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Orange Is The New Black - Avis sur la première saison de la nouvelle série de Jenji Kohan

Orange is the New Black: Votre Meilleure Série de l’Été

Par Blackie, le 31 juillet 2013
Publié le
31 juillet 2013
Saison 1
Episode 13
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Parce que la dernière saison de Breaking Bad qui approche et un True Blood revigoré ne peuvent pas suffire à remplir cet été, il faut bien que votre palmarès 2013 continue de s’agrandir en ces temps de vaches maigres tranchées.
Le problème, c’est que vous doutez toujours que Orange is the New Black puisse être dans votre liste, alors que vous avez lu partout que c’est formidable. On va y remédier.

Un groupe de femmes, ça fait peur. Je sais. Encore plus les taulardes lesbiennes.

Heureusement que je suis là pour vous rassurer. Et vous démontrer que vous avez tort de les ignorer depuis AU MOINS deux semaines !

C’est quoi ?

Orange is the New Black est la quatrième série produite et uniquement diffusée sur Netflix. Elle est créée par Jenji Kohan (Weeds), qui adapte très librement les mémoires de Piper Kerman publiées sous le même mauvais titre.
Une deuxième saison fut commandée quasiment dès son lancement, tant elle fut populaire sur le site et auprès des critiques.

Netflix a beaucoup fait parler avec ses séries, avec des réactions globalement mitigées. La prétentieuse House of Cards ne méritait pas tant d’éloges. La saison 4 d’Arrested Development a laissé perplexe avec son changement de formule malgré une qualité globale. Et Hemlock Grove était carrément ridicule.
Mais avec Orange Is The New Black, tout va bien. Sa qualité et l’intensité de l’histoire progresse parfaitement, tant elle semble avoir été écrite pour une diffusion hebdomadaire. Je l’aurais très bien vue sur FX.

En plus, son générique signé Regina Spektor est formidable. Sur un défilé de visages de vraies prisonnières, le rythme qui se casse pour repartir de plus belle est on ne peut plus adéquate. Vous connaissez la théorie de Drum et des bons génériques...

Ça parle de quoi ?

Piper Chapman est une blonde de bonne famille, fiancée à un gentil journaliste, qui doit purger quinze mois dans une prison fédérale pour s’être mêlée au trafic de drogue de sa petite-amie il y a dix ans.

De ce point de départ, on suit l’arrivée de Piper à la prison, sa découverte des règles de cet univers, des gens qui le peuplent, et sa transformation personnelle dans cet environnement. Cela inclut faire face à son ex, responsable de son enfermement, tout en tentant de se raccrocher à une vie à l’extérieur qui continue sans elle.

En même temps, non seulement on apprend comment elle en est arrivée là, mais on en fait de même avec une autre prisonnière à chaque épisode. Eh oui, des flashbacks ! Parce qu’il n’y a pas que Piper qui compte.

C’est avec qui ?

Taylor Schilling était plutôt méconnue jusqu’au rôle de Piper Chapman. Tout l’ensemble est d’ailleurs majoritairement composé d’acteurs débutants ou vaguement aperçus en fond ici et là.

Les plus reconnaissables du grand public sont Jason Biggs et Natasha Lyonne, grâce aux films American Pie. Biggs insuffle sa niaiserie au fiancé de Piper, tandis que Lyonne se révèle dans un rôle touchant à ses propres démons avec l’ex-junkie Nicky.
Rompre avec une décennie de carrière médiocre doit être de rigueur, vu que Laura Prepon (That 70s Show) les rejoint en Alex Vause, l’ex de Piper.

Le plus gros talent du lot, c’est Kate Mulgrew en Red, la cuistot russe qui sert de mère de substitution. Il m’a bien fallu trois épisodes pour reconnaitre le Captain Janeway, en mauvaise Trekkie que je suis ! Bluffante.

Chocolate and vanillaaaa...

Mais tous sont formidables, des prisonnières aux gardes, en passant par l’entourage. De la gamine à la vieille dame. De la plus fragile à la terreur baraquée. Aucune fausse note.
Sauf Biggs et son regard fuyant.

En quoi c’est génial ?

En tout. Depuis quand vous ne me faites pas confiance ?

Ah oui, Teen Wolf.

...

Bref. Sachez déjà que Orange Is The New Black n’est ni Oz Sous Oestrogènes, ni Nancy Botwin en Taule. On n’est ni dans le réchauffé d’un autre succès sur l’univers carcéral, ni dans le grotesque où finissait par s’enfoncer Weeds. L’écriture de Kohan s’est affinée, elle est devenue plus subtile, plus sincère, et réussit même à prendre suffisamment de distance avec sa source pour ne pas tomber dans la complaisance ou le nombrilisme. Parce que Piper (la vraie comme le personnage) est loin d’être parfaite.

Le spectateur suit néanmoins une progression parallèle à la sienne, de l’appréhension à la rapide familiarisation, jusqu’à une affection particulière pour les personnages que les meilleures séries savent créer (oh, Bunheads...).

Orange is the New Black dose parfaitement le drame de la situation tout en y trouvant un humour auquel il y a besoin de se raccrocher. Le regard porté sur ce petit monde, et surtout aux prisonnières, est aussi difficile que bourré de cœur. Ca ne saute pas aux yeux dès le Pilote, mais le second épisode centré sur Red permet mieux de cerner la direction de la série, notamment avec ses flashbacks qui s’imbriquent parfaitement à l’histoire et offrent les informations tout juste nécessaires pour nous éclairer. On arrive donc toujours à comprendre ce qui a amené ces femmes à être condamnées sans que cela soit trop explicitement montré.

Le troisième épisode, centré sur Sophia la transsexuelle prend tout simplement aux tripes, et si vous n’enchainez pas toute la saison à partir de là, je ne vous comprends pas.

Aucune d’elles ne se résume à son statut de criminelle. Avant il y avait une personne et elle a fait des mauvais choix. La prison change, et si on cherche à voir plus loin, on y trouve des êtres humains. Piper l’explique parfaitement à une gamine : “Other people aren’t the scariest part of prison. It’s coming face to face with who you really are.

Si les retrouvailles de Piper et Alex ressemblent un peu à du soap opera, elles permettent de mieux étudier le besoin de connexion qui existe lorsque sa vie est arrêtée de force. On a même droit à une histoire d’amour tragique qui aurait pu virer au ridicule si les interprètes n’apportaient pas une innocence à faire sourire niaisement.

Les hommes ne sont pas en reste pour autant, malgré la vingtaine de personnages à traiter. Larry, le fiancé de Piper, sert d’ailleurs de point d’encrage principal avec l’extérieur. Un extérieur qui ne sait pas comment gérer l’enfermement de l’être aimé, qui ne peut pas réellement comprendre ce qui se passe à l’intérieur ni les changements qui se créent forcément chez la personne incarcérée, et se demande s’il doit lui-même mettre sa vie en suspend.

Évidemment, l’univers carcéral se retrouve critiqué, mais il est impossible d’y échapper. Piper n’est pas là pour changer quoi que ce soit. Elle ne crée pas de révolution ni n’apprend à lire aux démunies. Son regard est neuf et appuyé d’une bonne éducation scolaire, mais elle est là pour s’adapter autant que les autres. Le fait est qu’il suffit d’avoir des yeux et des oreilles pour s’apercevoir que les minorités et les gens pauvres ont plus de chances de commettre des erreurs dans la vie et avoir moins de chances de se défendre devant la cours de justice.

En treize épisodes, Orange is the New Black arrive à nous présenter une bonne vingtaine de personnages naviguant entre le pathos, le rire et la menace. J’ai bien du changer trois fois de favorite par épisode, et fini en larmes plusieurs fois.

Il est rare d’avoir une série avec un ensemble féminin aussi prédominant, et encore moins aussi varié ethniquement. Alors quand en plus c’est un excellent drame, autant ne pas se priver et célébrer.

Puis honnêtement, rien que voir CrazyEyes réciter du Shakespeare vaut le détour.

Blackie