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Homeland - Résumé et bilan des épisodes de la saison 2 jusqu’à maintenant

I’ll Fly Away: Une saison 2 entre 24 et Rubicon

Par Ju, le 20 novembre 2012
Par Ju
Publié le
20 novembre 2012
Saison 2
Episode 8
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Après plusieurs semaines passées à la recherche d’une explication, je crois avoir enfin trouvé ce qui me pose problème avec la saison 2 de Homeland. En dehors du générique tout pourri qu’on se traine depuis deux ans, évidemment.

Donc oui, dans la grande tradition du site, je suis sur le point de dire tout le mal que je pense de la série la plus acclamée en ce moment. Sans doute parce que je suis un éternel insatisfait, sans doute pour faire chier, et sans doute parce que la deuxième saison de Homeland est loin d’être aussi réussie que ce qu’on était en droit d’en attendre.

Mais avant de me lancer dans le vif du sujet, je crois qu’un petit résumé des huit premiers épisodes de la saison s’impose.

Résumé Rapide de la Saison 2 de Homeland

Cette année, dans Homeland, Carrie a porté une perruque avant d’essayer de se suicider au vin blanc en écoutant du jazz, Saul a découvert la vidéo de Brody qui, lui-même, s’est rendu compte qu’il n’était pas facile de participer à la course à la Maison-Blanche quand on doit aussi tuer des tailleurs terroristes dans les bois, Mike a joué au détective avec son comparse le Marine Alcoolique, Jessica a fait la tronche, Dana a écrasé une pauvre femme avec la voiture du fils du Vice-Président, Brody a encore envoyé un SMS depuis un bunker, la CIA l’a placé sous surveillance pendant cinq minutes, avant de l’arrêter, l’interroger, lui poignarder la main, le transformer en agent-double, le faire douter, l’écouter baiser avec Carrie en Dolby Surround, et le perdre juste avant sa rencontre avec un Abu Nazir absolument impossible à reconnaitre sans sa barbe.

Oh, et un commando terroriste armé jusqu’aux dents a abattu une équipe de la CIA en plein Gettysburg pour relancer un épisode trop mou, et Chris s’est baigné en t-shirt dans une piscine.

24 Heures Chronomeland

La seule image sympa du générique

S’il y a bien une chose sur laquelle on peut tous se mettre d’accord, c’est qu’Alex Gansa, Howard Gordon, et les scénaristes de Homeland n’ont pas perdu de temps cette année, en relançant sans cesse leurs intrigues vers de nouveaux horizons, sans jamais trop s’attarder sur une même idée, et en essayant aussi souvent que possible de nous prendre de vitesse.

En effet, ils auraient très bien pu passer la saison entière sur le statu quo mis en place dans le dernier épisode de la première saison, à savoir un Brody aux ordres d’Abu Nazir menant une nouvelle carrière politique, pendant que Saul et Carrie ignoraient tout de ses agissements.
Ça aura duré deux épisodes.

Ils auraient également très bien pu passer le reste de la saison avec Carrie et Saul, seuls contre tous, cherchant à réunir des preuves contre Brody. Une fois encore, ça aura duré moins d’un épisode, tout comme l’interrogatoire et le retournement de Brody pour la CIA.

Ils n’ont pas perdu de temps, donc, et c’était honnêtement très excitant à suivre. C’est très rare de tomber sur une série n’ayant pas peur de se réinventer, et encore plus quand la série en question est diffusée sur la chaine où Dexter et Weeds ont pu s’étirer en longueur en toute liberté, bien après leur date de péremption.
Le seul souci quand on a ce genre d’ambitions narratives, c’est qu’il faut inventer de plus en plus d’intrigues, de rebondissements, se renouveler sans cesse, et accroître sans arrêt les enjeux pour espérer maintenir le niveau d’excitation des fans.

Or, le problème avec la surenchère souhaitée par Homeland cette année, c’est qu’à force de trop vouloir en faire on en arrive souvent à faire n’importe quoi. Je parle de la promenade de Brody dans les bois avec son pote tailleur, sans queue ni tête, remplie d’incohérences et d’événements bien pratiques n’existant que pour créer artificiellement de la tension. Je parle de l’enquête ridicule de Mike et de son comparse, le Détective Alcoolique Incroyablement Perspicace. Je parle des aventures de Dana et du fils du Vice-Président. Je parle du commando terroriste pouvant agir en toute impunité sur le territoire américain, rompant ainsi complètement avec le réalisme que la série s’impose habituellement.

Tous ces exemples d’intrigues bouche-trous (Brody et le tailleur), absurdes (le commando), et démontrant d’une incapacité chronique à utiliser ses personnages secondaires (Dana et Mike), me rappellent malheureusement trop l’époque de 24.
Cet équilibre délicat entre le thriller d’action bourrin et la série intelligente sur l’espionnage à la Rubicon s’est montré difficile à respecter pour les scénaristes cette année, rendant cette deuxième saison très inégale, et faisant cohabiter les très mauvais moments avec les meilleurs, parfois au sein d’un même épisode.

Docteur Rubicon & Mister Bauer

Non, sans déconner, qu’il est moche ce générique !

Car oui, tout de même, je ne serais pas là à vous parler de Homeland et sa saison 2, si la série n’avait pas également proposé d’excellents moments cette année, avec même une paire d’épisodes presque parfaits.

Le face-à-face entre Brody et Carrie pendant son interrogatoire était tout simplement formidable. Absolument irréprochable dans l’écriture, la réalisation, et l’interprétation. La scène à Beyrut où Carrie tente de récupérer des documents dans l’appartement du chef du Hamas pendant que Saul l’attend dans la voiture était une des séquences les plus tendues que j’ai vues dans une série depuis longtemps. La découverte de la vidéo de Brody à la fin du deuxième épisode, un des meilleurs rebondissements récents.

En plus de ça, Homeland est, objectivement, une série très bien foutue. C’est bien réalisé. C’est joli à regarder et à écouter. Les dialogues sont bons. Les acteurs (Claire Danes, Damian Lewis, et Mandy Patinkin en tête) sont vraiment excellents et méritent les prix qu’ils remporteront sans doute encore l’an prochain.
C’est tellement bon, en fait, que ça en devient facile de pardonner les maladresses et autres défauts que j’ai relevé plus haut. Et c’est pour cette raison que j’ai mis un peu de temps à découvrir ce qui me dérange vraiment avec Homeland et sa saison 2.

Car non, le problème ne vient pas de tout ce que j’ai résumé méchamment plus haut. Le problème vient du fait que Homeland est une série très réussie dans un genre qui m’ennuie profondément. Semaine après semaine, je ressors de l’épisode souvent très content de ce que j’ai vu, mais pas du tout impatient d’en voir la suite. Je ne suis jamais pressé de regarder un nouvel épisode.

Mon souci (très personnel) avec Homeland, c’est que j’ai vraiment du mal à m’impliquer dans une série dont les histoires tournent autour de menaces terroristes planant sur un univers fictif. C’est une menace abstraite sur un monde qui l’est tout autant, c’est trop vague, j’en suis trop détaché.
Pour moi, la série fonctionne quand les conséquences de ce qu’on voit concernent directement les personnages auxquels nous sommes (plus ou moins, Chris) attachés. C’est pour cette raison que la poursuite de Carrie à Beyrut était aussi prenante. C’est pour cette raison que l’interrogatoire, avec tout ce qui pouvait en découler pour Brody et sa famille, était aussi fantastique. Mais, à l’opposé, c’est aussi pour ça que j’ai beaucoup plus de mal à rester éveillé quand « des terroristes » vont « faire exploser un truc » d’ici « quelques jours », que lorsque Dana risque à nouveau de perdre son père.

Par conséquent, la transition qu’a effectuée Homeland cette année m’inquiète beaucoup. Les rebondissements, rapides et efficaces, nous ont finalement amené à Brody travaillant en tant qu’agent-double pour la CIA, dans un nouveau statu quo qui me semble beaucoup moins riche et beaucoup moins ambitieux que ce qui l’a précédé.
J’espère réellement que le dernier tiers de la saison arrivera à me faire changer d’avis, mais en attendant je suis inquiet. A posteriori, je ne suis pas persuadé qu’il était très malin de griller toutes les cartouches aussi vite si c’était pour retomber dans le cadre d’un thriller trop classique, aussi réussi soit-il.

Et vraiment, ce générique, je vous jure...

Ju