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V - Critique de l'épisode 2 de la saison 1

There is No Normal Anymore: Un lézard jouerait mieux

Par tomemoria, le 11 novembre 2009
Publié le
11 novembre 2009
Saison 1
Episode 2
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Sans aller jusqu’à dire que ce deuxième épisode m’a déçu, il y a plusieurs choses qui m’ont dérangé et c’est pourquoi je vais être volontairement dur envers la série. Je pense qu’avec un tel cast et un tel budget, ils sont capables de corriger leurs défauts. Que voici :

Play much ?

J’aimais beaucoup Elizabeth Mitchell dans Lost. Elle donnait l’impression de maîtriser son personnage à la perfection dans chacune de ses intonations. Quand elle parlait, il était toujours difficile de discerner le vrai du faux. Erica Evans n’a rien en commun avec Juliet Burke, si ce n’est sa capacité à se débarrasser d’un ennemi de façon über cool (la barre de fer dans la sonde rend tout de suite le personnage plus fun).
Malheureusement, après une introduction très réussie où la surprise (les V ont piraté le 911) se mêle au rythme (la course poursuite rend très bien), on assiste progressivement à une dégradation de certains éléments. Déjà, Mitchell casse le mythe en jouant comme un pied face à son fils. Ses intonations sont ratées et le môme ne s’en sort pas vraiment mieux. J’ignore ce qui s’est passé dans cette scène, mais les deux acteurs se sont vraiment ramassés. Du coup, il est difficile de ne pas avoir un regard très critique sur leurs scènes suivantes.

Lorsqu’elle revient à son bureau, elle est aidée par une caméra penchante et un montage réussi où la paranoïa d’Erica commence à nous atteindre, surtout lorsqu’on croise une Cylon. Mais je ne suis pas sûr que cette scène doive beaucoup à la performance de Mitchell. Et encore moins sa conclusion où Erica est sur le point d’être interrogée : l’actrice nous sert ici son regard vide à la Juliett. Si ça pouvait marcher sur du Giacchino mystérieux, Marco Beltrami (compositeur de Scream, entre autres) ne fait pas passer la pilule. Au contraire.

Après ça, l’intrigue était suffisamment prenante pour que je ne fasse plus trop attention à ses écarts et j’ai également apprécié l’intrigue de Tyler. Il n’empêche que je commence à avoir des doutes sur ces deux acteurs et j’espère que les prochains épisodes viendront les faire disparaître et non les renforcer.

Autre défaut assez flagrant, V commence à se la jouer FlashForward avec une utilisation excessive de flash back qui pousse à se demander si, comme FF, elle ne prend pas un peu trop son spectateur pour un crétin. Rien que dans la scène d’introduction, on nous refout la tête de Tudik le Lézard alors que le Previously était explicite à ce sujet. Il ne faudrait pas abuser là.

We help to build the resistance… just not yet

Dans la review du pilote, Blackie avait souligné la rapidité avec laquelle la décision de créer une résistance avait été prise par Erica et, tacitement, par Jack le Curé Karatéka. J’ai beaucoup aimé que les deux personnages reviennent sur ces paroles après coup. C’était bien beau de se dire qu’ils vont devenir des insurgés, mais dans les faits, ça ne se fait pas en un clin d’œil.
Je me demandais si la série allait à nouveau user de l’ellipse et passer directement à la résistance. J’ai donc été ravi de retrouver les personnages juste là où on les avait laissés. Ainsi, la série refuse les raccourcis ou les facilités scénaristiques et s’attache à décrire les préludes d’une résistance. De la part de deux personnes attaqués par des lézards ressemblant à des humains, j’aurais été un peu déçu qu’ils se fassent une confiance aveugle juste parce qu’ils se savent humains, l’un et l’autre. Au contraire, tous deux essayent de se démener comme ils peuvent avec cette nouvelle donne et gèrent les conséquences du pilote. Des conséquences qui auraient pu passer à la trappe. La disparition de Dale Maddox occupe une grande part de l’épisode et c’est avec une certaine admiration que l’on voit Erica mentir à ses supérieurs avec aplomb et tenter de maîtriser la situation.

De son côté, Jack le Curé est moins avisé mais sa réaction face à l’imprévu ne peut être considérée comme idiote. Il s’en remet à l’autorité et quand une Cylon vient l’interroger sur la mort de l’homme lui ayant donné l’adresse du rendez-vous antilézard (une mort qui aurait vraiment pu être occultée, d’où le respect que j’ai pour la série, malgré ses défauts), Jack le Curé choisit de dire la vérité. J’aurais été un peu déçu qu’il suive le conseil d’Erica et ne fasse réellement confiance à personne. Il faut un certain temps pour accepter le fait que n’importe qui autour de vous peut être un lézard qui vous veut du mal. Quand un agent du F.B.I. qui représente l’autorité vient vous poser des questions sur un homme mort dans votre Église la veille, je vois mal comment on peut mentir sans être mal à l’aise. D’autant qu’un homme d’Église comme Jack a pour habitude de dire la (ou sa) vérité.
Pour l’instant, j’aime bien le personnage de Joel Gretch. L’acteur fait du bon boulot et fait très bien oublier ses rôles précédents dans The 4400 ou Taken. Jack n’est pas un abruti mais commet des erreurs humaines dans l’épisode, ce qui le rend bien plus proche.

Si la conclusion de l’épisode où Erica et lui décident, ensemble, de commencer à bâtir la résistance m’a enthousiasmé, j’aurais encore une fois aimé qu’Elizabeth Mitchell ait l’air moins décontracté lorsqu’elle rappelle que les lézards pourraient être n’importe où…

They are among us

De manière assez intelligente, la série donne l’impression d’affubler chaque personnage de son petit V potentiellement méchant. Ainsi Tyler continue de flirter du regard avec Lisa qui semble être une sorte de mini-Anna, l’air inquiétant en moins. Il se dégage d’elle une réelle douceur et j’ai vraiment hâte de savoir si ses intentions sont honnêtes ou si elle ne fait que jouer la comédie. De petits sourires en coin pour dire au spectateur qu’elle est vilaine m’auraient tué. Au contraire, elle semble vraiment déçue par l’attitude impulsive et violente de Tyler. Déçue parce que ça nuit à l’image des V, ou parce qu’il baisse dans son estime ? Quoiqu’il en soit, on a déjà vu dans une-série-dont-on-ne-citera-pas-le-nom que l’actrice peut aussi bien jouer la bonté que la sadisme.

La collègue de Scott Wolf a vraiment une drôle de tête et est donc une lézarde potentielle. D’ailleurs, elle a sans doute été choisie pour son physique puisque sa seule fonction est de poser les questions que se pose le spectateur quant à la position de Decker par rapport à Anna. J’ai beaucoup apprécié qu’il affirme ouvertement pouvoir influencer l’avis du peuple. Decker est suffisamment complexe et bien interprété pour qu’on s’y intéresse. N’a-t-il que ses propres intérêts à cœur ? Ou cherche-t-il à gagner la confiance des Visiteurs pour mieux les poignarder dans le dos ? Dans le pilote, on le sentait choqué de ne pouvoir poser n’importe quelle question (une réaction un brin naïve pour un tel journaliste, comme si les interventions télévisées n’étaient pas censées être préparées au millimètres près, dans la vraie vie). Ses nouvelles actions qui poussent l’opinion publique à accepter d’aider les Visiteurs (précédée par les Japonais qui ont vraisemblablement acceptés parce qu’Anna portait un joli kimono) l’ont rendu appréciable auprès de la lézarde en chef. Reste à voir ce qu’il fera de cette complicité. Pour l’instant, il reste très ambigu et c’est tant mieux.

Du côté du Gentil Lézard Noir et de sa copine jouée par la trop-talentueuse-pour-être-ainsi-sous-exploitée Lourdes Benedicto, c’est sans aucun doute l’intrigue la moins passionnante. Ses problèmes conjugaux sont loin de captiver l’attention, mais son passage dans un garage où il se fait soigner par un autre lézard renégat ne change pas grande chose. De quoi parlent-ils à votre avis ? De leur planète ? De leurs origines ? Non, de ses problèmes existentielles. Avant qu’il ne l’endorme parce qu’un renégat qui ne pense qu’à sa copine alors que ceux qu’il a trahi sont à ses trousses, c’est assez suspect. Ça ne l’empêchera pas de donner à ce cher Ryan Nichols de précieux conseils pour faire avancer son intrigue. Il fait bien, car ce ne sont pas ses bisous dans le cou et ses regards en coin qui la feront décoller. Si au moins les V parlaient une langue extraterrestre lorsqu’ils sont entre eux, ça pourrait mieux fonctionner.

Enfin, je ne sais pas si le cliffhanger aura surpris quelqu’un puisqu’il semblait évident que Maddox n’était pas mort (et pas seulement parce que Tudik apparaît dans un rêve idiot mettant en place un suspense raté quant à l’arme oubliée dans sa voiture). J’espère que Maddox reviendra au bureau comme si de rien n’était. Ce serait un bon moyen pour faire rebondir l’intrigue d’Erica, qui aura bien besoin de ça pour se booster à former la résistance.

V n’est donc pas une déception pour moi. Elle a juste besoin de gommer certains défauts pour devenir une vraie bonne série.

tomemoria
P.S. Et tant qu’à faire, qu’elle essaye de soigner certains effets spéciaux. Qui ne s’est pas dit "putain c’est moche" quand Morena cherche quelle tenue porter ?