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Agents of S.H.I.E.L.D. - Ça reste bon... En saison 5

The End: Le point pas final

Par Max, le 30 mai 2018
Par Max
Publié le
30 mai 2018
Saison 5
Episode 22
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Pas de claquement de doigts, pas de super gant mais elle aussi avec une grosse pierre volatile bien dangereuse : l’Agence sans SHIELD vient de casser la baraque (mais pas la Terre) avec son dernier épisode. Et on l’en remercie.

Alors que le Marvel Cinematic Universe arrive à la fin d’une phase d’ampleur, Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. atteint elle aussi la fin d’une ère avec sa cinquième saison. Après le récit épique d’un voyage dans le futur qu’il faut désormais empêcher, elle a fait de sa prophétie à rebours une intrigue menée à la baguette et à la finalité tout aussi satisfaisante.

Bien que coupée en deux parties - une dans le futur apocalyptique et l’autre dans un présent qui l’aurait causé -, cette cinquième saison forme in fine un tout cohérent dont ce final est tout autant l’acmé que la conclusion logique. De nombreuses storylines dont on pensait connaître la finalité viennent donc se fermer, avec quelques surprises en stock.

Apocalyspe ? We’ve all been there

Les enjeux étaient plus élevés que jamais pour ces derniers épisodes : empêcher la fin du monde. Rien que cela. C’est une montée en puissance que beaucoup de séries SF ou fantastiques ont exploitée avant elle et exploiteront à nouveau. On se souvient de celles de Buffy notamment, avec émotion.
Mais là où la série y apporte sa patte, c’est par son approche du voyage temporel, approche maîtrisée et qui ne déçoit pas au bout du compte. L’équipe sait où et comment tout cela doit se finir : l’explosion de la Terre par The Destroyer of Worlds qui se révèle être General Talbot sous Gravitonium et non Daisy.
Elle parvient à l’empêcher, on en doutait pas (ou peu, la série ose tout).

Mais là où Agents of SHIELD surprend, c’est dans la manière dont elle n’oublie pas que les événements sont amenés à se répéter si le schéma n’est pas brisé. Après avoir goûté au sentiment déique par la connaissance de leur destin et donc de leur survie (notamment grâce à Yo-Yo et Simmons), les membres de l’équipe se rendent compte que la mortalité est au coin de la rue et perdent alors Fitz dans une scène déchirante (si vous ne pleurez pas, vous n’avez pas de coeur).
Ce traitement d’un sentiment de toute puissance parce qu’ils et elles ont visité le futur et savent qui survit, qui meurt, comment ils et elles y parviennent, imposent des enjeux d’un autre ordre : quel coût sont-ils et elles prêts à payer pour sauver la planète ou l’un·e des leurs ? Cela donne alors des scènes intenses où les dissensions dans l’équipe, de plus en plus présentes depuis leur retour et la prise de commandement de Daisy, explosent quand il s’agit de sauver Coulson. Par tout ce qu’elle a perdu ou s’est vu perdre dans le futur, Yo-Yo choisit le bien de tous là où Daisy ne peut se résoudre à sacrifier son mentor. Quelques détours et surprises sont au menu mais en somme, ils parviendront à faire les deux sans que cela paraisse être une facilité scénaristique : le monde et Coulson se portent bien à la fin de l’épisode mais ont l’un plus que l’autre, une limite à ce sursaut de vie.

Des soucis et des hommes

Agents of S.H.I.E.L.D. a toujours porté un soin tout particulier à ses personnages et nous ne sommes pas en reste avec ce dernier chapitre.
Bien sûr, la mort de Fitz touche plus qu’elle ne surprend, de nombreux éléments laissaient à penser qu’il allait y passer. Cela n’enlève néanmoins rien à l’impact que cela a, notamment sur la scène de fin ou lors de l’annonce à Simmons, déchirante.
Passée inaperçue, on peut également saluer la sortie de Zeke, leur petit-fils, dont on ne connaît pas le sort : est-il parti pour vivre sa vie dans un présent dont il veut tester toutes les saveurs ou a-t-il tout bonnement disparu parce qu’il n’est plus destiné à naître ? Sans paraître une question sans réponse, le sort en suspens de ce personnage montre que la série a pensé à tout.

Si la mort de Coulson, figure paternelle de tous ou presque, est un fil rouge maintes fois utilisée, ce finale l’utilise de manière à créer autant de suspense que d’émotion.
Le lien qui le lie à chacun est exploité avec parcimonie et beaucoup de justesse, surtout lorsqu’il s’agit de faire le point sur la relation mentor/élève et père/fille qu’il entretient avec Daisy. On lui donne également enfin la fin heureuse qu’il voulait avec May, couple ayant finalement peu joué au will they/won’t they, sauf sur cette dernière salve d’épisodes, et qui paraît naturel quand arrive la fin, sur la plage, là où il devait finir dès le départ.

Même son vilain n’est pas plat. Talbot capitalise sur tout son historique dans la série, son histoire avec Coulson - et ses grands discours devenus ineffectifs - pour donner de la substance à son plan final. Sa relation avec son fils souligne alors que ses motivations ne sont pas maléfiques, seulement mal placées et contournant la notion de ce qu’est être un héros et un méchant.

‘We will return in a moment’

Compte tenu de tout ce qui est résolu dans ce final, Agents of S.H.I.E.L.D. fait face à un tout autre défi désormais : elle est renouvelée. Il va donc falloir qu’elle aussi elle se renouvelle. Sans que cela n’entache le sentiment d’avoir une parfaite conclusion, sans chose superflue, la série lance discrètement deux pistes pour sa sixième saison : la mort programmée de Coulson, parti pour une courte retraite avec May sur les plages de Tahiti [1] et récupérer le Fitz du présent qui, nous l’avions oublié, est toujours cryogénisé quelque part et n’a désormais plus de raison de l’être puisqu’ils ont sauvé le futur.

La série aurait très bien pu se terminer là, dans un finale chargé d’émotions, concluant avec brio une formidable saison équilibrant à merveille introspection des personnages et concept SF audacieux.
Elle m’aurait apporté un des plus beaux adieux que j’aurais pu espérer et je ne lui en aurais pas voulu de me laisser sur cela, des larmes et un sourire. Mais elle en a décidé autrement et, après une saison à troller avec une élégance et un humour fou le MCU et Infinity War, va devoir rattraper les wagons du prochain volet.
C’est cohérent et possiblement LA bonne idée qui peut lui offrir une nouvelle vie après ce volet épique. Il ne faudra cependant pas qu’elle se plie totalement aux règles dictées par les films sous peine de perdre l’identité qu’elle s’est forgée depuis la fin de la première saison et qui fait d’elle le meilleur élément de la franchise (oui, rien que ça).

J’étais impatient de voir comment la série allait se conclure tout en étant peu préparé à leur dire adieu tant j’aime la série, ce qu’elle peut faire, ce qu’elle est devenue.
Avoir eu cinq saisons avec les audiences qu’elle a tient du miracle. J’ai eu peur (et toujours un peu) de la voir se poursuivre alors qu’elle a délivré une très grande saison de télévision et qu’elle aurait pu partir à son apogée. Mais j’ai désormais assez confiance en Jed Whedon, Jeffrey Bell et Maurissa Tanchaoren pour trouver l’idée qui leur permettra de rebondir, quitte à aller piocher ailleurs.

Réponse à l’été 2019.

Max
Notes

[1Running gag qui court depuis la première saison et rattrape bien la manière dont Coulson est supposé être mort dans Avengers puis ramené à la vie pour le pilote.