Six of One: Coup d’Etat
The times they are a-changing
Je me plaignais dans ma dernière review de l’absence d’intrigue concernant les cylons, Ron D. Moore a au moins exaucé ce souhait ! On retrouve l’imitation d’un air de piano classique des vaisseaux cylons et avec elle, une situation des plus intéressantes : il souffle un air de rébellion chez les cylons, et le modèle Six en est à la tête.
J’aurais en voir davantage, d’une part parce que j’adore le personnage de Dean Stockwell (et que cet acteur fait du très bon boulot), et d’autre part parce que je trouve la société cylonne fascinante. Imaginons un instant que les Six, les Eight et les Two prennent la décision de supprimer tous les modèles qui ne sont pas d’accord avec eux, à la façon du génocide de modèle n°3 dans la saison passée ?
Ce qu’il y a d’intéressant avec les cylons, c’est que contrairement aux humains, leur capacité de survie semble très limitée. En cas de guerre intestine, un modèle aurait rapidement l’occasion de détruire un autre modèle, et ils se pourraient qu’ils s’exterminent de façon radicale et irrémédiable, ce que les humains, malgré des siècles et des siècles de guerre, n’ont pas réussi à faire. Un seul petit virus dans un vaisseau de download et ce sont des millions de cylons perdus à jamais. Les cylons sont fragiles, très fragiles même, mais aucun ne semble en avoir pris conscience.
Fascinant je vous dis !
La rébellion devait arriver, ce n’était qu’une question de temps. Elle avait déjà commencé au retour de Boomer, lorsque Caprica Six et elle sont devenues des héroïnes au sein de leur société.
Même si, pour un même modèle, la "programmation" est identique, le fait de pouvoir implémenter des souvenirs et des vécus différents, le fait que certains modèles vivent des vies différentes amène forcément des personnalités à se développer. Sharon, future Athéna, ne serait pas la même si elle n’avait pas été une copie de Boomer envoyée pour séduire Helo sur Caprica. [1]
Le vécu change les cylons, j’irais même jusqu’à dire que c’est en vivant que les cylons développent une conscience. C’est là que le déterminisme de la soi-disante programmation des cylons trouve ses limites. Caprica Six, Gina, Boomer, D’Anna et Leoben (par le biais de Starbuck), sont des cylons qui ont questionné leurs origines, questionné le monde, et surtout, qui ont vécu au sens le plus passionnel possible. Il semblerait que les autres cylons (majoritairement des modèles masculins d’ailleurs) soient moins enclins à remettre en cause leur condition et la raison de la poursuite de la flotte humaine. Cavil est certainement le modèle le plus intéressant parmi les modèles "obéissants". Celui qui se faisait passer pour un prêtre sur le BG est probablement le plus cynique et le plus franc quand il s’agit de parler des limites de sa condition. Il est celui qui est le plus proche du robot finalement. Il représente le déterminisme quand Boomer, Caprica Six, D’Anna, Leoben, Gina, représentent le libre-arbitre.
Ce qui n’empêche pas Boomer d’être d’accord avec Cavil sur le fait de devoir lobotomiser les raiders qui refusent de se battre pour protéger les Final Four… Ce qui est surprenant finalement, ce n’est pas qu’elle vote contre le reste des Eight, mais qu’elle vote pour une mesure hautement discutable avec comme seul argument le fait de vouloir se protéger contre les humains. Elle vote à l’encontre de son modèle, alors qu’elle avait jusque-là montré une volonté de paix et oeuvrait main dans la main avec le modèle N°6.
Un seul vote suffit toutefois à faire renverser la balance, et la proposition de lobotomiser les raiders est prise.
Ce qui pousse ce même modèle, ainsi que celui de Sharon (Eight) et celui de Leoben (Two) à prendre les "choses en main" et à retirer des centurions l’inhibiteur des fonctions supérieures, ce qui semble signifier qu’ils leur permettent de désobéir. Les modèles 1 (Cavil), 4 (Simon) et 5 (Aaron) présents dans la salle de vote sont alors assassinés par leurs propres gardiens.
Les raiders sont donc sauvés de la lobotomie et une bonne garantie que la flotte du Battlestar Galactica sera épargnée tant que les final Four se trouvent à bord.
Fare thee well gone away […] I’m a free born man of the USA
Il est vraiment dommage d’avoir du passer si peu de temps chez les cylons pendant qu’on s’endormait devant les scènes d’adieu de Lee… Surtout qu’il n’y a pas si longtemps, on nous disait que les survivants n’avaient plus le choix de leur profession, et qu’il y avait une telle pénurie de combattants qu’il fallait en recruter des nouveaux de toute urgence, même ceux qui y allaient à reculons et qui n’étaient pas fait pour ce métier. Mais Lee, lui, après avoir été Commandant du Pegasus, brillant pilote de Viper, brillant militaire, décide tout seul dans son coin que l’armée, c’est plus son truc, lui il préfère s’habiller avec des polos ultra moulants en col en V ! Je serais en train de devoir savonner les coques de Viper, j’aurais les boules, laissez-moi vous le dire ! Surtout qu’il rejoint le gouvernement, ce planqué ! Bientôt, on va avoir un Adama comme Président et un autre comme Chef de l’armée, mais à part ça, le pouvoir n’est pas devenu une oligarchie, noooooon.
A quand la révolution sur le BG ? La vraie révolution ! Le gouvernement leur répète assez que la priorité c’est la survie… Ce qui était vrai au début mais qui commence à se faire vieux, surtout quand c’est une Présidente qui se prend à nouveau pour la sauveuse de l’humanité qui est au commande et que personne ne remet en question ses décisions… Et que le seul à vouloir le faire, Bill, décide tout seul d’envoyer en mission secrète une probable cylonne, et accessoirement, même si elle n’était pas une cylonne, elle reste le meilleur pilote de toute la flotte…
Bon, au moins, si elle part toute seule dans son vaisseau, je n’aurai pas à supporter Katee Sackhoff en train d’essayer de montrer à un autre acteur qu’elle souffre et qu’elle est sur le point de craquer. Parce que franchement, sa scène avec Lee faisait mal aux yeux, en plus d’être inutile…
So long, Kara, don’t ever come back !
Et non, je ne confonds pas le personnage avec l’actrice, je n’ai plus 10 ans. Je sais faire la différence, merci bien. Dans cet épisode, elle était mauvaise, et franchement, en face de Mary McDonnell, elle fait carrément pitié ! Bon d’accord, elle n’a peut-être pas compris pourquoi son personnage avait ressenti le besoin de menacer la Présidente des Colonies avec une arme, tout ça pour lui avancer un argument tout à fait recevable en temps normal et qui se résume à « je suis allée à l’autre bout de la galaxie me faire castagner par une cylonne, tout ça pour récupérer ta putain de flèche, alors pourquoi tu ne me crois pas espèce de mégalo ingrate ? » . Je peux comprendre sa perplexité, moi-même je n’ai pas vu l’intérêt de créer un faux cliffhanger qui ne tient pas la route deux minutes.
Adama lui, décide de passer cet ultime caprice à Kara, ce que j’ai du mal à comprendre également, mais je peux essayer de faire semblant, parce que c’est Adama et que je ne veux pas que la série me ruine ce personnage comme Starbuck et Lee avant lui.
J’avoue, je n’ai aucune envie de savoir qui de Roslin ou de Starbuck a raison. J’ai comme l’impression que l’on finira par la voir, la Terre, donc je ne m’inquiète pas de savoir s’ils sont sur le bon chemin ou non. Le plus intéressant est le voyage, pas la destination, en tout cas pour moi dans cette saison. Mais des scènes comme celle entre Laura et Bill, ça oui, j’en veux plus. Je veux plus de Bill saoûl, je veux plus de Laura imbue d’elle-même et terrifiée par son cancer, je veux plus de personnages cassés, mais qui continuent à agir comme on imagine qu’ils le feraient parce qu’on les suit depuis quatre saisons.
Mes doubles, ma cylonne et moi
J’ai beau trouver James Callis très doué, j’avoue qu’en voir deux à l’écran me perturbe énormément. J’ai l’impression de regarder une parodie. Je n’accroche pas du tout à cette idée, mais alors pas du tout. En plus, je trouve que tout l’échange entre Baltar et son double aurait très bien pu avoir lieu entre Baltar et Chip Six. Donc je suis perplexe. Et perturbée. Je n’aime pas ça. Mais j’aime bien Tori qui pleure dans les bras de Baltar et qui semble croire ce que lui dit Gaius à propos d’un dieu unique. C’est un peu dommage que ce soit tout ce qu’ils aient trouvé à faire faire à Tori après deux saisons d’invisibilité, mais c’est quand même une bonne piste ; tout dépend du traitement qui va suivre.
Par ailleurs, j’aime assez que Tigh continue à être une vieille ordure cynique, mais j’aimerais vraiment beaucoup passer plus de temps avec Tyrol pour avoir l’occasion de me faire à l’idée qu’il est un cylon. Jusque-là, j’ai du mal. Ce sera peut-être pour le prochain épisode ! Espérons que les choses avancent vraiment.
[1] D’ailleurs, elle possédait tous les souvenirs de Boomer, y compris les plus récents concernant sa liaison avec le Chief, ce que je n’ai jamais vraiment compris était donné que Boomer n’était jamais morte et n’avait jamais eu l’occasion d’être downloadée avant le début de la guerre. Mais bon.