Ici, cela se traduit par une bonne dose de retours en arrière permettant de profiter de Nina Dobrev en vilaine, qui s’amuse autant en Katherine que Boreanaz le faisait en Angelus.
Cette comparaison n’est même pas gratuite, parce qu’on se croirait vraiment revenu au bon vieux temps où Angel abusait des flashbacks pour satisfaire la curiosité des spectateurs tout en faisant avancer l’intrigue actuelle. Cela ne rejoignait peut-être pas toujours les faits pré-établis, mais on s’amusait à voir les personnages agir différemment dans des tenues ridicules. The Vampire Diaries applique la même formule pour un résultat tout aussi divertissant.
Bouffon, le Photocopieur
Les « diaries » du titre ont pris, depuis quelques temps, un sens au-delà des journaux intimes de Stefan et Elena, qui ne connaissent pas FaceDeBouc pour s’épancher sur chaque truc trop dur de leur vie. Merci à Jeremy et sa nouvelle intrigue moins tarte. Les journaux des anciens chasseurs de vampires, en particulier celui de l’ancêtre Gilbert, sont une mine d’infos sur leurs activités du passé et aujourd’hui source de manigances entre plusieurs camps pour les récupérer. Que des gens les surveillent et relatent tout sur papier pour les générations suivantes donne une dimension autre que romantico-chiante aux rapports entre les humains et les vampires dans cet univers, et au titre de la série par là même. Il ne s’agit plus de l’histoire d’un triangle amoureux mais de toute une communauté depuis plusieurs siècles. Un peu comme si le Conseil des Observateurs avait choisi Mystic Falls plutôt que Londres. Et ça, c’est plutôt cool.
Le journal de Jonathan Gilbert se retrouve donc important parce qu’il contient l’emplacement du grimoire d’Emily, donc la formule utilisée pour enfermer Katherine et les autres vampires dans le tombeau. La scène pour le récupérer des mains d’Alaric a beau être nécessaire, elle est mise en place de façon complètement idiote. Parce qu’apparemment, Bouffon la Terreur ne pouvait pas faire ses photocopies en pleine journée et bouquiner tranquillement chez lui. Non, il sait qu’il y a des vampires dans le coin mais il choisit de se balader avec un journal important en pleine nuit dans un lieu public. C’est tellement con qu’il aurait mérité de mourir.
Au moins il ne sort pas désarmé. Et j’apprécie qu’on m’éclaircisse sur le fait qu’il n’est qu’un type banal, sans pouvoir ni héritage quelconque dans la chasse aux vampires, qui est simplement tombé dedans à cause d’une tragédie personnelle. Très John Winchester.
Il en sort quand même quelque chose de bien de cette scène, mise à part une nouvelle alliance forcée entre lui et Stefan, puisqu’on apprend qu’Isabelle n’a jamais été retrouvée. Souvenez-vous qu’Alaric avait révélé à Tata que sa femme s’appelait Isabelle et venait de Pétaouchnoc. Ce à quoi Tata avait écarquillé grand ses yeux pour nous faire comprendre qu’elle était sûrement la mère d’Elena. Parce que c’est un prénom aussi rare qu’Alaric, hein. La conclusion à tirer de tout cela est que Damon aurait comme par hasard mordillé cette descendante de Katherine et comme par hasard fait disparaître le corps. Ma grande expérience de sériephile m’a apprise que mort suspecte + guest connue = personnage qui fera une réapparition surprise.
La seconde débilité de l’épisode, qu’il faut malheureusement noter, concerne la mémoire bien pratique de Stefan tout à la fin. Lorsque Jeremy mentionne sa copine Anna, qui est très intéressée par le journal, aucun des Salvatore ne percute de qui il peut s’agir. Ce n’est qu’en voyant son visage que Damon fait un rapprochement avec le passé et son étonnement prouve qu’il n’avait aucune idée que la fille qu’il avait vaguement vu en compagnie de Katherine existait toujours. Stefan ne l’a pas croisée une seule fois, mais réalise qu’Elena est en danger la seconde fois qu’il entend son nom. Bien. Sûr.
Je râle, mais je dois avouer que de façon générale Stefan me gonfle beaucoup moins qu’au début de la série. Il ne se pose plus tellement en victime par rapport à Damon ou en âme torturé, il a l’air simplement sérieux et il lui arrive même de sourire. Son côté petit saint moralisateur est encore là, mais cela s’estompe un peu.
A part cela, Bonnie se fait enlever aussi. On s’en fout un peu.
Caroline et Matt ne sont pas là pour se tourner autour et s’en fout encore plus.
La fille en question
Contrairement au décevant Lost Girls, Children of the Damned donne une véritable utilité aux flashbacks, qui sont mis en parallèle avec le présent de façon beaucoup plus naturelle. Entre la curiosité satisfaite, le jeu de Nina Dobrev aux antipodes d’Elena et la nouvelle galerie de personnages, je me suis bien plus amusée devant ces scènes que celles dans le présent.
Le point le plus important qu’elles apportent concerne bien évidemment la relation des Salvatore avec Katherine, mais aussi avec leur père.
A l’époque, Damon était un jeune homme innocent et idéaliste, ayant déserté les Confédérés par conflit envers leurs idéaux. Stefan, lui, était plus jeune et naïf, un fils chéri à son papa qui n’a bizarrement pas été enrôlé et pouvait rester glander chez lui. La préférence du père pour le plus jeune ne les rendait pourtant pas moins soudés l’un à l’autre, jusqu’à partager la même femme. Il aura fallu que la naïveté de Stefan soit responsable de la capture de Katherine et avoir été le dernier à l’avoir vue, pour que Damon décide de le détester pendant les cent quarante prochaines années. C’est sacrément rancunier pour une bourde de jeunesse.
On a en tout cas une nouvelle perspective sur leur rivalité et il est plus facile de comprendre le point de vue de chacun lorsqu’ils se blâment l’un l’autre. Katherine voyait vraiment les Salvatore comme des boytoys avec lesquels elle voulait pouvoir jouer indéfiniment, ce qui est plutôt drôle et enlève un trop plein de romantisme à leur triangle amoureux tragique. Elle se servait d’eux, Stefan était un jeune idiot bourré d’hormones qui s’en est remis, tandis que Damon s’est investit corps et âme à cette relation. Cela explique son obsession toujours d’actualité.
Voir le comportement général de Katherine explique aussi pourquoi Damon est ainsi aujourd’hui. Elle est arrogante, égoïste, joue avec ses victimes durant ses nuits de chasse et apprécie la compagnie de jeunes gens faciles. Un véritable modèle. Le couple Katherine/Damon fonctionne très bien et avoir choisi de montrer l’éducation vampirique de celui-ci est judicieux. J’ai du mal à imaginer Stefan aussi séduit par ce côté obscure, tandis que le rejet de Damon pour ce monde dont il a déjà commencé à s’éloigner et aller à l’opposer des convictions d’un père qui le désapprouve, paraît tout à fait logique. Je pense qu’il savait le plus à quoi s’en tenir avec elle.
Dobrev réussit tellement bien son portrait de Katherine que je ne voyais aucune alchimie avec Stefan comparée à Damon, alors que j’ai le sentiment inverse avec Elena.
Ce qui est rageant, mais de façon délicieuse, est qu’on n’est toujours pas témoin de leur transformation en vampires. Katherine a beau leur avoir fait boire son sang, elle ne fut pas dans les parages pour les faire passer à l’étape suivante. Mourront-ils par accident à cause de la horde, comme le laisse suggérer Damon, se tueront-ils l’un l’autre, ou faudra-t-il un coup de main externe ?
Johnny contre les vampires
Autour du ménage à trois, on fait connaissance avec le fameux Jonathan Gilbert et le personnage de Pearl, une compagne de Katherine, est introduite. Ce qui permet d’éclairer (mais pas trop) les origines d’Anna et donc son lien avec toute l’intrigue.
Fille de Pearl, elle veut aussi ouvrir le tombeau pour récupérer sa mère et était la fameuse responsable de la transformation de Logan. Hop, un mystère qui traînait en moins. Sa présence permet de créer quelques obstacles bienvenus sur le chemin des Salvatore, bien qu’elle et Damon aient le même but. Ce que je trouve étrange est qu’elle prenne la peine d’enlever Elena, vu que c’est Damon qui possède le grimoire au final et qu’il se fout de son sort. Surtout, je ne vois pas trop la raison de le déranger puisqu’elle veut le même résultat.
La révélation sur sa place dans le tableau fut en tout cas très bien amenée, les couches de surprises sur son compte progressives, et tout ceci a plutôt l’air cohérent avec tout ce qui est arrivé si on n’y regarde pas de trop près. Son histoire me laisse assez curieuse sur sa nature déjà vampirique ou non durant les évènements montrés. Et le fait que Pearl ait eu un enfant lorsqu’elle était humaine et l’ait gardée à ses côtés me fait également me demander pourquoi Katherine n’en a pas fait autant, puisqu’elle a apparemment eu une descendance.
Là où je trouve cela plus mal foutu est lorsqu’Emily déclare qu’elle protègera Katherine et Pearl. Au vu de sa fidélité, allant jusqu’à créer les bagues pour ces deux vampires, il ne semble pas qu’il a fallu que Damon la convainque de quoi que ce soit. A moins qu’Emily l’ait vraiment pris pour un idiot afin d’avoir la protection de sa descendance. Il va vraiment falloir qu’on nous montre ce fameux sort qu’elle a jeté et qui, si je me souviens bien, est lié au collier que Katherine nous re-mentionne brièvement.
Il y a également une grosse facilité avec la capture de Pearl. Qu’elle et Katherine n’aient pas cherché à récupérer le compas pouvant les trahir m’échappe. Mais que Pearl passe une bonne minute figée sur place lorsqu’elle se fait démasquer plutôt que d’assommer Jonathan Gilbert aussi sec, encore plus. Pour un être rapide et fort, elle est un peu nouille. Même berner un Gilbert ne lui sert pas de bon point, leur aveuglement est génétique.
On peut noter quelques infos sur les méthodes des chasseurs. Ils semblaient tirer des balles soit en bois soit remplies de verveine pour les affaiblir. Cette dernière ne sert d’ailleurs apparemment pas qu’à empêcher un humain d’être contrôlé, c’est aussi nocif si le sang en contient et peut brûler un vampire. Je ne me souvenais pas que la verveine était multi-usages. Ma petite préférence va à la muselière à vampire, excellent moyen de les restreindre et les traiter comme des animaux à la fois.
En tout cas on ne peut pas dire que Williamson a de mauvais goûts en matière de guest-stars. Mais pour une fois il ne les utilise pas comme des mouchoirs, et comme avec Bianca Lawson, on peut s’attendre à revoir James Remar et Kelly Hu pour nous apporter plus de réponses dans des flashbacks que je finis par apprécier plus que les scènes dans le présent.
Bref, pour résumer mon opinion à tous les flemmards qui font défiler la page, Children of the Damned est un des meilleurs épisodes de la série à ce jour, malgré les quelques stupidités qui s’y sont glissées. Du fantastique hautement amusant sans que je ne me sente prise pour une abrutie à chaque seconde, c’est trop rare pour ne pas l’apprécier pleinement. Pourvu que The Vampire Diaries continue dans cette voie.