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Sleepy Hollow - Dites, c’était quoi cette saison 2 toute bizarre ?

Bilan de la Saison 2: Ben, qu’est-ce qui s’est passé ?

Par Conundrum, le 29 juin 2015
Publié le
29 juin 2015
Saison 2
Episode 18
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En première saison, Sleepy Hollow était très sympathique à regarder. L’intérêt de la série ne venait pas uniquement de sa mythologie absurde totalement prise au sérieux.

La grande force de la série était la rapidité d’enchainement au sein d’un même épisode. Un concept comme le zombie d’un ancien président aurait été le cœur d’un épisode de n’importe quelle série.

Pas pour Sleepy Hollow, où on s’y attarde une dizaine de minutes avant de passer à l’autre concept fun et un peu idiot que les scénaristes viennent de concocter. On enchaine les idées farfelues liées vaguement les unes aux autres à un rythme enjoué. L’avantage est que le téléspectateur n’a pas trop le temps de se poser des questions sur ce qu’il vient de voir.

Cette année, la série a malheureusement payé le prix de ce choix narratif qui avait fait le charme de la série l’année dernière. En début de saison 2, Sleepy Hollow semblait souffrir de vieillissement anticipé.
D’un point de vue de rebondissement et de sa mythologie, ce progeria sériel faisait que la fin de la dizaine d’épisodes de la saison 1 donnait l’impression de regarder une série qui en était déjà à sa fin de deuxième ou troisième saison. Et son début de seconde saison n’a pas ralenti la cadence, loin de là. La série a donc implosé peu après la mi-saison et opéré à un taboulé rasoir douloureux.

De nouveaux éléments et personnages sont ajoutés à la mythologie déjà complexe. Le problème est qu’en allant très vite, la série ne prend pas trop le temps de s’attarder sur des points très importants de la série. Pourquoi passer autant de temps sur Katrina [1] et sa relation avec le cavalier sans tête au lieu de tisser un lien entre elle et son fils ? L’impact de révéler que Henry est le fils de Crane et Katrina aurait dû être mieux traité. Si tout l’arc de la saison était d’arriver à une confrontation entre les deux parents, malgré toute la bonne volonté de John Noble, c’était un échec.

En soi, les éléments de cette intrigue sont bienvenus. La libération de Katrina du Purgatoire, le fait qu’elle soit prise captive par son fils, l’idée qu’elle s’allie à lui, et le conflit qui en découle entre Abbie et Ichabod sont des points narratifs pertinents mais qui ne prennent que trop rarement. On passe beaucoup trop de temps sur l’insupportable Hawley et les ennuyeux flashbacks du triangle amoureux autour de Katrina. Le temps et l’énergie sur ces intrigues particulièrement faibles aurait du être alloué à cet arc bien plus important.
Pire encore, la bonne idée de se débarrasser de Moloch en tant qu’antagoniste principal aurait du mieux établir Henry dans ce rôle. Moloch était un ennemi standard, très très vilain, mais qui, d’un point de vue narratif, n’avait aucun intérêt à part être l’élément qui allie nos deux témoins. Henry, en revanche, a des motivations plus complexes, plus personnelles et un excellent acteur qui l’incarne. Et au lieu de capitaliser là dessus, les scénaristes nous font passer tout un épisode sur son quotidien dans un motel.

Et côté bonne idée/mauvaise exécution, nous avons aussi ce pauvre, pauvre Capitaine Irving.

Le sceptique de la saison 1 commençait sa saison avec une intrigue enthousiasmante en vendant son âme, à son insu, à Henry. Et je dois avouer que je suis tombé dans le panneau et ai cru à sa mort lors de la confrontation avec Moloch. Son retour, surprenant, et sa trahison, prévisible, en deuxième partie de saison aurait dû mieux être exécutés. Surtout que cet arc était bienvenu pour Jenny, qui n’a pas eu grand chose à faire cette saison. Dommage qu’il peine à convaincre. Tout comme avec le destin de Katrina, les éléments sont là, mais ils ne résonnent pas chez le téléspectateur de manière aussi forte qu’ils le devraient.

Et c’est bien dommage, parce que tout n’était pas mauvais dans Sleepy Hollow, cette saison. Le redémarrage sur de nouvelles bases après la confrontation avec Moloch, entre autre à la demande des dirigeants de la chaine qui diffuse la série, n’était pas sans intérêt. Certes, le charme de la série en a souffert. On retrouve une série plus traditionnelle où chaque épisode explore une idée ou une intrigue. C’est plus conventionnel, moins réussi qu’en saison 1, mais, les scénaristes ayant prouvés qu’ils étaient incapables de garder le rythme sur le long terme, ce n’est pas plus mal pour la série.Cette évolution forcée déstabilise un peu, mais prend tout son sens dans le très bon finale de la série.

On consacre tout un épisode à Hawley, mais, heureusement, c’est pour mieux s’en débarrasser. Je ne vais pas à nouveau m’attarder sur la manque de conviction qui amène Katrina a rejoindre Henry. Une fois que l’on admet qu’ils sont sont les nouveaux antagonistes de nos héros, on se retrouve avec un finale qui confronte Jenny et les témoins contre Irving et le duo mère fils. Et là, la série se lâche dans une double épisode très réussi.
La première partie utilise de manière optimum le nouveau format de la série en faisant appel à des éléments des épisodes individuels et bouclés. Cela prouve que l’aspect sérialisé est toujours là, il est juste mis en arrière plan. L’épisode est bien ficelé mais surtout sa conclusion découle sur une seconde partie totalement différente : un pilote inversé !

Alors que Henry vient de mourir, on se souvient que le Grimoire de Katrina sert aussi de DeLorean. Elle décide de remonter dans le temps et de ne plus sauver Ichabod. Abbie la suit et se retrouve dans le passé : la fin de la première partie est un rappel de la scène où Crane découvre la route qui mène à Sleepy Hollow mais cette fois ci avec Abbie. La série n’exploite entièrement les ramifications du voyage dans le temps, le but n’est pas de changer le concept de la série à nouveau en ré-ecrivant l’histoire, mais de renforcer le lien entre Ichabod et Abbie.
Cette dernière revient enfin au centre de la série. Abbie n’a pas eu grand chose à faire cette saison, elle devient moteur de l’intrigue et se retrouvant en position de faiblesse. Abbie doit stopper Kristina et convaincre Crane de l’aider sachant que sa couleur et son sexe font qu’elle n’est pas dans une situation avantageuse dans l’Amérique du 18éme siècle. On réalise que le charme de la série ne s’est pas totalement dissipé et qu’il y a de la vie dans cette version plus légère de Sleepy Hollow.

Ce final donne de l’espoir pour la suite. Henry et Katrina n’ont pas été des personnages qui ont réussi à convaincre, leurs départs de la série permet à la série de s’affranchir de ce poids. Mais surtout, on voit que la série peut bénéficier d’une structure plus traditionnelle avec un mix d’épisodes indépendants et d’autres forts en mythologie sans perdre ce qui faisait son identité. Cette saison 2 était laborieuse, mais au final, elle s’achève de manière bien plus satisfaisante que nous étions en droit d’espérer.

Conundrum
Notes

[1Oui, j’aurais pu finir ma question à ce stade, je vous le concède.