Je vais vous expliquer la différence entre un mauvais épisode de Fringe et un mauvais épisode de Lost. C’est très simple. Ceux de Lost avaient tendance à m’énerver au plus haut point. Ceux de Fringe m’endorment. Un état qui, vous l’avouerez, est peu propice à l’écriture d’une critique d’épisode.
Mais fermons cette parenthèse, car elle n’a rien à voir avec ce qui nous intéresse aujourd’hui. En effet, Bloodline effectue, en ce qui me concerne, un joli retour en forme pour la série. Disons au minimum qu’il présente un bon nombre d’éléments me donnant très envie d’attaquer cette fin de troisième saison. Et je n’ai pas dormi.
Vraiment, le seul côté où l’épisode m’a semblé peiner un peu, c’est dans les scènes où on est obligé de se coltiner de mystérieux médecins effectuant de mystérieuses procédures sur le mystérieux Bébé Bishop. J’en ai eu assez au bout de vingt secondes. C’était du déjà vu, c’était très prévisible, autant dans la façon dont la situation évolue (une évasion !) que dans sa résolution (Walternate est responsable !). En bref, ce n’est pas passionnant, voire même un peu maladroit.
Pour être un peu plus précis, ce qui est très maladroit c’est d’introduire une complication de grossesse en tout début d’épisode, sans aucun signe de son existence au préalable (je ne crois pas qu’on nous ait expliqué comment la sœur d’Olivia était morte avant, mais je me trompe peut-être), et qui va être résolue en moins de quarante minutes. Tout ça a un côté très artificiel, qui n’aide pas vraiment à établir de véritables enjeux dramatiques pour le dénouement de l’épisode.
Donc oui, toute cette partie aurait pu être mieux construite, ou peut-être prendre moins de place, je ne sais pas. Heureusement pour Bloodline, j’ai trouvé tout le reste absolument excellent.
Je ne m’attendais vraiment pas à retrouver à nouveau André « Bubbles » Royo, le Taxi le Plus Serviable du Monde, mais force est d’admettre que son retour entraine plusieurs conséquences très intéressantes dans la suite.
Quand Olivia s’est échapée dans Entrada, je regrettais que Lincoln et Charlie n’aient pas appris l’imposture dont ils avaient été victimes. Ils n’avaient jamais su que leur Olivia avait été remplacée à leur insu, ce qui à mon sens les empêchait de devenir de vrais personnages dans la série, c’est à dire des personnages avec de vraies intrigues qui n’appartiendraient qu’à eux.
Du coup, j’étais absolument ravi de la tournure qu’ils prennent dans Bloodline. Ravi, déjà, qu’ils apprennent enfin la vérité. Mais ravi, surtout, que tout ne soit pas oublié ou pardonné en fin d’épisode. Leur petite discussion finale montre bien qu’il y aura des conséquences à ce mensonge.
Et ces deux personnages qu’on a appris à apprécier au cours de la saison (en grande partie grâce à l’entente qui règne dans leur équipe), auront sans doute leur mot à dire dans le conflit qui va se jouer dans les quatre épisodes restant cette saison.
Et oui, seulement quatre épisodes.
Ce qui est fort, c’est que Lincoln et Charlie ne doivent la vérité qu’à une seule personne. Bubbles. Donc c’est sympa de sa part, et une utilisation surprenante d’un personnage qui n’en finit plus de réapparaitre, au-delà de toute logique. Mais... ce n’est pas une raison pour fermer les yeux sur tout et n’importe quoi.
Parce que Bubbles le Gentil Taxi qui, pendant le dénouement de l’épisode, dépose gentiment Lincoln (tout seul) avec un super raccourci, puis AIDE OLIVIA À ACCOUCHER... hmm.. Comment dire...
What the Fringe ?
Oui, c’était carrément n’importe quoi.
En dehors de ça, la scène de l’accouchement était assez sympa. Pas parce qu’on croyait à un moment ou à un autre qu’Olivia allait mourir, mais plutôt parce que Lincoln continue de s’imposer dans la série à mesure que les épisodes passent.
En dehors de la découverte de la substitution d’Olivias, qu’il partage avec Charlie, il a aussi le droit à une excellente scène avec Walternate, pleine de sous-entendus. Ça, et donc l’accouchement, où il est difficile de ne pas s’attacher à lui... Tout ça pour dire... je vous ai déjà raconté la fois où Iris ne l’a pas reconnu pendant tout un épisode, sous prétexte qu’il portait des lunettes ? C’était la semaine dernière. Elle est marrante, Iris. (Et elle ne pourra plus jamais se moquer de Lois Lane.)
Mais de quoi je parlais... Oui, l’accouchement.
Même si tout l’enlèvement, et les test, et les échographies, et les pilules qu’on n’avale pas, et les vidanges de vessie, formaient les parties les moins intéressantes de Bloodline (car c’était vraiment du déjà-vu et parce que j’ai encore eu de gros flashbacks de la Grosse Sydney avec ses déambulations dans un Quartier Chinois Qui Fait Peur), j’ai quand même apprécié le fait qu’on se débarrasse rapidement de cette foutue grossesse.
Principalement, c’est parce qu’on a le droit à une image bien dégueulasse du bébé qui grossit, vu de l’extérieur.
Mais c’est aussi parce qu’on ne perd pas de temps en trucs inutiles. Un seul épisode pour apprendre la condition d’Olivia, un autre pour toute la grossesse plus l’accouchement. Une gestion efficace de l’intrigue, qui va nous laisser tout plein de temps pour apprécier un peu mieux Spock dans le corps d’Olivia. Brrr....
Peu importe, ensuite, si la révélation sur l’identité du commanditaire de l’enlèvement est prévisible. Bloodline est suffisamment réussi, et surtout les conséquences suffisamment larges, pour que ça n’ait que peu d’importance : Walter et son adjoint testent quelque chose sur le Bébé Bishop, Lincoln et Charlie commencent à se poser des questions, et les Voyeurs font leur boulot, tout en rageant d’avoir raté un chouette accouchement en public.
Il y a de quoi faire, et c’est toujours mieux que Spock voulant être transféré du corps d’Olivia à celui d’une vache.
Brrr...
