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Lost - Apparemment, Jack et Claire sont de la même famille

The Last Recruit: They’re on a Boat !

Par Ju, le 27 avril 2010
Par Ju
Publié le
27 avril 2010
Saison 6
Episode 13
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Dans un mois, cette belle aventure humaine qu’est Lost sera terminée. Les cinq derniers épisodes auront été diffusés et on pourra tous tourner la page, heureux d’avoir assisté à une conclusion satisfaisante aux six saisons précédentes. Ou, dans une éventualité un peu plus probable, on commencera alors à s’enfermer dans un cercle vicieux émotionnel causé par la trahison profonde qu’on aura ressenti face à la fin odieuse proposée par la série.

Mais sinon, à part ça, je vais plutôt bien. Cette semaine, j’ai lu un commentaire laissé à propos de The Last Recruit qui illustre assez bien la façon dont j’appréhende Lost en ce moment. En résumé, le type expliquait qu’il avait passé un bon moment devant l’épisode, et qu’il n’était devenu fou de rage qu’après l’avoir vu.

Pour moi, c’est un peu la même chose. Autant The Last Recruit m’a paru agréable, autant l’impression de foutage de gueule que je ressens depuis le début de la saison est réapparue immédiatement après que j’ai fini de le regarder. Je n’ose même pas imaginer ce que ça va donner dans les minutes qui suivront la diffusion du dernier épisode.

Résumé Rapide, à 3h30 de la Fin

Sur Lildelost, il se passe plein de trucs. Les personnages courent dans la jungle. Ils courent ! En même temps c’est normal. Il ne reste plus que 3h30.

Et dans une Réalité Alternative remplie de chouettes coïncidences, Desmond le Détective de L’Amour sombre encore un peu plus dans le ridicule. Sa nouvelle mission, tel un fan de Perdus de Vue au brushing parfait, sera de réunir un frère et une sœur qui s’ignorent. Pour cela, il demande de l’aide à une de ses amies, Ilana, une avocate super dynamite. Heu, dynamique.
Une fois de plus le charme opère, et le Détective de l’Amour peut enfin aller nettoyer le sang de vieux chauve handicapé qui traine encore sur son pare-brise.

Transitions

The Last Recruit est tout sauf un épisode de transition. Même s’il ne présentait aucune nouvelle question (et à peine une petite réponse), même s’il se contentait de faire voyager ses personnages d’un point à un autre (comme très souvent dans la série), il ne faut pas pour autant le considérer comme une petite diversion, ou une étape à aborder obligatoirement avant de pouvoir passer aux choses sérieuses.

Car mine de rien, les choses sérieuses ont commencé. On est peut-être toujours dans une phase qui consiste à nous annoncer un affrontement qui n’en finit plus d’arriver (depuis au moins le face-à-face entre Widmore et Locke il y a trois semaines), mais au moins les personnages ont fini de poireauter sans raison au même endroit.
Contrairement à Recon et What Kate Did, il est impossible de retirer cet épisode de la saison sans y perdre quelque chose. Ici, il ne s’agit pas simplement d’un aller-retour en canoë pour Sawyer ou de Jack passant trois-quarts d’heure à demander ce qu’il y a dans une pilule avant de tenter de l’avaler (et de se faire casser la gueule). Ici, pas de remplissage, juste de l’action. Ce n’est pas forcément très profond, mais au moins je n’ai pas eu l’impression de perdre mon temps.

Exactement comme dans The Package il y a quelques semaines, l’apparition de tous les personnages dans le même épisode permet à toutes les intrigues d’avancer sérieusement. Et c’est d’autant plus vrai que les personnages sont réunis aussi bien dans un Univers que dans l’autre, ce qui leur offre à tous l’occasion d’avoir au moins un petit quelque chose à faire.
Sauf pour Richard, qui est le seul régulier à ne pas apparaitre du tout. Et ce n’est pas grave, car pour dire les choses telles qu’elles sont, le personnage a perdu tout charisme cette année.

Ils ont tous quelque chose à faire, certes, mais ça ne veut pas dire pour autant que tout soit digne d’intérêt. Je fais bien sûr allusion à la réplique ridicule de Lapidus pendant les retrouvailles de Jin et Sun.
Non, parce que là... quand même... Frank... Merci beaucoup, j’avais vraiment besoin qu’on m’explique comme à un débile ce que j’étais en train de voir. Surtout à ce moment là.

« On dirait que certains n’ont pas peur de se mouiller ! »
Frank Lapidus, Avril 2010

Mais c’est l’exception qui confirme la règle, car les autres personnages sont bien mieux servis que ce pauvre Frank. En particulier Jack et Kate.

Oui, je sais !

Pour faire court, Kate est aussi efficace dans son rôle sur Lildelost que dans celui de Fugitive qui Fait Chier. Dans un cas comme dans l’autre, c’est inespéré, et sa scène avec Sawyer le Flic a en plus la bonne idée de mettre en avant son côté arrogant, ce qui a le mérite de lui offrir une touche de personnalité. Et la personnalité, pour Kate, c’est quelque chose de précieux.
Sur l’île, c’est réussi tout simplement parce que l’accent est à nouveau mis sur ce qui avait rendue Kate nettement plus supportable pendant les deux saisons précédentes, à savoir sa relation avec Claire et Aaron. Ce n’est pas très compliqué, mais encore une fois il suffit de donner à Evangeline Lilly quelque chose d’un peu réel à jouer pour qu’elle s’en sorte haut la main. C’était vrai dans Whatever Happened Happened, qui restera son meilleur épisode, et ça l’ait toujours dans sa scène face à Claire et son immonde perruque.

Jack aussi s’en sort particulièrement bien. En ce qui me concerne, la transformation du personnage depuis sa période barbue a fonctionné, et ses tentatives de suicides à répétition n’ont fait que le rendre plus sympathique au fil des épisodes. Ici, ses raisons pour changer d’avis et refuser de quitter l’île sont absolument convaincantes. Son argumentation est solide, et il est tout à fait naturel de le voir agir comme ça.
Le seul problème c’est qu’il attende d’être sur le bateau, au milieu de l’océan, pour se décider. Du coup, la scène devient un peu ridicule, et je ne suis pas sûr que ça soit l’effet espéré.

La seule explication qui puisse me satisfaire serait qu’il s’agisse une fois de plus d’une tentative de suicide ratée.
Je m’explique : après avoir essayé de sauter d’un pont, puis de se faire exploser avec une bombe nucléaire, puis d’avaler une pilule empoisonnée, puis de rester à côté d’un bâton de dynamite allumé, Jack a tout simplement essayé de se tuer en nageant en jeans, chaussures de randonnée, et avec gros sac à dos rempli de caillasses. Encore une fois, c’est un échec. Et même en se prenant un obus en plein vol à la fin de l’épisode, il trouve encore le moyen de se louper, ce putain de bon à rien.

Perdus de Vue

The Last Recruit marque les retrouvailles de deux paires de personnages qui ne s’étaient pas vus depuis la quatrième saison. Aucune des deux n’est vraiment à la hauteur de ce qu’on pouvait espérer.

Dans le cas du premier tête-à-tête entre Jack et Claire depuis qu’ils sont frère et soeur, on pouvait s’attendre quoi qu’il arrive à ce que ça manque un peu d’intérêt. Pas parce que l’anticipation était démesurée, mais plutôt parce que ce rebondissement « soapesque » ne pouvait de toute façon pas amener grand-chose de plus qu’un simple « Tiens, quelle drôle de coïncidence ! ».
Je vois mal ce que les deux personnages auraient eu d’autre à ce dire, de toute façon, et leur relation n’apporte rien à l’intrigue de la série. Alors quand, en plus, vous ajoutez à ce sérieux handicap la présence de Zombie Claire et de son immonde perruque, il ne faut pas s’étonner de l’absence totale d’émotion que procure la scène. Il me parait évident qu’elle été intégrée à l’épisode plus par obligation que parce qu’elle y apportait quelque chose. Il fallait s’en débarrasser, c’est fait.

Paradoxalement, ce qui relève le niveau c’est que la même scène est nettement plus réussie dans la réalité peuplée par les personnages qu’on ne suit pas depuis des années. La réunion chez Ilana, ce n’est toujours pas super passionnant, mais c’est mieux. Et en bonus, le Docteur Ducon se montre sous son vrai jour très rapidement en abandonnant sa nouvelle sœur au bout de trente secondes pour partir en consultation. Ah, sacré Docteur Ducon !

Pour les retrouvailles de Jin et Sun, le problème est un peu différent. La scène m’a touché, principalement grâce au boulot exceptionnel de Yunjin Kim (je ne le répéterai jamais assez), mais on était en droit d’en attendre plus.
Les raisons du manque d’impact de la scène sont multiples. La première c’est qu’elle arrive bien trop tard dans la saison (et la série), après une répétition de scènes où les deux personnages se sont loupés pour des raisons de plus en plus ridicules. La seconde c’est qu’on a vu les personnages ensemble plusieurs fois cette année dans les flashternatifs, ce qui est plutôt contre-productif niveau émotion. La dernière, et ça mérite d’être répété, c’est la remarque lamentable de Lapidus, juste au moment où la scène devient un peu émouvante.

C’est un faux-pas incroyable. Je ne sais pas ce qui a pris aux scénaristes. Ils ont décidé d’interrompre leur scène pour nous faire remarquer que le rebondissement idiot de la perte de l’anglais était, en réalité, un rebondissement idiot, inutile, et dont on n’entendra plus jamais parler. Bravo.

En vrac...

• Il y a quelques semaines je me moquais d’une éventuelle scène entre Zombie Desmond et Zombie Sayid. Je profite donc de cette critique pour m’excuser : non seulement leur scène autour du puits (tout riquiqui) était chouette, mais en plus Henry Ian Cusick a décidé de jouer sur un autre registre que « l’air béat et content de lui ». Il l’a fait avec beaucoup de talent, j’en redemande, et pour dans scène, et cette scène uniquement, j’ai vraiment retrouvé Desmond. Et ça fait du bien.

• Le coup du tuyau d’arrosage ? Classique !

• Michael Giacchino m’a semblé très peu en forme sur la première moitié de saison. C’est fini, il est de retour, et 90% de la tension apparue cette semaine est due à ses violons et ses tambours.

• Je commence sincèrement à me demander si on reverra le père de Jack avant la fin de la série.

• Pour la deuxième semaine consécutive, on nous apporte une réponse (le Monstre a toujours été Christian Shephard) de façon déplorable. Deux hommes se parlent, ici Jack et Plocke, l’un pose une question, l’autre répond, et sur la forme ça n’a strictement aucun intérêt. (Sur le fond c’est discutable aussi, mais je vais laisser couler pour cette fois.) Dans le premier épisode de la saison, on nous a montré que Locke était le Monstre de Fumée au cours d’une attaque, et c’était bien. On nous a aussi résolu le Black Rock et la Statue en même temps, c’était nulle mais ça avait au moins le mérite d’être spectaculaire.
Là, rien. Lindelof et Cuse ont eu trois ans pour gérer leur fin, et surtout pour réfléchir à la façon dont ils pouvaient répartir leurs réponses. Ils auraient quand même pu trouver une façon un peu plus stimulante pour nous les présenter que de simples séances de question-réponse.

Ju
P.S. Dans une à deux semaines, je vous expliquerai que cette critique "volontairement" tardive était dans votre intérêt, et vous a permis de mieux gérer l’attente entre les deux épisodes.
Et on parlera un peu de Lost.