’S Wonderful, ’S Marvelous: Is this a safe sex talk ?
D’un côté, on a l’option "Hi Chris", qui retire tout suspens quant à l’identité de la personne que Lorelai appelle et qui se concentre sur ce qu’elle va lui dire.
De l’autre, le déjà fait à peu près 12000 fois "Hi", qui, si vous suivez bien, se concentre non pas sur le discours mais complètement sur la personne.
Je penchais déjà pour préférer la première solution, cet épisode me confirme la chose. Gilmore Girls est une série relationnelle, jamais je ne me lasserai de le répéter, et elle prouve ici que les grandes questions et les cliffhangers et les "waouh, je m’y attendais pas !" ne sont pas pour elle. L’identité, on s’en fiche, ce qui est important, ce sont les propos. Et je dois dire que j’aime beaucoup ce virage vers les bases de la série, ou plutôt ce virage par une vision très réfléchie de la série. Rosenthal ne sait peut-être pas où il va, mais il sait ce qu’il veut faire.
Et ça nous donne un magnifique épisode. Un essai télévisuel sur la reconstruction d’un couple qui a déjà tout essayé, qui a tout fait, qui se connaît par cœur. Comment séduire l’autre lorsqu’il vous connaît depuis que vous avez cinq ans ? Lorsque vous avez déjà un enfant ensemble ? Comment réussir à être assez subtil pour l’attraper dans vos filets sans qu’il se rende compte que vous jouez le jeu de la séduction (ce qui ruinerait tout) ?
Si on voulait remettre Chris et Lorelai ensemble, il fallait passer par là. On ne peut pas coller deux tels personnages dans une relation simplement, pas après tout ce qu’ils ont vécu. Du coup, Rosenthal les montre d’une manière aussi complexe que jolie. Ca ne donne pas l’épisode le plus passionnant de l’univers, soit, mais ça donne un épisode savoureux. A l’heure des bombes qu’il faut trouver en 24h, des coucheries dans tous les sens et de questions qui n’en finissent plus sans jamais trouver de réponses, ça fait du bien. Un petit havre de paix réflexif avec Lauren Graham à l’écran, ça me va parfaitement.
Mais parlons un peu de l’épisode. Il s’ouvre sur une Lorelai en grand monologue avec quelqu’un que l’on suppose être Rory. AH ! Minable téléspectateur, tu n’as rien compris ! Elle est avec Chris !
Donc là, concrètement, tout humain digne de ce nom a gloussé comme une oie. S’il reste des shippers Luke/Lorelai, je vais devoir lancer une armée contre vous.
Il s’ouvre aussi sur une Lorelai pas très sûre de ce qu’elle veut. Encore. Ca lasse, en même temps, Lorelai n’est pas qu’une machine à débiter 80 mots à la seconde, elle a aussi des bras, un cœur, un cerveau qui réfléchit beaucoup trop, tout ça... Lassant, mais tout à fait compréhensible.
Quoi, quoi je deviens super indulgente avec Gilmore Girls ? ET ALORS ?
Par contre, le désavantage de ne plus avoir Lorelai et Luke ensemble, c’est que ce dernier devient boooooring. April vient à Stars Hollow pour être gardé par son père, parce qu’Anna doit partir pendant un temps. Du coup, Luke et la gamine redécorent l’appartement, font copain-copain, Luke sourit en coin, April s’inquiète pour la vie sentimentale de son père... Pas très folklorique. Si l’idée de mettre en contrepartie un peu de couleur dans le monde de Luke n’est pas mauvaise, je n’arrive pas à me faire à April. Fait par Lorelai, ç’aurait donné une scène culte. Ici, ça se regarde tout juste.
En contrepartie, on retrouve Luke moins boulet. Donc si la storyline pouvait suivre, ce serait sympa.
De son côté, Rory retourne à Yale. Elle y reçoit un coup de fil de son grand-père, qui lui annonce qu’il va être professeur pendant un moment sur son campus. Après avoir été consultant et tutti quanti, l’évolution vers le professorat est une excellente idée. Non seulement, Richard et Rory pourront se voir plus souvent et nous offrir de très bonnes scènes, comme à l’accoutumée, mais en plus c’est un nouveau tremplin tout à fait crédible pour Richard. Sans compter qu’il a été étudiant à Yale et que cela pourrait amener à des conflits générationnels assez amusants.
Retour vers notre couple préféré. Chris emmène Lorelai en décapotable dans la campagne déserte, devant une grange, pour une surprise. Au lieu de profiter du lieu désert pour se jeter sur son petit ami super sexy, Lorelai blague, blague et blague moins lorsqu’un rétroprojecteur se met en route et diffuse l’un de ses films favoris sur la grange. Pop corn, soda, Chris fait venir le cinéma à Lorelai.
Comme ça sert d’être riche pour emballer.
Pendant que Lorelai se pâme devant le plus beau cadeau que lui ai fait Chris (Rory ne compte pas, c’est une enfant. Une enfant n’est pas un cadeau, c’est un cadeau empoisonné qui vous réveille toutes les nuits pour manger, baver et pleurer.), Emily a un petit accrochage avec un officier de police. Arrêtée pour téléphoner au volant, elle s’énerve toute seule. Et lorsque le policier lui demande de souffler pour contrôler son taux d’alcoolémie, elle répond : "Young man, I don’t know where that’s been but I can say with absolute certainty that it won’t be going anywhere near my mouth.". Et nous, on se passe la scène en boucle, hilares devant une Kelly Bishop géniale.
Emily finit en prison, Lorelai est appelée à la fin de son film (formidable chronologie, tu fais tout au bon moment pour ne rien gâcher) pour aller la chercher. A noter le "Oui, je sais où se trouve le commissariat" de Lorelai : c’est au même qu’elle était allée chercher Rory après la virée en bateau.
Après avoir ramenée sa chère mère chez elle (laquelle comprend que Chris et Lorelai étaient en rendez-vous galant : j’ai hâte de voir la réaction des parents Gilmore lorsqu’ils apprendront la nouvelle, hâte hâte hâte !), Lorelai se dit "Pfff, quel gâchis de ne pas profiter d’un corps de Dieu comme celui-là, invitons Chris à la maison !". Elle oublie les peurs, les doutes et tout le tralala pas très joyeux pour franchir un cap. Un cap qui pourrait ne pas avoir lieu d’être : les deux ont couché ensemble à seize ans, plusieurs fois par la suite, et une nouvelle fois très récemment. C’est même cette nuit qui les a ramenés l’un vers l’autre.
Et pourtant, il faut bien y aller doucement tant la relation est particulière. Ce n’est pas parce qu’ils se connaissent que Lorelai n’a pas besoin d’être sûre d’elle pour pouvoir ne pas gâcher cette nuit set donc en profiter. Il aura fallu des efforts des deux côtés, comme pour tout couple naissant, mais des efforts particuliers, propres à leur relation déjà forte et immuable.
Alors oui, c’était pas extraordinaire. Le fond était même ordinaire. Mais bon sang, ça fait du bien de voir de l’ordinaire si maîtrisé et si joli ! Ah ça, pour poser des storylines dans tous les sens et ne plus s’en occuper pendant dix épisodes ; pour couper, rafistoler et recouper les pénis, ils sont forts les autres. Mais qu’on leur file un tel potentiel scénaristique accompagné de tels acteurs, ils iront droit dans le mur.
La simplicité, c’est tellement plus difficile à gérer.