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Dollhouse - Critique de l'épisode 4 de la saison 2

Belonging: Eliza qui ?

Par Blackie, le 1er novembre 2009
Publié le
1er novembre 2009
Saison 2
Episode 4
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Incroyable mais vrai. Non seulement le meilleur épisode de la série diffusé n’est pas signé Joss Whedon (même si on est génétiquement pas loin), mais il vient étrangement de ce merveilleux couple nous ayant pondu l’abominable « Eliza Dushku Chante » l’an dernier. Le mariage leur a fait du bien, puisque Jed et Mo ont compris comme des grands qu’il suffisait d’oublier Echo pour ne pas écrire des idioties. Jed en a été tellement inspiré qu’il a composé son deuxième morceau pour la série, le superbe "Drones", et c’est un peu pour cela qu’il est devenu mon Whedon Bro préféré.

Ce qui fait de Belonging un épisode si réussi, à part l’absence quasi-totale de la Dushku, est qu’il apporte des réponses posées depuis les évènements dans Needs tout en nous fournissant une conclusion satisfaisante. Il n’y a pas d’engagement de la semaine à côté pour perdre du temps et nous déconnecter émotionnellement, on se concentre uniquement sur Sierra et on revient sur les dangers de la Dollhouse. Les questions d’éthique, c’est quand même plus intéressant que les sage-femmes en montagne et les lactations mammaires.

Donc on apprend que Priya Tsetsang, jeune schizophrène paranoïaque, fut admise à la Dollhouse il y un an en tant que cas charitable car promise à la guérison après ses loyaux services. Même si elle n’a jamais donné son accord, cela pouvait effectivement passer une bonne affaire, et puis son manque de visa ne la rendait pas officiellement dans le pays : personne pour la rechercher, c’était tout bénèf ! Sauf que même une fois l’entourloupe découverte par Adelle Dewitt, cela ne change pas grand-chose à la situation pour ses supérieurs, qui étaient dans le coup.

Les missions à durée permanente ne devraient pas avoir lieu, puisque les Dolls sont soit-disant engagés sur cinq ans. Hors, Harding fait bien comprendre que toutes les bonnes intentions et la moralité qu’Adelle a toujours essayé de nous faire avaler est plus une éthique personnelle que la politique générale. Les engagements pro bono, les contrats limités avec un pactole à la clé, c’est une jolie façade pour les employés et le recrutement mais au final, la Rossum Corporation fait ce qu’elle veut. Elle est au-dessus des lois et de toute morale, et c’est ce qui conduira à Epitaph One. Là au moins les choses sont claires et on arrête un peu de nous filer cette illusion grotesque de gentille maison close. Tous ceux qui sont là ont des raisons bien obscures derrière.

Sur une note qui n’a rien à voir, Keith Carradine a toujours une classe folle et doit revenir le plus vite possible.

« YOU WILL SEE ME AGAIN »

C’était la promesse de Priya à Nolan Kinnard dans Needs, dont les évènements permettent à Adelle de comprendre la situation aujourd’hui. C’est bien d’avoir des personnages avec une mémoire, mais c’est à se demander pourquoi cela ne lui a jamais paru bizarre qu’il ait été le médecin soignant Priya et qu’en plus il soit un client régulier ne demandant qu’elle. Cela puait l’abus à des kilomètres.

Pour un génie, Topher est un peu stupide sur les bords aussi, même si c’est avec les meilleures intentions du monde. Que pensait-il qu’il allait arriver à Priya en la laissant partir, qu’elle n’allait pas confronter Nolan et s’enfuir tranquillement, pour mieux être retrouvée par la Rossum Corp ensuite ? Bien sûr qu’elle allait tenir sa promesse. C’est bien simple, soit elle allait se faire tuer par Nolan, soit elle le tuait, il n’y avait pas trente fins possibles à ce problème.
Topher aurait dû y penser. J’ai d’ailleurs cru durant l’attaque que Priya révèlerait tout à coup de belles techniques de combat pour lui faire la peau, petit cadeau de Topher en partant. Mais non, il l’a vraiment lâchée seule et sans défense, et je ne trouve aucune excuse valable à ce moment d’abrutisme, si ce n’est peut-être que son cerveau devait être confus par l’apparition d’une moralité l’empêchant de fonctionner proprement.

La relation entre ces deux-là est en tout cas parfaite durant tout l’épisode, comme le sont les performances de Lachman et Kranz, qui passent par toutes les émotions possibles en un temps record. Il faut se rappeler que Sierra n’est pas n’importe quelle Doll, elle est celle que Topher avait choisi pour son anniversaire. Même si c’était au hasard, il n’empêche qu’il est inconsciemment obligé d’associer son visage à ces bons moments, créant malgré tout avec elle un lien différent d’avec les autres Dolls. Par dessus cela, la culpabilité qu’il commence à ressentir vis-à-vis de sa situation est probablement renforcé par le fait que Sierra a en plus subit des viols répétés durant son année dans le lieu sensé la protéger. Comme le dit Adelle, Topher traite peut-être les gens comme des jouets mais cela ne l’empêche pas de vouloir en prendre soin. Son lien avec Sierra est dorénavant trop fort pour qu’il la considère vraiment comme une de ses poupées parmi tant d’autres.
C’est le début d’une conscience qui va bouffer Topher au fur et à mesure des horreurs que sa création va engendrer. Forcément, on ne peut s‘empêcher de s’attacher un peu plus au personnage, plutôt difficile à encadrer (sauf par moi) pendant longtemps.

On peut se demander pourquoi Priya reste à la Dollhouse, alors que son contrat n’a plus aucune valeur, que Topher pouvait très bien effacer cette journée de sa mémoire tout de suite, et surtout que Boyd pouvait la faire officiellement disparaître en même temps que Nolan. Qu’il parte mystérieusement à l’étranger tandis que son jouet reste à la Dollhouse est bien plus suspicieux que de faire croire qu’il est parti avec elle. La Dollhouse ne la protège pas plus de la Rossum Corp, au contraire.
Personnellement je préfère me dire qu’il s’agit du choix de Priya, puisque c’est son seul moyen de rester auprès de Victor, qu’elle reconnaît comme celui qu’elle aime. Leur lien est vraiment fort, depuis la première fois qu’elle l’a rencontré et s’est immédiatement sentie attirée par lui, et lui-même s’était aussi instinctivement souvenue d’elle dans Needs. L’innocence de leur relation est un joli contraste face à la cruauté de la situation. Tout ce que je regrette c’est que Topher n’ait pas donné le véritable prénom de Victor.

LA TEMPETE ARRIVE

Malheureusement il faut un tout petit peu de la Dushku, histoire de justifier ses costumes et ses regards dans le vide qui pourrissent le générique. Donc on a Echo la clairvoyante, qui sent qu’une chose horrible va arriver... Ta da da ! Mais. Bien. Sûr.

Comme on le voit avec Victor, son plan d’éveiller les autres Dolls commence à marcher. Ce qui n’inquiète pas Boyd, qui l’aide en secret en lui fournissant un passe-partout. Je parle d’une carte, hein. Pourquoi fait-il cela ? Pas que je me plaigne de l’absence de ce joli flan, mais est-ce que ce n’est pas le rôle de Ballard normalement ? Boyd est apparemment un peu resté le protecteur d’Echo, et les récents évènements avec Claire Saunders ne doivent pas y être pour rien, vu l’affection qu’il lui portait. Le bonhomme n’est en tout cas pas net, au vu de ses connections donnant un aperçu de son passé trouble.

De toute façon, faut voir le laxisme au niveau de la surveillance depuis qu’il a remplacé Dominic. Victor qui pète un câble sous les douches ou les tourtereaux qui se cajolent dans le même pod, ça ne gêne personne. Pas étonnant que le boulet du coin y mette le bordel plus tard.

A part cela, Jonathan Frakes est bien meilleur derrière une caméra que devant et nous pond de très jolis plans dignes d’un bon petit film d’horreur, dont un très iconique avec une Sierra se relevant devant sa peinture. On peut reprocher le gore peu nécessaire du découpage de Nolan, mais le geste en lui-même fut nécessaire à l’impact qu’il cause sur Topher. Ses actions ont des conséquences désastreuses et le visuel est plus puissant que la rhétorique. La seule chose qui cloche, c’est que la baignoire n’ait pas fini en gros cratère donnant vue sur les voisins du dessous. On dissout un corps dans du plastique voyons, tout le monde le sait !

Blackie
P.S. C’était génial. Cela va être annulé. Forcément.