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Supernatural - Critique de l'épisode 10 de la saison 5

Abandon All Hope: O Death... O Bored to Death

Par Blackie, tomemoria, le 22 novembre 2009
Publié le
22 novembre 2009
Saison 5
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Blackie et Tom se sont installés un dimanche après midi pour vous offrir une review d’un genre nouveau : la review écrite à deux. Parce que Tom n’avait pas envie de se faire à manger et voulait squatter un bon écran, et que Blackie ne voulait pas taper sa review avec ses propres doigts. Surtout, c’était l’occasion pour deux adeptes de Supernatural de s’auto-congratuler sur leur bon goût devant un chef d’œuvre du fantastique qui manie l’humour et la noirceur avec maîtrise et talent.
Dans ses bandes-annonces.

Deux avis distincts ?

Même pas. Cela aurait été bien intéressant dites donc. Mais vers le milieu de l’épisode, tandis que Lucifer s’apprête à ramener la MORT EN PERSONNE ( ce qui devrait, somme toute, créer une petite excitation chez le spectateur), Tom hurla à gorge déployée : « Mais on se fait chier ! ». Ce à quoi Blackie, dans sa sagesse légendaire, ne put que répondre en argumentant : « Aucun climax Tom, et des dialogues à chier. Tiens t’as vu le Colt sert à rien ».

Après deux épisodes légers et réussis, il était temps de revenir à un épisode très mythologique, sombre et sérieux, comme la série avait su nous en offrir par le passé. Des épisodes qui ramènent des personnages réguliers, vous saisissent le cœur et vous entraînent dans une spirale qui donne un avant goût des événements à venir, voir même du probable Series Finale à venir. Nous étions en droit d’attendre un rythme soutenu avec une avancée conséquente dans l’arc de la saison, un cliffhanger haletant et des dialogues ciselés. Déception totale à ce niveau. Cette review qui se voulait dithyrambique doit se contenter de tirer sur l’ambulance qu’est Abandon All Hope. A grand coup de lance-roquette. Le titre aurait peut-être dû nous aiguiller...

Le souci principal se situe au manque de direction générale concernant l’intrigue. La scène d’introduction n’a aucune utilité, à part peut-être satisfaire la fanbase gay ou introduire le spin-off « Castiel P.I. ». Puis s’enchainent divers évènements en moins de dix minutes. On doit trouver le colt, hop c’est bon. On doit trouver Lucifer, hop on y est. Il faut le confronter, oh et puis non petit saut ailleurs (merci Air Castiel). The end. Ce n’est déjà pas folichon, et nous ne sommes pas encore entrés dans les détails.

C’est quoi ton problème avec les femmes, Eric ?

On avait déjà vu, avec la sortie honteuse de Bella en saison 3, que Kripke ne savait pas gérer ses personnages féminins. De là à imaginer qu’il nous finirait non pas une, mais DEUX femmes en même temps de façon aussi pathétique, il y avait une marge.
Car Jo et Helen sont de retour dans cet épisode. Allez savoir pourquoi, puisque les deux frères se débrouillaient jusque-là très bien avec leur machine à téléportations et leur encyclopédie en chaise roulante. Mais dès le début on comprend que finalement, comme le fait subtilement remarquer Dean, leur rôle va se résumer à être des femmes. Ce qui, dans Supernatural, signifie distraire les méchants avec leurs fesses. Beau travail, Jo !

Ces femmes, ce ne sont pourtant pas des mauviettes. Elles ont des fusils à pompe et des bombes faites maison. Mais ce sont quand même des femmes, donc quand il s’agit de se confronter à des Chiens de l’Enfer, un homme n’a pas une égratignure parce que c’est un homme, mais elles s’en sortent aussi bien qu’un jour de règles sans tampon. Jo se fait donc gentiment déchirer les tripes. Ce qui implique une mort lente, douloureuse, certes poignante, mais tout de même un peu honteuse. Qu’ils aient voulu virer mère et fille dans cet épisode, soit. Il y avait mille manières de rendre leur sacrifice plus noble, inattendu et bouleversant. On n’irait pas jusqu’à dire que l’impact de leur mort est comparable à celle d’Anya sur Xander dans le final de Buffy, mais on en était pas loin. Au-delà de petits froncements de sourcils au moment de l’explosion, Padalecki et Ackles ont fait preuve de moins d’émotion que quand Bobby s’était retrouvé en roulettes.

Ils ne se sont pas non plus surpassés pour la dernière scène. Mais à la limite, on leur pardonne car ils n’ont sûrement pas compris le but de brûler une photo, prise justement pour avoir un souvenir des condamnés. Serait-ce une façon subtile de dire aux fans : « C’est bon, effacez de votre mémoire toute trace de personnage féminin un peu construit dans cette série » ?
Ah non pardon, il reste Meg !

...

Et puisqu’on parlait de roulettes

On aurait bien aimé savoir pourquoi les Reapers, des vieux gars en costard noir et patins ressemblant fortement aux Gentlemen de Buffy, avaient tous le même look alors qu’on en avait déjà rencontré de toutes sortes (avec des utérus, notamment). Surtout, on aurait aimé les voir en action. Au point qu’on se demande ce qu’ils foutaient là, puisque les habitants ne servent qu’à porter en eux des démons sacrifiables. Si les femmes et les enfants sont morts, comme le clame Lucifer, pourquoi les Reapers restent-ils statiques en si grand nombre quand il y a une tonne de boulot qui les attend ? Sont-ils flemmards ?
Les scénaristes, sûrement, puisqu’aucun méchant de l’épisode n’est réussi. Les toutous de l’enfer, concept jadis efficace pour foutre la trouille et accessoirement traumatiser Dean cinq minutes, ne servent ici qu’à contenir les Winchesters et leurs femelles. Alors qu’aucun d’eux, pas plus que leur arme de pacotille, ne sont une menace pour Lucifer, comme nous l’apprend cette révélation (renversante hein) juste avant la coupure pub. Sam doit même être carrément immunisé contre eux, puisque Lucifer en a besoin comme vaisseau. Allez comprendre.

Le colt ne sert donc à rien puisqu’il y a cinq choses dans l’univers qu’il ne peut pas tuer. Cinq. Lesquelles ? Pourquoi ? A part préparer de futures coupes publicitaires tout aussi renversantes (« Mon Dieu, c’est un des cinq ! »), ce rebondissement puait la facilité scénaristique. Un peu comme Castiel et ses pouvoirs de tourneurs de boulons qui lui permettent d’enjamber Meg.

Le gros vilain de l’épisode que l’on attendait pour le cliffhanger ne nous a même pas été offert. On se demande honnêtement qui a cru que ce serait une bonne idée de nous servir LA MORT EN PERSONNE hors-champ. Contrairement au Season Premiere où Dieu avait décidé de sauver les Winchester en les foutant dans un avion sur le point de s’écraser (pour rien !), il aurait été beaucoup plus jouissif que les deux frères assistent à l’arrivée de LA MORT, impuissants et choqués ! Là, c’était du même calibre que l’avion. Cas-pied se pointe, pouf plus de frangins en danger, et Lucifer peut saluer tranquillement son pote. Au secours.

Heureusement que Ackles est toujours aussi beau

Il y a malgré tout deux scènes qui sont parvenues à sortir Tom et Blackie de leur torpeur et elles n’impliquaient même pas le torse nu de qui que ce soit. Juste deux petits passages qui leur ont procuré autre chose qu’un sentiment de dégoût.

Blackie a été émue jusqu’à la larmichette par les morts d’Helen et Jo. Pas seulement parce que c’était pourri et mal foutu, mais aussi parce que le fait qu’Helen reste auprès de sa fille a un sens logique et ne sert pas qu’à faire d’une pierre deux coups (même si c’est le cas). Il aurait été beaucoup plus étrange d’avoir une mère abandonner sa fille vers une mort tragique. Ainsi il y avait de l’amour et de la tragédie dans les regards de deux bonnes actrices qui ont réussi à avoir une place à part entière dans cet univers. Ce fut le seul moment où une implication émotionnelle se fit ressentir.

L’autre scène, qui cette fois fonctionna plutôt sur Tom, fut ce court moment où Bobby explique les plans de Lucifer. Le coup du carnage à Carthage et l’intention de ramener LA MORT, cela rappelait la belle époque où on annonçait l’intention de Lilith de briser les 66 sceaux pour le libérer. Un bref mélange de nostalgie et de frisson qui pouvait laisser croire que ce final de mi-saison allait nous laisser béats. A tort.

Blackie, tomemoria
P.S. Pour l’anecdote, nous avions vu l’épisode de Smallville juste avant, histoire de nous détendre avant de rester concentrés le reste de l’après-midi. On ne se doutait malheureusement pas qu’on allait se marrer comme des bœufs grâce à sa pluie d’incohérences débiles, alors que Supernatural nous ennuierait comme des rats morts, au point de se demander si Lois n’allait pas arriver en courant dans l’unique rue des studios de la CW. Sacrilège ! Plus jamais ça Eric. Comment va-t-on enfin réussir à convaincre Ju de regarder avec ce genre de coup ?