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Les Moments du Mois - Quatre moments séries qui nous ont marqué en novembre

2014: Novembre 2014 en Quatre Moments Séries

Par la Rédaction, le 1er décembre 2014
Publié le
1er décembre 2014
Saison Novembre
Episode Novembre
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Les « Moments du Mois » c’est le rendez-vous mensuel où tous les membres de la rédaction de pErDUSA (qui sont inspirés, n’ont pas quitté le pays, et ont bien bu leur café) se réunissent pour parler de quelques séries regardées pendant le mois écoulé.

Et en novembre, c’est encore mieux, car c’est le mois où on se rappelle systématiquement que personne ne lit l’introduction de cette rubrique, et que ça fait longtemps que notre roman érotique (sur l’amour impossible entre une Licorne et un sèche-cheveux répondant au doux nom de Maurisse, avec deux "s") n’a pas avancé.

En novembre, sinon, Jéjé et Ju ont écrit des trucs sur deux nouvelles séries avec deux très bons titres qui donnent vraiment envie de les regarder, vraiment, hein.

1 The Newsroom

Saison 3 - Episode 3 - Main Justice

23 novembre / C’est (presque) dommage que ça s’arrête...
Par Jéjé

J’ai adoré détester The Newsroom pendant deux saisons…
Et je dois dire que j’adore également aimer The Newsroom depuis trois épisodes.

Il y a évidemment le fait que dans le troisième épisode, alors que la survie d’ACM dépend de la capacité de trois journalistes de faire fonctionner une console de la régie, Jim et Don, dont le complexe de supériorité assumé, typique des personnages sorkinien masculins, m’avait plusieurs fois donné envie de brûler ma collection entière de DVD de The West Wing, se retrouvent incapables d’allumer quoique soit et que le salut technique vient de Maggie, une femme qui, à l’instar de ses alter-egos féminins dans les premières saisons, ne pouvait faire fonctionner un appareil qui avait été fabriqué après 1985.

Il y a aussi le fait que la fiction prend beaucoup plus de place, que le récit et certains personnages ont pris le pas sur l’exercice de style un peu vain (un peu facile avec un recul de deux ans sur les événements) de montrer à chaque épisode comment le bon journalisme à l’ancienne aurait pu/du traiter certains faits marquants de l’actualité américaine.

Il y a aussi et surtout le fait que j’adore voir une série se bonifier, apprendre de ses erreurs, murir. Et c’est une expérience assez rare (Grey’s Anatomy, Boardwalk Empire [1]). On est surtout habitué au fil du temps à constater un virage raté, une baisse de régime, un enlisement, là, c’est vraiment chouette de voir le côté Work-in-progress des séries in-real-progress [2] !

2 Getting On

Saison 2 pisode 2 - Is Soap A Hazardous Substance ?

23 novembre / La saison surprise
Par Feyrtys

Il m’arrive plus souvent d’être surprise par une annulation que par un renouvellement, mais c’est ce qui s’est passé avec Getting On. J’étais persuadée que cette adaptation discrète d’une série de la BBC avait été annulée sans ménagement à la fin de sa première et courte saison. Il paraît en effet difficile, même pour HBO, de vendre une série sur les soignants d’un service de gériatrie où l’on côtoie la mort et surtout l’incompétence générale dans une atmosphère froide, avec un casting à l’opposé de celui d’une série de la CW.

J’ai donc savouré les premiers épisodes de cette seconde saison inattendue, en particulier son deuxième épisode, dans lequel une réunion de la plus haute importance est tenue sur la dangerosité du savon antiseptique. S’en suit une discussion absurde menée par une déléguée syndicale échevelée et visiblement au bord du burnout, au cours de laquelle un avocat s’assure que l’infirmière Forchette, jouée par l’excellente Alex Borstein (la première Sookie St James) ne cherche pas à porter plainte contre l’hôpital pour ses mains sèches et abîmées. La scène est aussi réaliste qu’elle est drôle. Il n’y a besoin de personnages excentriques pour faire rire : le sérieux avec lequel les participants ont tous quelque chose à dire sur le savon et les pratiques d’hygiène suffit.

3 Selfie

Saison 1 - Episode 5 - Even Hell Has Two Bars

4 novembre / Danse, Karen, danse !
Par Ju

Je comprends très bien pourquoi beaucoup de gens se sont arrêtés au premier épisode de Selfie. Je comprends très bien, même, que certains aient pu s’arrêter au bout de cinq minutes, après une première séquence abrutissante, mal écrite, sexiste, et culminant sur une flaque de vomi. (Car oui, rien ne dit mieux « comédie sophistiquée » que « flaque de vomi ».)

Mais j’aimais beaucoup Selfie, et son annulation après sept épisodes m’a beaucoup déçu.
Ça m’apprendra à m’être réjouit de celle de cette daube d’A to Z quelques jours plus tôt, tiens.

Le pilote de Selfie était donc difficile à supporter, à cause de la façon dégradante dont le personnage de Karen Gillan est présentée, à cause du dédain dont fait preuve le personnage de John Cho (qu’on peut facilement prendre pour du mépris de la série vis-à-vis de son thème), et parce qu’il met bien trop longtemps à équilibrer le rapport entre Eliza et Henry. Selfie, c’est l’histoire de deux personnages bourrés de défauts qui apprennent énormément l’un de l’autre, ce n’est pas une relation à sens unique. Et à la vue du pilote seul, ce n’est pas forcément évident à saisir.

Tout ça pour dire que les épisodes suivants sont meilleurs. Sans interruption, la série fait tout ce qu’il faut pour devenir une bonne comédie, le reste de la distribution est développé, la complicité apparait, et, une semaine sur deux, Eliza danse. Sans raison. Sans explication. Parce qu’il n’y a pas besoin d’explication. (Sauf peut-être que « voir Karen Gillan danser est drôle ».)

Selfie va donc beaucoup me manquer. Et même si elle n’aura fait qu’une apparition furtive sur mon écran, elle aura au moins prouvé quelque chose dont je n’étais pas sûr jusque-là : Karen Gillan est drôle, elle est absolument à sa place dans une comédie, et j’ai hâte qu’elle recommence.

Mais avec son accent écossais, ça serait mieux.

4 Red Band Society

Saison 1 pisode 7 - Know Thyself

12 novembre / C’est pourtant pas dur de bien manger !
Par Blackie

Ce fut long, mais ça en valait la peine : cette scène au restaurant marque le moment où Emma dépasse enfin son statut réducteur de fille convoitée, dont l’unique charactéristique est d’aimer lire (on se serait cru dans La Belle et la Bête !) Le potentiel a toujours été là, car Emma est la seule parmi le Cathéter Club à avoir une maladie d’ordre mentale plutot que physique, mais le sujet se limitait jusqu’ici à la voir noter ce qu’elle mange dans un petit carnet.

Lorsqu’elle rencontre les amis de Leo lors d’un déjeuner au restaurant, son anorexie est abordée de plein fouet par un personnage (joué par l’excellente Allie Grant de Suburgatory) qui pose toutes les questions possibles sur sa condition, afin de mieux comprendre ce qui peut pousser Emma à se tuer à petits feux. C’est loin d’être délicat, le sujet étant aussi intime que complexe. Et pourtant, cette inconnue devient la voix de la majorité d’entre nous, qui ne sommes que vaguement familiers avec cette maladie.

Mon expérience personnelle se limite à avoir vu une camarade de classe se détériorer de manière effrayante, et seules quelques informations en ma possession me permettaient de pointer une "source" à son malaise. Car on fonctionne tous un peu de cette manière : on ne peut s’empêcher de vouloir placer des réponses, afin de trouver une solution ou accepter son impuissance. Comme on sait qu’un nouveau coeur pourrait résoudre le souci de Kara, ou que la chimio peut battre un cancer. Il y a quelque chose de précis auquel se rattacher.

Bien que plein de bonnes intentions, les amis d’Emma pensent que sa relation amoureuse est la raison miracle qui la poussera à manger. Pour eux, sa maladie ne dépend de personne d’autre que d’elle-meme. Tout est dans sa tête, et il ne suffit que de sa volonté pour aller mieux. C’est simple, non ? On entend exactement le même genre de discours sur la dépression, et s’il est clairement issu d’un manque d’information, il est encore plus comprehensible dans le contexte d’un groupe d’enfants qui souhaitent justement avoir le moindre contrôle sur leurs maladies.

Même si l’épisode finit sur Emma prenant une bouchée de cookie, comme une grosse facilité qui validerait les remarques de l’entourage, ce n’est pas son mental qui se trouve changé mais les attentes des autres. “Tout va bien, tu manges maintenant”, lui dit-on après l’effort gargantuesque qu’il lui a fallu pour prendre une miette, machée en dix minutes. En plus d’avoir ses propres démons, Emma finit par subir une culpabilité par rapport à ses amis qui ne l’aide en rien.

J’apprécie le parti pris de la série de ne pas nous donner d’explication précise sur ce qui l’a amenée à résider à l’hôpital (une prise en charge constante qui en dit long), comme ce fut le cas avec les autres enfants. Je ne me souvenais pas avoir vu le sujet de l’anorexie aussi bien abordé depuis...Once & Again ? J’ai surement tort, mais ça me parait bien loin. Deux épisodes plus tard, le parcours d’Emma n’en finit pas de se développer intelligemment, et c’est peut-etre cette histoire qui sera la plus grosse perte lorsque l’annulation de Red Band Society sera confirmée.

la Rédaction
Notes

[1The Good Wife ne rentre pas pour moi dans cette catégorie, c’est à laquelle je trouvais plus de qualités que de défauts dès le départ.

[2Je pense que cette période de conseils de classe n’est pas pour rien dans mon désir d’encourager les progrès !