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Rome - Critique du dernier épisode de la série

De Patro Vostro: Remember, far better women than you have sworn to do the same, go and look for them now.

Par Joma, le 19 avril 2007
Par Joma
Publié le
19 avril 2007
Saison 2
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Je viens de m’en rendre compte, écrire une review d’un final de série est un crève-cœur.
Pas simplement parce qu’il s’agit de la dernière fois que je parlerais de personnages que j’ai fini par réellement aimer. Mais surtout qu’il est difficile d’être au niveau d’émotion que peut susciter une fin de série.

Une fois digéré le fait que ce que j’écrirais sera forcément nullissime (et oui, c’est un processus long et douloureux pour son ego), je peux me lancer.

L’histoire, est simple.
Marc-Antoine battu à la bataille navale d’Actium se réfugie à Alexandrie dans le palais de Cléopâtre. Là, les deux amants vont s’enfoncer dans la débauche, alternant espoir d’une sortie digne et l’abattement d’une fin toute proche. Dans ses moments les plus terribles, Marco s’en remet totalement à Cléo. Mais sa compagne est avant tout la reine d’Egypte, et pour sauver son royaume elle n’hésite pas à faire croire à Marco qu’elle est morte pour le pousser au suicide. Mais quand elle s’apercevra qu’Octave n’a rien d’un partenaire loyal et qu’elle a bradé son pays et son amant, elle choisira de le rejoindre dans la mort. Pour Octave tout n’est pas fini. Il reste encore le problème Caesarion qui demande une solution, puisque le pseudo fils de Caesar est en fuite, protégé par Vorenus. Pullo est donc chargé d’en finir avec le mioche. Bien évidemment Pullo ne va pas tuer son enfant, mais va faire croire à sa mort. Manque de chance Vorenus n’y survivra pas longtemps.

3 Morts...

I just want something, something I can never have.

Marco aura été un homme qui aura vécu par les femmes et sera mort par elles.
C’est certes facile de dire cela après avoir vu Marco se suicider après avoir été complètement manipulé par Cléo. Mais qui d’autre aurait pu réussir cela ?

L’homme, sans être la personne la plus fine de la république romaine, était loin d’être un idiot. Même manipulé par Cicéron il avait su réagir, comme une brute certes, mais il avait eu au moins la décence de faire quelques chose.
En tant que militaire, il avait du charisme, menait ses hommes à la baguette mais dés qu’une femme se retrouvait à ses côtés son esprit pédalait dans la semoule. Et pour pédaler, il pédalait complètement. Je ne sais pas si c’était Cléo, l’Egypte, ou bien les deux mais jamais Marco n’avait paru affûté depuis son départ de Rome. Il avait parfois des éclairs fugaces de son charisme, mais le plus souvent il ne ressemblait qu’à un dément, juste bon à satisfaire les plaisirs de sa reine et embrocher des esclaves pour la beauté du sport. Et pourtant sa mort est déchirante.

Dans un dernier moment de lucidité, croyant avoir définitivement tout perdu, Marco décide de se tuer. Mais la mort qu’il se donne n’a rien de pathétique. James Purefoy arrive à redonner pendant quelques instants la prestance de l’homme qui avait affronter la foule des Pompéiens dans How Titus Pullo brought down the republic, ou le général vainqueur à Philippi. Encore une fois, je suis obligé de m’incliner devant cette marque évidente de talent. Réussir à rendre une brute attachante reste quand même une sacrée gageure.

I want to fuck you like an animal, I want to feel you from the inside

Cléo, comme toutes les femmes de la série, est une manipulatrice née.
Attention, cette remarque n’a rien de misogyne. C’est juste une constatation de l’immense pouvoir qu’ont les femmes sur le monde antique dans la série de Bruno Heller.
Que personne ne se méprenne. C’est bien Atia, Servilia, Cléopâtre qui ont fait et défait la république. Caesar est mort parce que Servilia a poussé son fils à conspirer. Cassius et Brutus ont été battus à Philipi parce qu’Atia a réuni les deux hommes qu’elle aimait. Et malheureusement pour elle, Cléopâtre a perdu son royaume parce qu’elle a poussé Marco à ignorer ses racines romaines.

Jusqu’au bout Cléopâtre s’est servie de son corps pour influencer les hommes qui passaient à sa portée. Jusqu’au bout elle a tout sacrifié pour l’Egypte. Si je ne mets pas en cause ses sentiments pour Marco, ceux-ci n’ont pas pesés bien lourd face à sa responsabilité pour son pays. Dommage pour elle que le sacrifice de la vie de son amant se soit heurté à la froideur du nouveau maître de Rome. En effet pour Octave, Cléo et l’Egypte ne représentaient rien, seul Caesarion avait de l’importance. Incapable de le comprendre, elle a usé de son charme sans résultat sur le futur empereur avant de réaliser qu’elle n’était plus qu’un pion sur l’échiquier du monde.
Après avoir échoué à assurer de nouveau la grandeur de l’Egypte, il ne lui restait plus qu’à rejoindre l’homme dont elle avait sacrifié la vie.

Si la mort de Marco lui a permit de retrouver une certaine dignité après s’être perdu. Cléo est morte comme elle a vécu : en reine. Irréductible face à Octave jusqu’à son dernier souffle. Et oui, les femmes dans Rome ont bien plus de majesté que leur homologue masculin.

Your Hand in Mine

Des trois morts de l’épisode, Vorenus a celle qui semble la plus ridicule, voire cliché. Il faut dire que blessé en protégeant Caesarion, il mettra un mois avant de mourir, le temps pour lui de rentrer à Rome et de voir ses enfants lui pardonner.
Et pourtant, il paraissait impensable de laisser crever Lucius Vorenus dans les sables d’Egypte sans que celui-ci trouve la paix. Depuis le début de la série l’ancien légionnaire de la 13ème légion s’est beaucoup cherché : soldat, commerçant, sénateur, maquereau, clone de Darth Vador.

Pire, sa nature un peu frustre a fini un jour ou l’autre par le couper des êtres qu’il aimait : sa femme , ses enfants, son meilleur ami. C’est pourtant cette amitié sans faille de Pullo, ne baissant jamais les bras face aux attitudes parfois blessantes et au caractère plus que difficile de Lucius, qui a toujours permis à Vorenus de ne pas se perdre définitivement, de rester calme et réfléchi... Bon ok ! Pas tout le temps, mais sans Pullo ça aurait pu être pire.

Alors oui, j’ai été bêtement heureux pour Vorenus quand sa fille lui prend la main et lui parle, oubliant à ce moment la haine qui l’animait avant le départ de son père pour L’Egypte. Content de voir aussi la sobriété mise dans cette scène par Bruno Heller et Kevin McKidd.
J’en profite aussi pour parler de Pullo. L’autre légionnaire de la 13ème ment à son ami Octave et repart ainsi avec son fils bien vivant. En même temps on aurait eu du mal à croire que Pullo aller tuer Caesarion. La dernière image de la série finie sur eux, les sans grade qui font l’histoire.

Dans un sens, Pullo et Vorenus ont fini par avoir chacun ce qu’ils désiraient. Vorenus la reconnaissance des siens et Pullo l’embryon d’une famille. Un peu de happy-end ne fait parfois pas de mal.

... et un Triomphe

You think you’re precious, and I think you’re shit

Ben voilà, il a fini par l’avoir son triomphe le Caesar 2.0.
Mais bien plus que le regard triomphant d’Octave - mais avec retenue quand même, faut pas déconner (ce n’est pas un joyeux drille le futur Auguste, faut pas non plus être exubérant), je retiendrais une formidable Atia.

Souveraine quand elle remet Livia à sa place (voir le titre de ma review).
Digne quand elle voit le corps sans vie de l’homme qu’elle a aimé, balader ignominieusement devant la foule en liesse du forum.
Et j’imagine qu’à ce moment, les larmes aux bords des yeux, elle doit se poser la question de savoir si toutes ces intrigues valaient bien le résultat obtenu ?
Atia a pourtant réussi, les Julii sont bien la plus puissante famille de Rome ! Alors, oui, les femmes dans la série sont bien celles qui dans l’ombre détiennent le pouvoir, mais tout a un prix.

Son fils est désormais le seul maître de Rome. Bientôt il sera Auguste, le premier des empereurs romains, et le plus brillant parmi les Julio-Claudien. Mais l’histoire est parfois facétieuse, les deux filles que Marc-Antoine a eu avec Octavia donneront trois des empereurs Julio-Claudien.

Au final, et dans un certain sens... Marco aura quand même triomphé d’Octave !

Joma
P.S. J’aurais pû encore m’extasier devant une troupe d’acteur qui m’a bluffé durant deux saisons, ou devant une bande de scénaristes qui ont su jouer à merveille de l’histoire, même en la triturant un maximum. Mais tout ça je l’ai déjà dit avant, rien ne sert de se répéter à l’infini.
Merci quand même à Heller et sa bande pour ces 22 épisodes. Et merci à toi lecteur qui m’a supporté.