Rick Grimes est un grand naïf. C’est un peu la morale de l’épisode qui nous intéresse aujourd’hui, son sens profond, l’élément qui peut nous échapper très facilement si, au cours des quarante minutes qui se sont écoulées, on était un peu trop concentré sur le fait que les viscères d’animaux, c’est bien, mais qu’on attendait toujours qu’un être humain se fasse dévorer sous nos yeux.
On va dire que les scénaristes savent ménager le suspense. Pour ne pas dire qu’ils nous font poireauter. Déjà trois heures d’écoulées, et pas une seule petite victime humaine. Du coup, quand ça arrivera, ça a intérêt à être aussi dégueulasse que tout ce que j’imagine depuis deux semaines. Je veux du sang ! Je veux voir de la chaire gicler de tous les côtés !
Hmm...
Mais donc, oui, Rick Grimes est un grand naïf.
"Team Shane" contre "Team Bisounours"

Le beau discours de Rick, celui de la semaine dernière, c’était un peu n’importe quoi. Souvenez-vous, maintenant que le Monde avait touché à sa fin, il était grand temps que les derniers survivants de l’espèce Humaine se resserrent les coudes et apprennent à s’aimer les uns les autres, pour rebâtir une nouvelle société, juste, libre de préjugés, et toutes ces bêtises.
Dans les faits, ce n’est pas encore ça.
La grande force de Tell it to the Frogs, celle qui me donne bon espoir pour la suite en dépit des défauts apparents de la série, c’est que l’épisode nous montre tout le potentiel de The Walking Dead à travers quelques petites scènes particulièrement bien senties. La façon dont les survivants s’organisent est un peu archaïque, un peu sexiste, et pas trop orientée vers un futur fait de renouveau et d’idées gnangnan. Très simplement, ça me parait plutôt réaliste, les racistes ont toute la liberté d’être raciste, les hommes qui battent leur femme ne risquent pas grand-chose, et rien n’arrête les policiers d’abuser de la force si ils en ont envie.
Un monde sans aucune règle, et les gens qui y vivent, c’est ça la promesse implicite de la série. Les zombies, c’est très chouette, ça permet de remettre de l’action très facilement en cas de perte de rythme, mais ce n’est que secondaire au vrai propos potentiel de The Walking Dead.
C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai accueilli sans aucune réticence cet épisode se passant quasiment entièrement sans zombie, et se concentrant presque intégralement sur les survivants. Mieux que ça, l’absence d’action ne m’a pas empêché d’être autant happé par ce troisième épisode que par le précédent. Mais là où le suspense pur de Guts faisait à lui seul une grande partie du travail, ce qui m’a ravi ici c’était de passer du temps avec les personnages et d’apprendre à mieux les connaitre.
Car mine de rien, c’est absolument indispensable.
Déjà, c’est indispensable si la série veut tenir la longueur. Pour ça, il faut absolument qu’on se sente un minimum concerné par ce qui arrive aux personnages. Et pour ça, il les connaitre et les apprécier un minimum. Donc passer du temps avec eux, au calme, loin des zombies bouffeurs d’animaux.
D’un côté, oui, évidemment, j’aimerais que les personnages soient écrits avec un poil plus de finesse, et que les dialogues soient un peu plus soignés. Parce qu’autant j’ai trouvé les retrouvailles de Rick et Lori sous la tente très réussies, niveau dialogue, ambiance, et interprétation, autant, plus loin, on se tape quand même une scène où les femmes du camp se plaignent de la disparition de leurs vibromasseurs respectifs.
Ah, ces sacrés bonnes femmes ! Même après la fin du Monde, elles se croient encore dans un épisode de Sex and the City ! ... Enfin, techniquement, dans l’idée que je me fais d’un épisode de Sex and the City, mais le résultat est le même, j’avais honte pour Laurie Holden.
Donc oui, j’ai encore un peu de mal avec l’écriture de la série, même si il y a un gros mieux de ce côté par rapport un épisode précédent (qui pour le coup tombait vraiment dans la caricature). Là, on est encore sans doute trop dans les clichés, les personnages demandent encore à être travaillés, mais il y a du mieux. Surtout pour Shane et Lori.
Amour, Gloire et Zombies
L’intrigue de Shane et Lori, c’était un peu le gros point noir des deux premiers épisodes. Ça faisait tâche. C’était tombé complètement dans le soap opera. Pourtant, à ma grande surprise, ça nous a aussi permis d’avoir les deux scènes les plus réussies de ce troisième épisode.
Si on n’avait pas vu de nos yeux la liaison de Shane et Lori dans les deux épisodes précédents, la scène des retrouvailles de Rick et de sa famille n’aurait pas été aussi bonne. J’ignore la façon dont c’est traité dans la BD, mais là on a non seulement l’émotion des retrouvailles en elle-même, mais avec en bonus un malaise certain, grâce à ce qu’on sait de la situation.
Et même si avant aujourd’hui je n’en avais pas grand-chose à foutre de ces deux personnages, la donne n’est plus du tout la même maintenant qu’on a passé plus de temps avec eux. Celui qui en profite le plus, c’est sans doute Shane, tant on n’arrive pas à se faire un avis définitif sur lui. Il est tantôt sympathique, tantôt odieux, et son mensonge sur la mort de Rick donne encore une nouvelle profondeur au personnage, et rend son intrigue avec Lori immédiatement plus engageante.
...
Bon, ok, c’est du soap. Mais avec des zombies.
La fait est qu’il ne m’aurait pas été possible de m’investir dans une intrigue a priori aussi clichée si on était resté dans l’ambiance « survivre, juste survivre » des semaines précédentes. Onn n’aurait pas non plus pu assister à de bons moments comme la mise en place d’un système de troc (sans doute évidente, mais indispensable dans ce genre de récit), ou à la réflexion que se font les femmes sur leur place dans le camp (avant que les dialogues viennent un peu gâcher le tableau), ou encore à Shane qui pète un plomb en toute impunité, sous prétexte de justice, mais surtout parce qu’il a passé une mauvaise journée.
En bref, encore une fois, j’ai passé un très bon moment devant The Walking Dead, et j’espère que la série continuera de s’améliorer.
Je sais, c’est un peu gnangnan comme conclusion. Mais au fond, je suis un grand naïf.