En effet, en fuite en fin de saison 1, c’est capturé par une organisation terroriste qu’on retrouve Porter. Non seulement, on ne prend pas la peine de nous expliquer comment Porter s’est sorti du pétrin dans lequel il s’était fourré en fin de saison 1 [1], mais il est dorénavant une figure appréciée de la section 20 qui cherche à le secourir.
Mis à part le titre et Armitage, donc, tout a été revu dans la série qui est dorénavant commandée par Frank Spotnitz de The X-Files et, plus récemment, Hunted avec Melissa George. Les visages de la section 20 du MI6 et les agents chargés de sauver Porter ne nous disent absolument rien. Aucun acteur de la première saison n’a été reconduit pour cette suite. La série se retrouve aussi dotée d’un chic générique stylisé, sur la musique Short Change Hero de The Heavy, qui promet espionnage, sexe et action avec un nouveau duo d’agents à la tête de la série.
Et ces promesses sont déjà tenues dans de 15 premières minutes de ce nouveau Strike Back où, entre deux scènes de cul et bastons, on nous explique que Porter a été capturé alors qu’il enquêtait sur le projet Dawn, une menace d’attaque terroriste sur les intérêts britanniques et américains. Michael Stonebridge (Philip Winchester), un agent de la section 20, est chargé de recruter Damian Scott (Sullivan Stapelton), un ancien militaire américain qui a déjà travaillé avec Porter par le passé, afin de l’aider dans à libérer ce dernier.
Cependant, dans un retournement de situation digne de Spooks, les scénaristes montrent rapidement la porte de sortie à Porter (2.01). En effet, son interprète, Richard Armitage, en plein tournage de The Hobbit, doit abandonner le rôle titre de la série.
Frank Spotnitz, en charge donc de rebooter Strike Back pour sa seconde saison, met en place un duo de militaires et dote la saison d’un sous-titre, Project Dawn. Et force est de constater que la série en devient beaucoup plus efficace. En effet, elle affirme rapidement la place de Stonebridge et Scott en nouveau leaders de la série tout en prenant soin de ne pas sevrer le lien entre l’ancienne et la nouvelle mouture.
Thématiquement, la filiation est bien présente. Action et paranoïa sont toujours de mise dans la série d’espionnage. Damian Scott, en plus d’être une figure du passé de Porter, partage des traits de son histoire : il ont tous les deux été renvoyés de l’armée et vu leur réputation souillée pour des faits qu’ils n’ont pas commis. Certaines intrigues y sont même recyclés comme l’agent ordonné de coucher avec notre héros (2.07).
Mais surtout, Strike Back : Project Dawn place Porter au sein d’une conspiration. A l’issue de la cette première mission (2.02), la nouvelle équipe se solidifie autour de l’ennemi commun qui a capturé Porter, mais surtout l’alliance entre les deux nouveaux héros est établie lorsqu’ils réalisent qu’ils ne peuvent que mutuellement se faire confiance. Frank Spotnitz réussit habilement la transition avec une série mieux écrite et plus impressionnante.
La série a la bonne idée de garder cette une structure en épisodes doubles. Les guest stars de l’arc sont d’ailleurs crédités au générique, renforçant ainsi l’idée que chaque double épisode forme un tout. Mais contrairement à la saison une où ils répétaient quasiment le même enchainement d’événements, cette saison, ils jouent sur la variation de « la mission ne se passe jamais comme prévu » mais sans lasser le téléspectateur. Les épisodes doubles impliquent aussi des cliffhangers aussi gros qu’efficaces, comme une jolie bombe avec minuteur attachée à un de nos héros qui explose sous nos yeux (2.03). La question n’est pas de savoir s’il va s’en sortir mais comment il va s’en sortir. Ces fins d’épisodes donnent envie de continuer la série, et c’est une manière de fidéliser un public avec un système narratif moins pesant que dans 24 ou que dans les débuts d’Alias. La série montre qu’elle garde un peu de ses origines anglaises dans son ADN et qu’avoir son nom au générique ne garantit pas nécessairement sécurité de l’emploi. Tout le monde ne survivra pas à la saison.

Cette succession de missions est reliée par la présence d’un ennemi, un terroriste nommé Latif, sur lequel Porter enquêtait. De ce fait, si chaque heure et demie forme un téléfilm d’action très efficace, l’aspect sérialisé est présent sans étouffer l’histoire. Le téléspectateur occasionnel peut aisément regarder un couple d’épisodes sans être perdu, mais le téléspectateur fidèle est remercié par une mythologie discrète mais bien maîtrisée. En revanche, l’aspect double épisode donne une part importante aux stars invitées (hé, mais c’est Monsieur Eko dans le 2.05-2.06) et même sur une heure et demie, avec deux héros et une flopée de personnages qui disparaitront à la prochaine mission, les personnages secondaires, ceux de la saison, prennent trop du temps à être développés.
Il faut attendre la deuxième partie de la saison pour voir Grant faire autre chose que donner l’objectif de la mission et sortir de son QG (2.06). Pire encore, lorsqu’il arrive quelque chose de tragique à l’un des personnages secondaires assez tôt dans la saison (2.04), nous ne sommes pas assez attachés pour être vraiment touché. C’est dommage, parce qu’avec l’idée d’un traitre au sein du MI6, il aurait été plus judicieux d’explorer la galerie des autres membres de la section 20. Le dosage entre les intrigues des doubles épisodes et mythologie de la série penche un peu trop du côté des missions de la série. Ce lent développement des membres de la section 20, bien que handicapant, est logique. Les premières missions ont pour but de nous présenter et d’approfondir le duo Stonebridge-Scott. En plus de la mission et de la mythologie, il ne reste pas beaucoup de temps pour découvrir la personnalité, les rêves et les ambitions de la gentille Kate, du sérieux Winston et de l’autoritaire Grant.
Heureusement, à l’approche du dixième et ultime épisode de la saison, le dosage est savamment revu. La mythologie prend plus de place dans les intrigues au point que Scott et Stonebridge doutent de plus en plus des ordres qu’on leur donne, et commence à prendre les choses en main, quitte à gérer la mission comme ils le désirent (2.07). Le dénouement final, lors de l’ultime mission (2.09, 2.10) ne déçoit pas. L’étendue de la conspiration est dévoilée mais surtout, on découvre que l’intrigue du traître s’avère être plus complexe que la simple révélation de son identité. Comme Porter le fait dans la scène d’ouverture de la saison, Strike Back : Project Dawn s’achève comme elle commence : par une vidéo d’un militaire capturé qui avoue ses crimes. Le parallèle est bien trouvé et on se retrouve surpris que les scénaristes évitent la carte du « Ha-ha ! C’était moi le méchant depuis le début !! » pour quelque chose de plus subtil.
Frank Spotnitz a très bien réussi sa révision de la série, il donne avec Project Dawn un nouveau cahier des charges pour un Strike Back réussi. C’est bien dommage que, lorsque la série revient pour sa troisième saison, avec Strike Back : Vengeance, son nom n’apparaisse nulle part au générique.
[1] N’était il pas recherché par les américains et le type de Star Trek ? Mais bon, de toutes façons, on s’en fout un peu.