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Golden Boy - Avis sur le premier épisode de la nouvelle série policière de CBS

Golden Boy: How I Met Your Commissionner

Par Jéjé, le 1er mars 2013
Par Jéjé
Publié le
1er mars 2013
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Avec des pitchs comme "Dr Jeckyll et Mr Hyde travaillent aux Urgences", "Des Nazis immortels fabriquent des horloges", "Tout le Monde est un Serial-Killer" et "La CW diffuse un hit planétaire", la mid-season des networks ressemble à un concours des dramas les plus improbables.

Le concurrent de CBS sera donc une série policière où l’un des personnages ne restera pas enquêteur toute sa carrière. Quelle folie, CBS !

Qu’est-ce que c’est ?

Diffusée Annoncée [1] dans la case de la mort (la première du vendredi soir, celle de The Defenders, Chaos, A Gifted Man et Made In Jersey), Golden Boy est la série policière qui avait comme objectif transformer Ryan Philippe en star de la télé.

C’est avec qui ?

Pas avec Ryan Philippe, manifestement.

On retrouve à sa place l’amant sexy et exotique de Mary (de la première saison de Downton Abbey), celui qui lui a fait découvrir les joies du vrai sexe avant que par la "force des choses" elle ne se résigne à une vie rangée avec le Ryan Philippe de son époque.

Il est accompagné du proviseur de Boston Public (Chi McBride), d’un ex de Lafayette (Kevin Alejandro) et d’une ex de Ross (Bonnie Summerville).

Ça parle de quoi ?

De quatre flics qui résolvent des affaires criminelles à New York.

Avec comme petit plus (puisqu’il faut bien se démarquer des autres), un questionnement moral sur l’ambition.
En effet, Pas-Ryan-Philippe est destiné à devenir le plus jeune "police commissionner" de la police de New York depuis Theodore Roosevelt [2].

C’est bien ?

J’adore le titre.
Parce que ce n’est pas un nom de ville.
Et qu’il est dans la même lignée ironique que "The Good Wife".

Pour le reste, faut voir [3].

Même si j’ai deux gros inquiétudes.

La première, c’est le principe de la narration en flash-backs.
Point positif, la série nous épargne la voix-off.
Mais, problème, elle remplace le commentaire à postériori du héros sur les événements, par un dispositif bien plus contraignant pour la narration : des scènes entre le héros parvenu au sommet de sa carrière et un journaliste qui l’interroge sur son parcours.

J’ai peur que chaque épisode se force à mettre en scène une histoire édifiante sur un point particulier de l’ascension de Clark et que la série aligne les intrigues policières (puisqu’on est quand même dans un cop show) artificielles, sans saveur, sans véritable personnage, qui n’existeront que pour éclairer la personnalité du personnage principal de la série.

Comme dans ce pilote.
Un gentil garçon, issu d’un milieu défavorisé, courageux et méritant (comme Clark) est assassiné par l’archétype du fils à papa qui se pense au dessus des lois. Clark doit alors apprendre à se pas se laisser envahir par l’envie de prendre sa revanche sur le monde et de rester dans le cadre de la loi...
Aucun des protagonistes n’a d’épaisseur et le propos moral est un peu trop moralisateur.

Dans le cadre d’un pilote, ce sont des défauts qui se pardonnent vu la quantité d’élément à mettre en place.
Malheureusement, j’ai peur qu’ils persistent sur le long terme, puisque l’on retrouve Greg Berlanti à la production, qui sur un principe similaire, avait commis l’affreux Jack & Bobby, cette série de feu la WB, sur l’adolescence d’un futur président des Etats-Unis, où le dispositif narratif n’avait aboutit qu’à donner un ton hagiographique, sentencieux et affecté à un teen-soap gentiment réactionnaire [4].

L’autre faiblesse de Golden Boy concerne la dynamique au commissariat.
Et son évolution trop définitive et trop attendue en fin du pilote.
En effet, la première moitié de l’épisode surprend agréablement par la mise en place de relations complexes entre les enquêteurs de la brigade criminelle : un lourd passif de trahison et de rancoeur semble exister au sein de la brigade, l’arrivée du héros médiatique est accueillie avec des degrés différents de méfiance, l’attitude abrasive et individualiste de Clark semble même justifier la froideur de ses nouveaux collègues...
Malheureusement, à la suite de quelques révélations explicitées par des dialogues très didactiques, l’ambiguïté des rapports se mue en une banale opposition des gentils et des méchants du commissariat, chaque personnage pouvant être alors défini par un seul substantif : l’ambitieux, le sage, l’arriviste, la femme !
Dommage...

Restent une très chouette distribution, des images dignes des meilleures séries de la chaîne (on est visuellement bien plus proche de Person of Interest que du Mentalist) et un duo central (l’ambitieux et le sage) servi par des dialogues futés et des réactions de personnages crédibles.

Ce qui est largement suffisant pour que je poursuive la série.

Jéjé
P.S. Et il est même tout à fait probable que je revienne dans quelques semaines avec un texte expliquant à quel point Golden Boy est la révélation de la saison !
Notes

[1Après la diffusion de ses deux premiers épisodes "en vitrine" le mardi après les NICS, Golden Boy devait rejoindre son créneau du vendredi soir, mais CBS a décidé de l’y maintenir et d’envoyer à sa place Vegas le vendredi - Mise à jour du 07/03/2013.

[2Rhaaa, l’Aliéniste, ç’aurait fait une super série ! Et l’occasion d’écrire à quel point le livre était tellement mieux…

[3Depuis Smash, je ne porte plus d’avis définitif sur les pilotes.

[4C’est quand même la série où une jeune fille finit décapitée quelques épisodes après son avortement !