Taking a Break from All Your Worries: Amour, Gloire et Battlestar
Le pré-générique était prometteur. Baltar, emprisonné sur le Galactica, est en proie à des visions de Chip Six pour le peu morbides : elle parvient à le convaincre de mettre fin à ses jours. Baltar se pend au plafond de sa cellule, et une vision cylonnesque lui parvient : il se voit être downloadé à la façon des cylons, dans un bain de glue pas très ragoûtant, et accueilli par tout un tas de Six. Le moment de surprise et de questionnement (mais alors, si c’est un cylon que personne ne connaît, pourquoi les Six se trouvent à son chevet, comment ont-elles su qu’il allait être downloadé ?) est court : on réalise que Baltar est en pleine hallucination lorsque les Six lui annoncent qu’il n’est pas un cylon mais un humain, et commencent à le lacérer et à tenter de le tuer.
C’est à ce moment que ce bon vieux Gaeta, qui rendait une petite visite impromptue à son ancien patron, le sauve de son suicide...
Combien de vies possède Gaius Baltar exactement ?
Ce qu’il possède surtout, ce sont des secrets cylons. Enfin, c’est ce que veulent découvrir Roslin, Adama et Tigh. Et pour cela, ils sont prêts à aller très loin. Laura, déjà, feint une hystérie qui m’a mise très mal à l’aise pour faire peur à Baltar. J’ai trouvé ça un peu « hors personnage ». Bien sûr, Laura a toutes les raisons de vouloir passer Baltar par l’airlock. Et je suis contente que cette référence à la saison 1 soit restée dans la série et soit encore utilisée. Oui, Roslin est la femme capable d’exécuter des cylons, et pourquoi pas des traîtres à leur solde. Mais la scène dans laquelle elle se met à hurler à l’encontre de Baltar avait juste des airs de Vol au-dessus d’un Nid de Raiders.
On reproche à la série depuis déjà plusieurs épisodes qu’elle a perdu son angle politique, celui qui la rendait si spéciale, au milieu des combats spatiaux et des questions de survie. La torture de Baltar aurait pu être un sujet politique. Laura et Bill aurait pu s’opposer sur ce sujet. Surtout que, je le rappelle, ils se sont quittés très fâchés dans le dernier épisode ! Sauf que tout est oublié dans l’épisode suivant. La Présidente n’est plus celle qui a caché des secrets de la première importance à Adama ? Tout est pardonné ? J’attendais un peu plus de cette confrontation. J’attendais un peu plus de cette trahison évidente. J’attendais surtout une opposition.
Deuxième point : où est Zarek ?? Je rappelle qu’il a redonné à Roslin la place de Présidente A CONDITION qu’elle ne le mette pas dans un placard et qu’elle le fasse participer ACTIVEMENT à la vie politique de la flotte.
Pourquoi ne pas avoir fait intervenir Zarek dans cette histoire ? Je suis sûre que son point de vue sur le cas Baltar aurait été intéressant (voire drôle).
Troisième point : pourquoi ne pas donner la parole au Doc ? Pourquoi ne pas le faire se révolter contre des ordres qui sont, il faut quand même l’avouer, à la limite de l’illégalité ?
Il y avait de nombreux points de vue à explorer sur la question de Baltar. A la place, on a eu des scènes d’interrogatoire sous LSD. Super. En plus, personne n’apprend rien, ni Adama et Roslin, ni nous, pauvres téléspectateurs.
Alors, à quoi bon ?
Le seul intérêt de cette storyline réside dans le rôle qu’y joue Gaeta. Discret comme toujours, il réussit presque à mener à bien son plan d’assassiner l’ancien Président... En se faisant passer pour un confident. C’est assez violent, assez émotionnel, et surprenant, mais dans le bon sens du terme.
A part ça...
Et bien à part ça, on passe de « pas super » à « ils veulent vraiment que j’arrête la série ou quoi ? ».
Parce que l’autre storyline de l’épisode ne concerne pas la famille Agathon. L’autre storyline ne concerne pas non plus la présence de Caprica Six sur le battlestar. Pourtant, qu’est ce que ça aurait été bien !!
A la place, l’autre storyline concerne le Carré Amoureux Maudit, comme l’appelle si justement Ju sur le forum. Le CAM est ENCORE au centre de l’épisode, avec son lot de dialogues éculés (« mais je t’ai épousée toi euh, c’est toi que j’aimeuh »), de plans mous sur des alliances, de non-dits et de regards "oh tellement lourds de sens".
Je ne sais pas si c’est parce qu’Anders est grand, beau, fort et musclé, et qu’il a un regard perçant, mais en tout cas, il est le seul à s’en sortir à peu près. Starbuck, Lee et Dualla deviennent à eux seuls tout ce qui ne va pas avec la troisième saison de BSG. Ils incarnent toutes les frustrations développées par nous, les fans de la série, à cause de tous les chemins pris par les scénaristes.
Au moins, Lee (ou était-ce Dualla) a le mérite d’avoir LA ligne de dialogue qui crie la vérité :
« This marriage was a lie ».
Et pas seulement ce mariage. Toute l’histoire qui unit Lee et Dualla, Starbuck et Anders, tout cela est une big fat lie. Non seulement des personnages jusque là à peu près aimables comme Lee et Kara se retrouvent marqués à vie par une bouletude absolue, mais un personnage creux et vide comme celui de Dualla perd encore un peu plus d’intérêt. Comment, dans un cas pareil, ne pas vouloir arrêter les dégâts ? Qu’est-ce qui pousse des scénaristes, des producteurs, à vouloir s’entêter avec des relations improbables entre des personnages devenus antipathiques ? Qu’est-ce qui les pousse à entraîner dans cette déchéance le personnage du Chief ?
Parce que oui, on apprend que les problèmes conjugaux sont foison sur le Galactica. Tyrol et sa femme, turtle woman comme j’aime à l’appeler (c’est sa coupe de cheveux qui m’a donnée l’idée de ce surnom), ont eux aussi des petits soucis. Et que font les hommes qui ont des problèmes de couple ? Ils vont se soûler au bar. Et que font les femmes qui ont des problèmes de couple ? Elles attendent patiemment que leurs maris rentrent, cuités, pour leur faire une scène sur un ton passif-agressif des plus détestables.
Tout cela est donc très profond. Très recherché. Tout à fait passionnant en d’autres termes !
KARA, LEE, DUALLA, DIE ALREADY !
On se fout de vos états d’âme. On se contre-fout de vos mauvais choix, de vos sentiments cachés, enfouis, de vos efforts pour garder un faux mariage en vie. On n’y croit pas une seule seconde, on ne croit ni en vos personnages, ni en vos dilemmes.
A une époque, on pardonnait son comportement à Starbuck parce qu’elle était le meilleur pilote de la flotte : elle pouvait se permettre son arrogance.
A une époque, on aimait Lee parce qu’il était l’idéaliste entre Roslin et Adama : on l’aimait parce qu’il était le fils d’un grand homme et qu’il avait tout lui aussi pour devenir un grand homme.
Mais aujourd’hui, Kara ne monte plus dans son viper pour tuer des cylons, et ne remet plus Tigh à sa place. Elle n’a plus aucune relation avec Adama, ni bonne ni mauvaise. Lee, quant à lui, est devenu un looser qui se soûle, perd son alliance dans les couloirs et s’humilie devant ses propres hommes, les hommes sur qui il est censé avoir une certaine autorité si je ne m’abuse...
En plus de cette déchéance, les deux personnages se mentent à eux-mêmes, et c’est probablement la pire des choses qui soit. Ca peut être intéressant le temps d’un demi-épisode, jusqu’à ce qu’un autre personnage ou un événement leur fassent comprendre qu’ils s’égarent, mais ici, ça fait trop longtemps que ça dure, beaucoup, beaucoup trop longtemps.
On a juste envie de les voir mourir. C’est tout. Et c’est mal.
Pour la peine, je laisse Ron D. Moore et son podcast là où ils sont. Je n’ai aucune envie de l’écouter essayer de justifier des choix ratés, des problèmes de budget qui l’auraient obligé à revoir les storylines, et je n’ai surtout aucune envie d’entendre sa femme dire à quel point la série est géniale alors qu’elle n’y comprend rien. Non seulement la saison 3 est la plus mauvaise de la série jusque là, mais si jamais ils parlent encore de Lee et de Starbuck dans le prochain épisode, je fais grève.
