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Mégalopolis - Présentation de Saturday Night Live

Lumières du Samedi Soir: Novembre 2008

Par Conundrum, le 11 novembre 2008
Publié le
11 novembre 2008
Saison Les
Episode Les
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J’ai aimé Saturday Night Live avant même de commencer à regarder l’émission. Plus précisément, j’ai été conditionné depuis mon enfance à aimer SNL. J’ai grandit avec Ghostbusters et les films d’Eddie Murphy sans savoir qu’ils étaient membres de l’émission, je suivais Kathy et Allie sans savoir d’où venait Jane Curtin, je riais plus devant 3rd Rock sans savoir qu’elle était écrite par des anciens (Bonnie et Terry Turner) et futurs (Will Forte) scénaristes de l’émission à sketch, j’ai été perturbé par la mort de Phil Hartman en ne le connaissant que par NewsRadio et j’adorais les performances décalés en guest dans mes sitcoms du même Hartman, de Cheri Oteri ou Molly Shannon sans connaître ce qui les liaient.

En grandissant dans les années 80 et 90, il est impossible, si on a bon gout, d’être passé à côté d’un élément satellite d’une émission qui a concentré autant de talents. Si vous préférez Conan et Letterman à Leno, il y a une raison. Deux de ses émissions sont (ou été) écrite par des anciens de SNL, et la troisième à un animateur en menton disproportionné par rapport au reste de son corps.

Et pas besoin de connaître les talk shows américains obscurs quand on a grandit en France pour subir ce lavage de cerveau pro-SNL. ‘Les Nuls : L’émission’ était basée sur Saturday Night Live, la quatuor de comiques français l’ont souvent cité comme une inspiration.

L’idée de SNL est venue à Lorne Michaels lorsqu’il réalisa que la télévision US n’était plus en adéquation avec les aspirations de la première génération qui a grandit avec elle. Il propose à NBC, alors en recherche d’un concept pour remplacer les rediffusions du samedi soir du talk show de Johnny Carson, l’idée d’une émission de variété avec de jeunes humoristes dont l’animateur change chaque semaine. L’émission comporterai plusieurs morceaux musicaux, des mini films d’Albert Brooks (l’équivalent à l’époque de SNL Digital Shorts) et de sketchs avec des marionnettes de Jim Henson. Lorne Michaels reprend aussi une idée qu’il avait eu pour le film ‘The Groove Tube’ d’un segment de faux journal, ‘Week End Update’.

Michaels peu satisfait des travaux de Brooks et Henson, fera disparaître progressivement leurs segments. Mais en 34 ans, le format de l’émission n’a que très peu changé. Sa fonction, elle, est radicalement différente. Les premières saisons ont une dimension sociale, elle retranscrit le mal être de la génération Nixon.

Dans sa première saison, dans un épisode animé par la sublime Candice Bergen, on y trouve un segment, qui ne semble pas avoir la vocation d’être un sketch, où l’actrice discute avec Gilda Radner, membre originale de la troupe, sur la vraie beauté et le charisme de la femme. Il y a un côté expérimental, pas toujours réussi, dans ses premières saisons que l’émission a perdu.

Et il s’agit ici d’une évolution logique. SNL est toujours le reflet de la jeunesse américaine. Après la guerre du Viet Nam, et la fin de la Guerre Froide, la génération qui a vu la télévision évoluer avec elle, a une humour plus sophistiqué. Après quelques déboires de production au début des années 80, l’émission a un aspect plus poli et plus mordant à la fin de la décennie et au début des années 90.
L’ére Clinton et la jeunesse qui a grandit avec la Détente a un humour un plus débile (n’ayons pas peur des mots), les slackers seront bien representés au milieu des années 90 avec Chris Farley, Adam Sandler et David Spade. Mais évoluer avec la jeunesse pour une émission avec une telle longévité signifie aussi perdre le public qui l’a découvert. La transition se fait dans la douleur, les critiques fusent, l’audience s’érode, et, pas pour la première et pas pour la dernière fois, l’émission est en passe d’être annulée. Mais Will Ferrell, Jimmy Fallon et Tina Fey arrivent à la rescousse. Le duo Fey-Fallon, à la tête du Week End Update réussit à réconcilier tous les publics en mêlant l’aspect absurde et le coté politique de l’émission (segment qui s’y prête le plus).

Tina Fey deviendra rapidement la première scénariste en chef de l’émission. Et il n’y a rien d’étonnant. Mais si elles sont moins nombreuses que les hommes, et qu’il s’agit d’un environnement que certaines (Janeane Garofalo par exemple) considèrent sexiste,
SNL a toujours été un environnement où les femmes marquent le plus, si elle ne le prédomine pas. Les sitcoms ont des rôles très stéréotypés pour les femmes : la mère de famille, la célibataire névrosée, la bimbo, la mangeuse d’homme ou l’épouse d’un mari souvent obèse, toujours gamin. Certaines s’en sortent de façon magistrale, mais il n’y a pas de grande variété pour elle. SNL a permis aux femmes d’être drôle de façon différente. Le talent d’actrices comme Molly Shannon, Cheri Oteri, Amy Poëlher ou Maya Rudolph seraient bridés dans des sitcoms.

Dans Saturday Night Live, leur versatilité est mise en avant.

Car, si elles ne sont pas Tina Fey, sans versatilité, le talent n’est pas suffisant dans l’émission. Alors que beaucoup d’hommes se spécialisent dans un domaine, les femmes de SNL sont souvent aussi douées dans les imitations que dans les personnages atypiques. Elles peuvent mener un sketch, ou simplement y apparaître en apportant une valeur ajoutée. Janeane Garofalo et Sarah Silverman ont beau être de jeunes femmes très drôles dans leurs registres, mais elles n’ont pas trouvé leur place dans l’émission. A l’inverse, Julia Louis Dreyfuss sera toujours drôle, peu importe que ce soit dans Seinfeld, Old Christine ou guest star dans Arrested Development. Et après l’avoir vu dans ces saisons de SNL, il n’y a rien d’étonnant la dedans.

Il est clair que l’émission n’est pas toujours drôle. C’est le but avoué des scénaristes. Ils cherchent à avoir une telle diversité qu’au moins un sketch plaira à chaque membre de son audience. Du coup, il est facile de se concentrer sur l’inégalité d’un épisode, ou le malaise palpable de l’animateur invité ou encore sur le fait que tout le monde lise des panneaux sans regarder la caméra. Mais, il reste quelque chose de remarquable dans le fait que l’émission soit écrite en une semaine, revue jusqu’à la dernière minute (d’où l’impossibilité d’apprendre son texte par cœur), et surtout que c’est la seule émission tournée en direct sans édition, sans le droit à l’erreur.

Et je suis sur que je ne suis pas le seul.

Il est impossible de ne pas avoir aimé un élément satellite de l’émission dans lequel un ou plusieurs auteurs y ont contribué. En tout cas, l’émission a surement quelque chose pour vous si vous aimez 3rd Rock, Tina Fey, 30 Rock, la musique live, The Blues Brothers, Ghostbusters, Mean Girls, Conan O’Brian, NewsRadio, Le Flic de Beverly Hills, The Office, Robert Downey Jr, les SNL Digital Short d’Andy Samberg, Will Ferrel, Rob Riggle du Daily Show, Bill Murray, les fausses news...

Conundrum