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Sons of Anarchy - Où on parle de racisme, de porno, et de David Hasselhoff

Brick: Drogues. Démocratie. David Hasselhoff.

Par Ju, le 6 octobre 2011
Par Ju
Publié le
6 octobre 2011
Saison 4
Episode 5
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Il y a toujours quelque chose de très satisfaisant à voir une série retrouver des couleurs après une période de vide. À mon avis, la saison 3 de Sons of Anarchy était globalement ratée, ce qui fait que j’apprécie encore plus les épisodes diffusés cette année...

Enfin, ça, c’était avant que Kurt Sutter essaie de me faire croire que Juice était secrètement noir, et avant qu’il insinue que les Sons se sont transformés en gros racistes sans aucune raison apparente.

Merde, Kurt, t’aurais au moins pu attendre une petite saison avant de recommencer à faire n’importe quoi ! Je l’aimais bien ce début de saison 4, moi. Il n’y avait strictement aucune surprise, mais on était gentiment retourné à la dynamique de la deuxième saison pour un résultat très agréablement. L’ambiance était excellente, les intrigues pleines de potentiel, les nouveaux personnages prometteurs.

Mais non, voilà, Juice est noir !
Et… c’est inadmissible.
Apparemment.

Mais allez, ce n’est pas une raison pour oublier tout ce qui fonctionne.
Alors avant de parler de Juice (qui est noir), concentrons-nous deux minutes sur le positif (et sur David Hasselhoff).

Bear. Beets. Battlestar Galactica.

Donc, le positif.

Contrairement à la saison précédente et l’enlèvement d’Abel, l’intrigue principale de la saison 4 est très réussie : le Club est entré en affaires avec un Cartel mexicain. Grâce à ce nouveau partenaire, les Sons gagnent énormément d’argent, mais en contrepartie ils doivent trimbaler des briques de cocaïne pour les Mayans.

Si cette intrigue est efficace, c’est parce qu’elle créé autant de menaces externes que de menaces internes pour le Club. D’un côté, le (très lucratif) trafic de drogue est bien plus dangereux que leurs activités habituelles. De l’autre, tous les membres du Club n’ont pas la même vision de ce qu’ils devraient faire ou non, les mêmes ambitions, ni les mêmes buts.
C’est le même principe qu’en saison 2, qui avait d’un côté les néo-nazis et de l’autre la guerre ouverte entre Clay et Jax. Et ça fonctionne presque aussi bien.

Le plus agréable, c’est que tout en réutilisant une dynamique similaire, la saison évite pour l’instant les redites. Cette fois, Jax et Clay sont du même côté, ce qui laisse l’occasion aux autres membres du Club de prendre de l’importance, Bobby et Piney les premiers.

Le résultat est incontestable : les meilleures scènes de ce début de saison tournent systématiquement autour des alliances qui se font et se défont au sein du Club, les échanges de Jax et Clay, la contestation de Bobby, ou encore dans l’excellente scène du vote. Et si ça fonctionne autant, c’est sans doute parce que les motivations de chaque personne sont parfaitement crédibles : Jax et Clay ont des bonnes raisons de vouloir gagner le plus d’argent possible en un minimum de temps, Bobby et Piney sont attachés aux valeurs profondes du Club.

C’est tellement bien fait que le problème devient qu’on a envie d’en avoir encore plus.
Plus sur ce que pense Tig, plus sur Chibs, et encore plus sur le nouveau membre du Club (celui qui ne parle pas, dont je ne connais pas le nom, mais dont la voix était décisive lors du vote…).

Avoir un arc aussi fort permet aussi de donner plus de poids aux « intrigues de la semaine ». Elles sont toujours aussi présentes que l’an dernier, mais l’impression de remplissage a presque entièrement disparu.
Dans Brick, le problème ne se pose même pas car l’intrigue de la semaine concerne le meurtre de Luann, qui avait était complètement oublié depuis la saison 2. Ce retour est très appréciable. Pas tant parce que l’intrigue permet d’introduire David Hasselhoff dans le rôle d’un producteur de films porno (même si c’est super), mais encore une fois parce qu’elle est reliée à l’arc principal. Dans la dernière scène, Bobby ment à Otto, pour des conséquences bien difficiles à entrevoir.

Et j’ai vraiment hâte de voir comment tous ces fils se recouperont en fin de saison, car contrairement à l’an dernier je n’ai pas la moindre idée de comment ça va pouvoir se terminer.

À titre d’exemple, je ne vois pas du tout comment Clay va se sortir du merdier dans lequel il s’enferme un peu plus chaque semaine. Son côté désespéré le met de plus en plus en danger, il commence même à se mettre à dos Gemma et Unser, et son personnage semble se diriger peu à peu vers une conclusion naturelle (on a enfin eu la confirmation, cette semaine, que Clay a fait tuer John Teller). Je n’ai pas la moindre idée de où il sera quand la saison 4 touchera à sa fin, mais quoi qu’il arrive, je doute que le statu quo soit conservé.

Je n’espère qu’une chose, en fait, dans cette histoire. J’espère juste que Brick marquait la dernière fois où un personnage s’introduisait dans le bureau de Tara pour y « lire / substituer » des « lettres / photocopies ». Parce que ça devient répétitif. Et très con.

Comme l’intrigue de Juice.

Les Racistes Imaginaires

Pauvre Juice ! Il a enfin le droit à sa propre intrigue, après quatre saisons de quasi figuration… et elle est toute pourrie.

Si le deal avec le Cartel est le parfait exemple à suivre pour instaurer efficacement des tensions au sein du Club, l’intrigue de Juice représente tout le contraire.

En gros, l’idée c’est que le nouveau shérif de Charming (l’excellent Rockmond Dunbar) fait chanter Juice avec une terrifiante information : son père est noir. Du coup, sous le poids de ce terrible secret, Juice est forcé de récupérer un échantillon de cocaïne du Cartel. Rien ne se passe comme prévu, il en fait disparaitre un kilo entier, et c’est… n’importe quoi. Dans le genre « enchainement artificiel de péripéties encore plus artificielles », on ne fait pas mieux.

Toute cette partie de l’intrigue (qui, pour le coup, m’a bien gâché les derniers épisodes), repose sur uniquement deux choses : la stupidité de Juice (établie, il est vrai, dans les saisons précédentes) et le racisme du Club envers les noirs (qui sort de nulle part).

Depuis le début de la série, les Sons ont collaboré avec des latinos, des blacks, et des asiatiques, sans que ça leur pose le moindre problème. Ils sont entrés en guerre avec des néo-nazis, justement parce qu’ils étaient considérés comme des traitres à leur race. Ça fait deux ans qu’on sait que Chibs est marié à une noire.
En bref, les membres du Club n’ont pas fait preuve du moindre racisme depuis le premier épisode et, tout d’un coup, ils vont virer Juice sous prétexte que son père est noir ? Bizarrement, ça ne passe pas du tout.

Si les Sons font preuve d’une telle discrimination, il aurait été certainement été bon de nous le dire plus tôt. Ou de l’expliquer, au détour d’une réplique, ne serait-ce qu’un minimum. Sans rire, j’aurais aimé avoir la moindre justification au fait qu’ils acceptent des latinos (Juice et Happy) mais pas des noirs.
Parce que là, rien, c’est le néant. On est simplement sensé accepter cette histoire sans aucun contexte. On doit subir les emmerdes de Juice et de son kilo de cocaïne comme si elles étaient basées sur une raison compréhensible.

Sans parler du fait que cette intrigue pue le réchauffé.

Encore une fois, après Opie en saison 1 et Jax l’année dernière, on se tape un membre du Club forcé de travailler contre eux, en secret, sous la pression d’un flic. Pour la troisième fois en quatre ans.

Donc oui, c’est trop. Oui, c’est nul. Et oui, c’est dommage. Parce qu’il était très réussi, à part ça, ce début de saison 4.

Ju