain méchant pas dans un film de 18 heures, presque toute la saison 4 et sa propre version vraiment bien exécutée de Matrix), la série arrive dans sa cinquième année à se renouveler à nouveau.
Et pour cause : elle part dans l’espace !

Mais ici, pas question de nous pondre une version cheap des Gardiens de la Galaxie. Non, avec son arc se concentrant sur les Kree, race alien à la peau bleue, à l’intelligence suprême et aux super-vilains (forcément) comme Thanos, Agents of SHIELD plonge dans la mythologie marvelienne (et la sienne), là où les films n’ont pas réussi à étendre leur horizon. Quand le Coulson & The Gang (à l’exception de Fitz) est envoyé en 2091 après la destruction de la Terre par Daisy “Tremblement De Terre” (aka Skye la hackeuse / Daisy Johnson l’orpheline au père bien bien méchant / Quake l’Inhumaine aux ondes sismiques désormais), le gang doit sauver ce qui reste de l’humanité des Kree, qui réinvestissent les bonnes vieilles méthodes de tonton Hitler, cette fois-ci sous les traits du Schtroumph Affreux, plus connu sous le nom de Kasius.

Meilleur est le méchant, meilleur est l’histoire

Il y a quelque chose de particulièrement jouissif avec ce Big Bad, tout comme tous ceux que la série a proposés (ou presque) : son origin story. Entre complexe d’Œdipe, rancœur fraternelle et comportement de petit pignard dans un magasin de jouets (il veut les meilleurs combattants, donc Daisy et asservir les meilleurs esclaves, apparemment Simmons, rien que pour plaire à Papa), Kasius s’impose non pas comme un dieu surpuissant ni un pantin facilement battu mais comme un personnage à part entière de cette saison, capable de rebondir. Il cristallise autour de lui les menaces qui pèse sur l’équipe et l’humanité pour donner corps à une intrigue aussi divertissante qu’imprévisible.
Entre la foire aux bêtes, pardon, aux Inhumains et le système totalitaire, il donne un réel sentiment que loin du présent et de la Terre, la situation semble sans issue.

Celle qui ne voulait pas de l’équipe FX de Once Upon A Time

Mais c’était sans compter sur nos durs à cuire (presque littéralement), notamment Fitz qui, délaissé sur Terre, remue ciel et temps pour retrouver sa douce Gemma (et accessoirement, ses ami·es). C’est également l’occasion pour Yo-Yo, inhumaine qui maîtrise la téléportation mieux que Paige Halliwell, et Mack, le Monsieur Propre de l’équipe, apparu en saison 2 mais réellement étoffé lors de l’arc Framework l’an dernier, de prendre réellement les devants cette saison. Outre une histoire d’esclavagisme futuriste et d’apocalypse temporelle nappées de relations émouvantes se reposant sur des duos de personnages assez épatants, Agents of SHIELD pallie son manque de moyens financiers et techniques par une écriture fine et un dynamisme faisant clairement de l’ombre à ses homologues de grand écran. En témoigne les chorégraphiques des scènes de combat :
— la lutte à mort entre Daisy et Sinara (seconde en chef et amante exquisement affreuse de Kasius)
— May dans l’arène encore plus forte que Gladiator (formidable Ming-Na).
— Mack et Yo-Yo sauvant la journée tranquillement (et l’humanité) contre Kasius.

Bref échantillon de ce que la série peut délivrer en plus de punchlines whedonesques et désormais à propos, là où, en saison 1, elles étaient aussi forcées que la présence de Michael Rapaport dans n’importe quelle série.

Timey-Wimey Wibbly Woobly

Mon seul problème avec cette saison est qu’elle ne s’est pas encore positionnée complètement sur le voyage dans le temps. Sur l’échelle The Flash, on est quand même à un autre niveau mais elle doit pouvoir pour son centième épisode (le 9 mars prochain) rectifier le tir et nous expliquer tout son gloubi-boulga entre les flashbacks d’un passé qui est leur avenir mais qui a déterminé le présent futur dans lequel ils sont et sont destinés à revenir. Oui.. d’où le besoin de clarifications que Simmons et Fitz vont gentiment nous donner.

Par exemple, May rencontre The Seer aka Robin, qui est sa fille qu’elle aura mais qui est déjà vieille et morte. Bon, en soi, ce n’est pas compliqué à comprendre (ni à faire, un bébé). Mais l’impact émotionnel est moindre quand survient la tragédie parce que l’enjeu n’est pas dans la relation mais sa possibilité (ou non s’ils parviennent à empêcher l’apocalypse). À vouloir complexifier son récit, la série sacrifie parfois l’évolution de ses personnages (mais on aura toute une saison pour remédier à cela).

En somme, Agents of SHIELD parvient de saison en saison et même de semaine en semaine à construire et déconstruire son identité, jusqu’à ne pas hésiter à réécrire ses personnages les plus problématiques (Daisy), à mettre en retrait ceux qui ont été surexploités (Coulson) et ainsi mettre en avant ceux qui ont encore beaucoup à dire (Mack et Yo-Yo cette année). Bref, elle en a dans le ventre.

À l’aune de son centième épisode et d’une nouvelle Marvel-ère, Agents of SHIELD a un défi de taille, rester pertinente dans un univers dans lequel elle détonne, se détache (et tant mieux). Si elle parvient à divertir avec la même fougue que ce qu’elle nous a proposé en ce début de saison, je ne me fais pas quand à la capacité de Coulson à être plus cool que Tony Stark, May être encore plus badass que Black Widow tout comme Fitz et Simmons plus profonds et émouvants que … oui, dix ans de films.

Vivement que Daisy les fasse tous quaker !

Max
Notes

[1Drum dans ses points sur la série en fin de saison 2 et début de saison 4 est un peu moins indulgent.