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Dollhouse - Critique de l'épisode 13 de la saison 1

Epitaph One: Joss Whedon, Éternel Optimiste

Par Ju, le 18 juillet 2009
Par Ju
Publié le
18 juillet 2009
Saison 1
Episode 13
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Disons que vous êtes Joss Whedon. Au cours d’un malheureux repas avec une jeune starlette au décolleté provoquant, vous êtes tombé par hasard sur un concept intéressant pour une nouvelle série télévisée. Qu’est-ce-que l’identité ? Est-ce-que nos souvenirs font de nous qui nous sommes ? Qu’en est-il de l’âme ? Vous avez même trouvé un titre : Dollhouse.

Avance rapide de quelques mois. Vous êtes devant votre télé. D’une façon ou d’une autre il va bien falloir l’avouer, votre concept a donné naissance aux aventures d’une choriste garde-du-corps et de l’insupportable diva qu’elle doit protéger. De votre amour-propre il ne reste plus grand-chose. De votre réputation, quasiment autant.

Pire encore, vous êtes devenu chauve.

Une seule solution. C’est la révolution.

Si je ne me trompe pas (et l’expérience tendrait à prouver qu’il y a une chance sur deux que ce soit le cas), Epitaph One, le dernier épisode de la saison 1 de Dollhouse, est né d’un malentendu. La version courte, c’est que les responsables de la FOX sont des cons, et que Whedon n’était pas encore au courant. La version longue, c’est que les responsables de la FOX sont des cons qui avaient commandé treize épisodes, puis ont décidé de remplacer le pilote réussi par un pilote raté, sans pour autant vouloir payer pour un épisode supplémentaire.
Du coup, le studio a raclé un peu ses fonds de tiroirs, et pour un coût très réduit Whedon leur a pondu le meilleur épisode de la série, histoire de satisfaire leurs contrats de diffusion à l’étranger avec le treizième chapitre promis, et de s’excuser auprès des fans de la première heure. La FOX étant la FOX, elle a finalement refusé de diffuser l’épisode en question, et il aura fallu attendre la sortie du coffret DVD de la première saison pour enfin le découvrir. Cet épisode. Le meilleur de la série.

Oui, ça valait le coup de le répéter.

Et tant que j’y suis, autant dire tout de suite que, malgré son budget restreint, Epitaph One est l’épisode le plus réussi visuellement de toute la saison.

Rien à foutre !

Epitaph One est la preuve d’une soirée un peu trop arrosée où Joss aurait dit à tout le monde d’aller se faire voir et annoncé qu’il allait faire ce qui le démangeait sans se soucier des conséquences.

L’épisode se déroule donc en 2019, parce que pourquoi pas, et nous fait suivre un groupe de survivants dans un Los Angeles post-apocalyptique. Parce que vraiment, allez tous vous faire voir. Au bout de trente secondes, quelqu’un s’est dit qu’il fallait quand même préciser aux téléspectateurs qu’ils étaient bien devant Dollhouse, du coup un panneau vient nous le dire. Mais heureusement, pas l’atroce générique, parce que vraiment, voir Dushku enfiler ses collants avec un air bête pendant que des gens tout sale assistent à la Fin du Monde, ça aurait été un peu déplacé.
Au cours de leur fuite, Felicia Day et son groupe de survivants tombent sur la Dollhouse abandonnée, et sur son Fauteuil à Flashbacks. J’ai l’air de me moquer, mais quitte à revenir en arrière, c’est plutôt honnête comme procédé. Et c’est à peu près là qu’on se rend compte que, selon toute évidence, Joss ne pensait vraiment pas que sa série aurait une deuxième saison.

Mais avant d’en venir aux flashbacks qui détruisent la série de la façon la plus génialement odieuse possible, arrêtons-nous trente secondes sur le Futur de l’Apocalypse qui rendrait Buffy jalouse (si elle n’était pas coincée dans un comic book tout foireux).
Comme j’essayais de le dire dans mon introduction, la saison 1 de Dollhouse est loin d’avoir su profiter de son concept. Globalement, il a fallu attendre le fameux sixième épisode, Man on the Street, pour que les vrais enjeux de la série soient enfin posés : la technologie de la Dollhouse est dangereuse. Faire passer les gens d’un corps à un autre, les stocker, les transférer, les améliorer, les faire vivre pour toujours, c’est potentiellement catastrophique. Et mâââââl. Alors utiliser uniquement la jolie chaise qui fait de la lumière pour des putes de luxe ou, pire encore, pour des sages-femmes de haute montagne, ça parait un peu trivial.
Epitaph One va au fond du concept, le pousse à bout, et détruit tout sur son passage, y compris la série.

En 2019, la technologie a été utilisée n’importe comment, et le Monde (ou au moins les gens superficiels qui habitent à Los Angeles) n’y a pas résisté. Là où un showrunner qui préparerait sa saison 2 se serait sans doute abstenu de trop en dévoiler, Joss et son attitude « Rien à Foutre ! » nous montre comment on en est arrivé là. Durant 45 minutes assez géniales.

Les révélations commencent vraiment avec la « vignette » la plus marquante, en ce qui me concerne, celle où Adelle apprend de son patron les nouveaux services offerts par toutes les Dollhouses devant un Topher qu’on n’avait jamais vu aussi sobre. Les clients peuvent désormais s’offrir une amélioration corporelle, un passage dans un nouveau corps, plus jeune, plus beau, en meilleure santé. A volonté. Et de façon légale, puisque Rossum contrôle tout, directement ou par leurs clients influents. Le patron, M. Ambrose, s’est d’ailleurs téléchargé dans dix corps différents pour annoncer simultanément la nouvelle à ses employés.
D’un seul coup, on en apprend énormément, et chaque vignette nous en dévoile un peu plus sur l’avenir des personnages et du Monde dans lequel ils vivent. C’est un peu comme si on assistait, au bout de treize épisodes, à un best-of des saisons futures qui ne devaient jamais avoir lieu. Dans l’état actuel des choses, avec une saison 2 prévue pour la rentrée, on a presque l’impression d’en apprendre trop. Sur Topher notamment, sur Adelle, et aussi sur les insupportables Ballard et Caroline. C’est du teasing sans en être vraiment, on a envie d’en savoir plus, tout en sachant pertinemment qu’une deuxième saison qui n’aborderait pas l’intégralité des intrigues esquissées ici, voire plus, sera forcément décevante.

Joss avait déjà deux problèmes majeurs sur les bras, à savoir Tahmoh Penikett (et son personnage sans personnalité), et le fait de devoir donner du boulot à Eliza Dushku qui, en plus d’être la plus mauvaise actrice de Tous les Temps, est une jeune femme atroce et le pire être humain qui soit. Et c’est un euphémisme.
Maintenant, en plus de Tahmoh et Eliza, Joss doit faire avec Epitaph One, épisode bâtard où il dit clairement tout ce qu’il avait à dire sur son sujet, et offre de très belles conclusions à ses personnages. Un excellent series finale. Un handicap inimaginable pour la suite de la série. Mais il n’a pas peur, le Joss... C’est un éternel optimiste.

Ou un grand masochiste, au choix.

Ju
P.S. Vivement la onzième saison !