N°50: Semaine du 10 au 16 décembre 2007
16 décembre 2007
Episode Semaine
Moralisatrice, la télé américaine ?
Tigrou s’essaye à Fox News.
Depuis mon arrivée aux Etats-Unis, je n’ai pas trop eu l’occasion de regarder la télé… A part des séries, bien sûr, mais vu que je les regarde (légalement !) sur le net pour éviter les pubs, et que de toutes façons je les verrais aussi si j’étais en France, ça ne me change pas beaucoup…
Malgré tout, il m’arrive de temps en temps de m’attarder quelques minutes, pour rire, sur une chaîne « « « « « d’information » » » » » américaine.
Fox News par exemple.
Regarder le journal sur Fox News, c’est un peu comme suivre les aventure de Valerie dans The Comeback : on est consterné, on en rigole, mais, au fond, on est très mal a l’aise.
J’ai cherché pendant un moment ce qui me dérangeait tant dans ces journaux à l’américaine. Les pubs incessantes ? Les reportages sur "les perruques pour chat" diffusés avant le compte rendu sur le débat présidentiel ? Le sentiment de danger permanent que ces programmes distillent en nous rappelant que la menace d’un attentat (raté), d’un "homme noir" (suspect d’un truc à 2000 kilomètres de là) ou d’une panthère en liberté dans les montagnes (aperçue par deux scouts de 11 ans) n’est jamais bien loin ?
Tout ça est consternant mais, au fond, ce sont des défauts présents (à un degré moindre) dans les journaux télé français (qui sont déjà bien nuls je vous l’accorde)…
Et puis finalement, vendredi matin, en regardant Fox News avant de partir au boulot, j’ai enfin mis le doigt dessus.
Ce qui m’insupporte hautement dans ce genre d’émission, c’est que les « « « « journalistes » » » » qui les animent ne peuvent pas s’empêcher d’y donner leur opinion. Sur tout les sujets. Tout le temps.
La notion même d’information objective n’existe pas, puisque le présentateur se sent obligé d’accompagner les faits les plus anodins de ses commentaires banals et moralisateurs…
Un exemple parmi d’autre : la semaine dernière, j’étais a Boston et, le jeudi, il y a eu une tempête de neige.
Quand je dis une tempête de neige, je ne parle pas de cinq petits flocons qui se battent en duel sur le pavé parisien. Je parle de tonnes de neiges qui se déversent en quelques heures sur la ville, bloquent ses rues, inondent ses caniveaux, paralysent ses transports et font fermer ses entreprises.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, rentrer à pied dans la neige, sans bottes, avec mes chaussettes et mon pantalon qui s’imbibent d’eau glacée, ça a tendance à me mettre de mauvaise humeur…
Si, en plus, comme beaucoup de gens, j’apprenais que mon vol ou mon car pour New York était annulé à cause du mauvais temps, et que je devais me trouver d’urgence un endroit où dormir pour ne pas mourir gelé, je ne serais probablement pas content…
Si, comme les moins chanceux, je passais la nuit coincé dans ma voiture sur une autoroute bloquée, sans pouvoir mettre le chauffage pour ne pas m’asphyxier, je pense que ça m’agacerait aussi un peu…
Mais si, une fois arrivé chez moi, trempé, gelé et angoissé face à mon avenir incertain, j’allumais Fox News, et que le journaliste me rappelait que "au moins, je suis en vie" pour m’aider à relativiser la situation, je pense que ça m’horripilerait pour de bon !
En effet, les journalistes de Fox News, bien au chaud sur leur plateau, avaient décidé qu’une tempête de neige, par rapport à un attentat, un homme noir, une panthère échappée du zoo ou la sacro sainte guerre en Irak, ce n’était pas si grave, et que les gens auraient tort de trop se plaindre. Et ils ne se gênaient pas pour nous le rappeler dans leurs commentaires à la fin de chaque reportage :
- People are complaining, but you know, it could be worse. At least you’re alive ! (Hein ?)
- We’re used to control everything but, as my grand father said (Sérieusement ?), when things that you can’t control come up, it shows that you’re alive !
- You know, this woman (bloquée toute la nuit par la neige sur une route isolée sans chauffage) had a rough night, but you know, maybe the stranger who helped her will become her husband (QUOI ?) and then something good will have come out of it ! (Non mais SERIEUX ?)
- You’ve got to keep it positive guys ! (Mais TA GUEULE !)
Exaspéré par tant de lieux communs mièvres et moralisateurs concentrés sur une si petite plage de temps, j’ai vite éteint ma télé. Maintenant, je regrette un peu… Je suis sûr que si j’avais laissé mon poste allumé cinq minutes de plus, j’aurais eu droit a :
- Before you complain, try to think about our guys in Iraq ! Do you hear them complaining ? Hue ? So shut up !
Ah… J’aurais jamais cru dire ca un jour, mais PPDA et Pernaud me manquent presque…
That is the question
Jéjé se penche sur le vrai problème du moment
"Quand est-ce que cette grève va finir ?"
"Quand est-ce que ces chiens galeux de producteurs vont offrir leurs 4 cents en plus aux scénaristes ?"
"Hé, c’est vrai que le salaire moyen d’un scénariste à Hollywood est supérieur à celui d’un chrirugien ?"
"Il reste combien d’épisodes de 30 Rock ?"
...
Toujours et encore les mêmes interrogations... Chaque jour depuis six semaines ! Jusqu’à... aujourd’hui !
Enfin une nouvelle question inédite. Sans rapport avec la grève. Assurée d’avoir une réponse claire dans 24 heures. La seule question d’importance.

pErDUSA se lance dans les pronostics :
Feyrtys : 4. Denise - 3. Todd - 2. Courtney - 1. Amanda
Blackie : 4. Denise - 3. Amanda - 2. Courtney - 1. Todd [1]
Ju : 4. Denise - 3. Amanda - 2. Courtney - 1. Todd
Drum : 4. Denise - 3. Courtney - 2. Todd - 1. Amanda
Jéjé : 4. Denise - 3. Courtney - 2. Todd - 1. Amanda
Ce qui fait que le pronostic global de la rédaction correspond à l’ordre d’apparition des candidats dans la bande annonce de CBS pour ce dimanche... Crédible ?

Réponse demain dans le topic Survivor du forum !
Les séries, c’est encore mieux que l’ONU.
Feyrtys se met à réfléchir sur l’aspect socialisant des séries, c’est la faute de la grève !
A priori, je n’ai pas beaucoup de points communs avec une Coréenne de 22 et une Taïwanaise de 30. Mais voilà, il suffit de commencer à parler de séries, et j’ai l’impression que toutes les "barrières" de langage et de culture s’abaissent. C’est encore plus fort que l’alcool et le mini-golf, si vous voulez mon avis. C’est encore plus fort que Guitar Hero.
A peine avons-nous fait connaissance les unes des autres que les discussions étaient lancées :
"Quelle est la meilleure saison de Friends ? Qui est l’acteur le plus sexy de Rome ? Quel est le personnage de Sex and The City que l’on préfère, et pourquoi ? The Office US est-il meilleur que The Office UK ?"
Les sujets de discussion autour des séries sont sans fin, même avec des gens que vous venez de rencontrer, quelque soit leur âge ou leur culture.
Il ne s’agit pas seulement de parler des séries que l’on a en commun, mais d’en découvrir de nouvelles. Il ne s’agit pas seulement de parler des séries que l’on préfère, mais de dire pourquoi on les trouve si géniales, et pourquoi elles devraient être vues et revues.
En parlant de séries télé, des personnages que l’on préfère, des épisodes qui nous ont le plus marqué, on parle de soi, plus qu’on ne l’imagine. En tout cas, c’est ce que j’aime à croire. Bien sûr, c’est également le cas avec le cinéma, les livres, la musique, l’art en général... Mais comme je passe plus de temps à regarder des séries qu’à lire ou qu’à aller au cinéma, mon discours est un peu biaisé... Et il le restera encore longtemps (et même avec une rentrée aussi médiocre que celle que nous avons eu cette année !).
Somewhere very far from the rainbow
Blackie diffuse des messages à peine subliminaux
Comme chaque hiver, je me suis installée devant la mini-série de Sci Fi, avec beaucoup de bonne volonté (le matraquage publicitaire pendant des mois fait effet) mais aussi beaucoup d’appréhension. La bande-annonce de Tin Man m’avait laissée, disons perplexe, mais néanmoins curieuse de découvrir ce qu’une revisitation de l’univers du Magicien d’Oz pouvait donner sans Judy Garland ou Idina Menzel.
C’est ainsi qu’on m’a présentée DG (Dorothy Gale sonne moins cool), une serveuse passant son temps à faire des dessins de jolies dames qu’elle voit en rêve, pour les montrer ensuite à son papa le plus sérieusement du monde. Vu qu’elle possède une moto, elle est un peu rebelle et affirme vouloir quitter la vie excitante du Kansas. Ce à quoi ses parents se montrent outrés, vu qu’il n’y a pas mieux ailleurs, et leur fille réagit à cela comme n’importe quelle adulte de 30 ans : en courant pleurer dans sa chambre.
Si on trouve plus tard des explications au comportement surréaliste des Gale ou aux rêves de barbies tournoyantes, cette introduction s’avère encore plus stupide que ma façon de la raconter le laisse transparaître. Chaque effet spécial est à vomir autant que la photographie générale, et aux dialogues affligeants vient s’ajouter le jeu de Zooey Deschanel, dont la réputation de princesse du cinéma indépendant est ruinée à jamais. Pour vous donner une idée, imaginez une retardée mentale dans un film Z qui aurait trop prit de Lexomil. La regarder est une torture, tandis que chaque apparition du génial Alan Cumming dans un costume ridicule donne juste envie de pleurer sur sa carrière. A côté, l’ex de Beverly Hills semble tenter vainement de retenir le coté caricatural de sa sorcière habillée comme un Chevalier du Zodiaque, tandis que le type à qui on a greffé des poils de balais sur la tête, lui, ne fait même pas l’effort.
L’horreur continue avec l’apparition des Munchkins, dont le royaume magique ressemble étrangement au parc Aventureland. Prendre des acteurs de petite taille ne suffisait apparemment pas puisqu’il a fallu les réduire avec la magie du fond vert et trafiquer leurs voix comme celles des Chipmunks. Ce fut le coup de grâce. Ne pouvant tenir au-delà de cette demi-heure par peur de faire une crise d’épilepsie, je ne saurai jamais si l’intrigue générale valait le coup de supporter une infamie pareille, ou si le type de Boomtown était capable de sauver un peu les meubles. Ce dont je me fiche, car plus tôt ma mémoire aura effacé Tin Man, mieux je me porterai.
Pour une mini-série censée m’enchanter en cette période de fête, avec comme base non moins que l’un des plus grands contes enfantins américains, Sci Fi n’a jamais autant été à côté de la plaque. Il y a des scénaristes qui feraient mieux de disparaître étrangement après la grève.
Et pendant ce temps, sur une chaîne bien moins respectable, Supernatural nous détourne l’épisode classique de Noël avec de l’humour vraiment drôle et une photographie irréprochable. Je dis ça comme ça…
Sisters are doing it for themselves
Conundrum revient sur la fin de Survivor
Survivor : China s’achève ce soir sur les ondes de CBS, et le final four reflète parfaitement la saison : les femmes ont dominé cette édition. Voici mes pronostics pour cette finale.
Quatrième place : Denise
On peut reprocher à Peigh Gee et à Jaimie d’avoir volontairement saboté deux épreuves, mais Denise a clairement fait de l’anti-jeu. Lorsque son alliance à décidé d’éliminer James, elle était la seule à ne pas en avoir été informée (Erik et Peigh Gee étaient au courant), et pourtant, sachant qu’elle n’était pas dans les hautes sphères de l’alliance, elle a refusé à maintes reprises de retourner le jeu. Croiser les doigts et esperer ne pas être éliminé n’a jamais été une stratégie efficace, et ça n’a que rarement attiré les faveurs du jury (n’est ce pas, Becky ?)
Troisième place : Courtney
C’est sûr que faire des commentaires sarcastiques attire tout de suite les faveurs de pErDUSA, mais Courtney s’est montrée comme une piètre candidate sans beaucoup de stratégie qui en a un peu trop fait à sa tête. Et son attitude de New Yorker cynique est devenue aussi ridicule que Jean Robert qui s’auto proclame "bad boy".
Deuxième place : Todd
Il devait être un môme hyper actif, ce Todd. Paranoïaque et prompt à rapidement changer de stratégie, Todd a le mérite d’avoir essayé de faire bouger le jeu tout en restant assez honnête, au final. Il n’a jamais caché son ambition, et contrairement à Jean Robert et James, il n’a pas montré signes d’un ego sur developpé. Mais sans Amanda pour canaliser son energie, Todd n’aurait sûrement pas pu accéder aussi aisément au final four.
Gagnante : Amanda
On dit que derrière chaque grand homme se cache une femme encore plus grande. Certes, avec un homme de la taille de Todd, c’est assez facile. Mais la belle Amanda a été non seulement un fin stratège, mais elle a joué un jeu discret et impressionant. Elle n’a pas aidé à la lutte contre la famine dans le monde, elle n’a pas trouvé une solution au conflit israélo-palestinien, elle n’a pas stoppé la guerre des scénaristes, mais j’espère vraiment que lundi matin, elle se réveillera millionaire.
Parce qu’être musulman ne sert pas qu’à se faire torturer dans 24
Blackie n’en a pas fini avec Aliens in America
L’été dernier, Aliens in America était l’un des pilotes m’ayant le plus impressionnée et j’étais persuadée qu’on avait là l’une des meilleures nouveautés du cru 2007-2008. Dix épisodes plus tard, elle s’avère être une sitcom tout à fait correcte mais loin de la critique sociale mordante à laquelle je m’attendais.
Son principal défaut réside dans le fait qu’elle semble s’être éloignée de son sujet pour ne conter que la vie de deux adolescents impopulaires, dont un nous gratifie d’une voix off assez étouffante. Le remplacement catastrophique de Patrick Breen par Scott Patterson, au physique et au jeu comique en totale opposition, n’a pas amélioré l’ensemble, bien que le rôle ait été progressivement adapté à son style ‘all-american dad’. Ce qui ne rend pas son sourire moins flippant pour autant. Seules Franny et Claire se sont révélées vraiment drôles et attachantes, leur ressemblance physique ne gâchant rien à leur crédibilité en tant que mère et fille.

Avec le dernier épisode de l’année, "Church", le principe de la série refait enfin vraiment surface. Parce que l’acceptation et les belles leçons d’amour familial ponctuant chaque fin d’épisode, c’est bien beau, mais Aliens in America avait au départ décidé de nous parler du choc des cultures et de critiquer en passant le manque d’éducation générale aux Etats-Unis. La différence fondamentale présentée entre Raja et les Tolchuk résidant dans leurs religions, il était temps d’y revenir et de pointer gentiment du doigt l’hypocrisie qui règne à ce sujet. En plus de l’humour, le degré d’intelligence derrière les rires s’élève un peu et Raja retrouve un rôle bien plus riche que celui d’agneau moralisateur du lycée. Il serait bon que la série continue doucement dans cette voie et explore sincèrement les possibilités que leur expatrié peut apporter. La vie comico-tragique de geeks au lycée passe cinq minutes, mais c’est un tel réchauffé qu’Aliens in America pourrait vite passer aux oubliettes.
Mon Final Four
Ju est un homme de peu de mots. Mais quels mots !
Quatre bonnes raisons pour que les scénaristes obtiennent ce qu’ils veulent :

En attendant, n’hésitez pas à venir sur notre forum !
[1] Blackie est à fond pour Amanda, mais malheureusement, elle pense que Todd a toute les chances de gagner. Et puis elle ne veut pas porter la poisse à Amanda en la choisissant. Les anciens chouchous de Blackie ont toujours perdu en finale, il ne faut donc pas tenter le diable !