De là à dire que tous les critiques qui ont parlé de The Originals après en n’avoir vu qu’un seul épisode sont des escrocs, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Par contre, et ça c’est sûr, ils n’ont clairement pas vu la série.
Qu’est-ce que c’est ?
The Originals est la série dérivée de The Vampire Diaries, série où des vampires tiennent des journaux intimes (vous l’aurez deviné) diffusée depuis maintenant plus de quatre ans sur The CW. Elle met en scène trois anciens personnages de la série d’origine qui ont pris définitivement leur envol dans un « Pilote en Catimini » [1] diffusé en avril dernier.
Et comme l’action de la série se passe à la Nouvelle-Orléans, les personnages s’appellent Marcel, Camille, Sophie, Thierry ou encore Sabine. C’est hilarant.
C’est avec qui ?
Joseph Morgan, Claire Holt, Daniel Gillies dans un cercueil, Charles Michael Davis en perruque historique, Danielle Campbell en SUPER SORCIÈRE, Phoebe Tonkin et Google Traduction. Mais globalement, on s’en fiche un peu.
On peut quand même noter, c’est la moindre des choses, que The Originals réunit 66% de la distribution principale de H2O : Just Add Water, une série australienne avec des sirènes adolescentes.

Malheureusement, The Originals ne parle pas de sirènes australiennes.
Et du coup, de quoi ça parle ?
Klaus, Rebekah et Elijah étaient des vampires avant que ça soit cool. Ces trois frères et sœur sont Les Originaux.
Jusque-là, tout va bien, tout le monde suit.
Le problème, c’est que le premier épisode essaye, en plus, de nous expliquer que Klaus est un Hybride (moitié Vampire, moitié Loup-Garou), qu’il a mis enceinte une Loup-Garou (alors que c’est impossible, les vampires se protègent toujours très consciencieusement), que son ancien protégé Marcel (hé hé hé) est le vampire en charge de la Nouvelle-Orléans et qu’il est en guerre ouverte avec les sorcières du coin qu’il tient en laisse grâce à une SUPER SORCIÈRE. Des sorcières qui, elles-mêmes, font chanter Klaus grâce à la Loup-Garou enceinte susnommée.
On nous raconte tout ça en quarante minutes, sans panache, dans des scènes bourrées de dialogues qu’on avait déjà quasiment toutes vues la saison dernière dans The Vampire Diaries. C’est passionnant.
Content d’avoir regardé 3 épisodes ?
Oui, très content.
Que ce soit clair, le pilote est atroce. C’est un échec autant sur le fond (pourquoi avoir décidé de répéter entièrement le « Pilote Chut-Chut » [2], même en changeant de point de vue ?) que sur la forme (c’est terriblement mou, et remplit de dialogues récapitulatifs). Et je ne pense pas qu’il soit meilleur qu’on ait vu ou non exactement la même chose la saison passée à la fin de la saison 4 de The Vampire Diaries.
Heureusement, la suite est immédiatement plus intéressante. Et si le deuxième épisode est, pour l’instant, le plus réussi, c’est seulement avec le troisième que j’ai vraiment compris ce qu’était The Originals.
Le déclic s’est fait à la fin de l’épisode, dans une scène où Rebekah (en robe de soirée, assise à un piano, un verre de whisky à la main) s’engueule avec Klaus (en costard, un verre de whisky à la main). Alors que le frère et la sœur sont en gros plan et que la tension est à son comble, Rebekah déclare, sur un ton venimeux, « Tu. Me. Dégoutes. », avant de descendre son verre d’une traite.
Et là, j’ai compris.
Si The Vampire Diaries est un teen soap vampirique, avec son lot de leçons de vie, de peines de cœur, et de premières expériences douloureuses, The Originals est un soap opera pur et dur. Avec des vampires.
Et ça me convient très bien.
Toutes ces histoires de main mise sur un quartier de la Nouvelle-Orléans par un ancien protégé trop gourmand, de relations compliquées entre frères et sœurs, de trahisons, de grossesses non désirées, et de jalousies qui remontent des années dans le passé, ce sont les bases de tout soap qui se respecte, et elles sont très bien posées dans les deux premiers (vrais) épisodes de la série. Les aspects surnaturels et les meurtres sont juste des suppléments qui permettent de mettre un peu plus de piquant dans des histoires vues et revues.

Et j’ai tendance à être plutôt confiant dans la suite, car je pars avec une certaine bienveillance envers le trio « d’Originaux » au cœur de la série. J’aimais déjà beaucoup les personnages dans The Vampire Diaries (quand ils étaient correctement exploités, ce qui n’a pas toujours été le cas) et ils sont interprétés par des acteurs qui habitent parfaitement leurs rôles.
Même si on peut toujours trouver à redire sur les volontés de créer des franchises en diluant le produit d’origine, je pense que la solution de la série dérivée est, dans ce cas précis, franchement la plus appropriée. D’une part, cela soulage la série d’origine qui avait du mal à se renouveler dans l’utilisation de Klaus en antagoniste, et d’autre part, cela permet aux frangins originaux d’être mieux développés dans une série où ils auront la possibilité d’évoluer plus librement, et sans devoir faire de la figuration à côté de personnages souvent moins intéressant qu’eux.
Je suis également très curieux de regarder une série avec des vampires où les personnages centraux sont, pour la première fois, de vrais salopards.
Rebekah ferait peut-être une héroïne de comédie romantique efficace, mais elle est capricieuse et violente quand elle n’obtient pas ce qu’elle veut. Même Elijah, le « Gentil Frère », le Michael Bluth de la famille qui tente tant bien que mal de changer en bien ses cadets, n’a plus aucune pitié dès que quelque chose va à l’encontre des intérêts de la famille.
Quant à Klaus, c’est un salopard, dont la seule motivation semble être son égoïsme (alors que son rival Marcel, et je pense que c’est volontaire, apparait finalement comme plutôt sympathique et charmant). Il a bien quelques bons côtés mais ils restent heureusement très limités, ce qui fait de The Originals une série qui met en scène un vrai méchant, qui change des vampires tourmentés qu’on nous sert habituellement.
Tout ce que j’espère, c’est que les scénaristes n’iront pas trop vite vers une rédemption de Klaus qui, pour le coup, apparaitrait comme complétement déplacée (ce qu’on appelle « le Syndrome Damon Salvatore »).
Et si, au contraire, ils pouvaient profiter de cette nouveauté pour en faire un vrai « J.R. Ewing le Vampire », une ordure qu’on ne peut s’empêcher d’apprécier, je crois qu’il y aurait moyen de passer de très bons moments devant The Originals.
Mais d’abord, il faut qu’ils arrêtent de nous tenir la main à longueur de temps en nous expliquant, réexpliquant, et détaillant avec des schémas, qui est qui et qui veut quoi.
Et il faut vraiment qu’ils se calment avec la SUPER SORCIÈRE ridicule qui vit dans le grenier de Charmed.

Un « Pilote Par Derrière » ? [3]