Spit & Eggs: You raped me !!!!!
En effet, si mes théories sur l’identité du violeur de la saison m’ont donné tort, j’ai eu raison sur l’essentiel : la qualité de la série !
La morale de cette introduction ? J’ai toujours raison. Même quand j’ai tort ! Et même quand je suis en retard !
C’est donc une conclusion surprenante et réussie au premier arc de la saison que nous offre Rob Thomas avec Eggs and Spit. Suffisamment réussie pour nous faire oublier que ces huit premiers épisodes un peu bancaux (Pour parler comme Feyrtys quand on la force à faire un podcast à quatre heure du matin) ?
Pas tout à fait quand même ! Mais, il faut bien le reconnaître, la résolution de l’arc est suffisamment maîtrisée pour donner envie de redécouvrir les premiers épisodes de la saison sous un nouvel angle. Oui Lyssa, même celui où Keith découvre qu’il faut profiter de la vie à cause d’un accident de voiture !
L’épisode commence par un procédé assez risqué : celui du « 24 heures plus tôt ». Ce procédé usé jusqu’à la moelle par JJ Abrams (le scientologue qui a fait mourir le « triangle amoureux » d’épuisement) n’a en général pas d’autres justifications que de nous faire rentrer directement dans l’histoire, en nous promettant une scène d’action prenante ou un rebondissement incroyable plus tard dans l’épisode. C’est un procédé assez facile, auquel on a rarement été habitué dans Veronica Mars (à part si ma mémoire est bonne dans un épisode de la saison 1, mais le procédé y était moins gratuit puisqu’on passait l’épisode à se demander qui avait été tué dans le prégénérique), mais même si l’épisode aurait pu s’en passer, cette première scène se révèle plus efficace qu’énervante. C’est en grande partie du à la musique, je pense : voir Veronica se faire traquer dans les couloirs de Hearst sur les rythmes de Fatboy Slim, y a pas à dire, ça donne envie de voir la suite. Même si Kirsten Bell ne sait pas courir !
On sait donc d’emblée que Veronica découvrira l’identité du violeur dans cet épisode. A la rigueur, tant mieux, ça évitera à ceux qui étaient spoilés comme moi de rater une surprise !
D’ailleurs, dans les vingt minutes suivant l’introduction, on comprend pourquoi un « XX-hours earlier » était nécessaire : comme dans les deux finale précédents de la série (puisqu’il s’agit quand même ici d’un mini épisode final) et la mise en place est assez longue et la résolution du mystère proprement dite tarde à démarrer.
Mais c’est ce que j’aime chez Rob Thomas justement : il sait gérer son temps ! Et plutôt que de nous offrir une course poursuite trop longue avec le violeur, il profite du début de l’épisode pour étoffer ses personnages tout en se réservant suffisamment de temps pour l’action proprement dite.
Ceux qui sont le plus approfondis pendant ces 20 premières minutes, ce sont évidemment Logan et Veronica. Comme on pouvait s’en douter, ils se séparent dans une scène assez tristounette où, par fierté, Veronica se laisse plaquer sans réagir (alors que Logan n’attendait probablement qu’un mot de sa part pour renoncer).
Elle passe d’ailleurs une bonne partie de l’épisode dans le déni, à clamer à tout va que oui, elle est un peu surprise (denial !) mais que bon, elle s’en fiche un peu (denial !) et qu’elle arrête les mecs de toutes façons, parce que, non non, elle n’est pas irrésistiblement attirée par les abdos de Piz (denial, denial, denial !).

Veronica passe donc une bonne partie de l’épisode à ne pas réagir à sa rupture. Parce que, mon Dieu, réagir quand on se fait plaquer, c’est montrer qu’on est attaché à la personne, c’est suggérer qu’on a des émotions, bref c’est faire preuve d’humanité, et donc de faiblesse, et la faiblesse, c’est bien pour les personnages secondaires, mais pas pour Veronica !
Finalement, le seul moment où elle se laisse aller, c’est quand elle est sous la douche à l’abri des regards... Prévisible, certes, mais diablement efficace. Personne ne pleure comme Kirsten Bell !
Certains trouvent Veronica agaçante avec son côté « judgmental » et son incapacité à faire confiance à Logan et donc à s’engager dans une relation... Mais pour l’instant, je trouve cet aspect du personnage assez bien géré, puisqu’on se rend bien compte depuis le début de la saison que son côté « je n’ai besoin de personne » lui pèse et lui nuit.
Passons maintenant à l’aspect le plus intéressant de l’épisode : la résolution (enfin !) de cette histoire un peu poussive de violeur en série. Je m’attendais au pire et... j’ai été très agréablement surpris.
La révélation est en effet assez surprenante, puisque le coupable est... Mercer ! Oui oui, le pote de Logan que Veronica avait fait innocenter dans les épisodes précédents.
Et il avait un complice : le fan de BSG de service. Une façon pour Rob de nous suggérer qu’il faut être sacrément tordu pour aimer la Saison 3 de Battlestar Galactica ? Certainement !
Passé l’effet de surprise assez agréable (je soupçonnais à peu près tout le monde, même les filles, saut Mercer), cette résolution de l’intrigue m’a aussi plu parce qu’elle nous fait voir les « faiblesses » des épisodes précédents sous un nouveau jour.
La façon dont Veronica trouvait un alibi à Mercer est trop simpliste ? C’est parce qu’elle a mal fait son boulot !
Le viol simulé par les féministes sont justes une manière de prolonger l’intrigue ? Eh non, puisqu’ils ont fourni à Mercer un « alibi » (il était à Tijuana avec Logan la nuit d’un de ces faux viols)
Le jeu de rôle des terroristes en prison servait juste à faire du remplissage pendant un épisode ? Eh non, il est à l’origine de la relation dominant / dominé entre Mercer et BSG Man !
Et on peut continuer encore un peu comme ça...
Bref, si cette enquête n’a pas été gérée au mieux dans son ensemble et a certainement duré 2 ou 3 épisodes de trop, sa conclusion n’en reste pas moins satisfaisante.
Suffisamment satisfaisante pour qu’on pardonne à l’épisode quelques facilités scénaristiques et incohérences, comme par exemple le violeur qui poste une annonce dans le journal pour annoncer où il va frapper (dans le genre facilité scénaristique on ne fait pas mieux je crois), la manière totalement incompréhensible dont Veronica comprend que Mercer est le coupable (si j’ai bien compris, elle entend le son s’étirer dans les enceintes et comprend donc immédiatement que l’émission n’est pas en direct : elle est forte quand même !) et, surtout, la manière totalement stupide dont Veronica agit durant la dernière partie de l’épisode.
Parce que, Veronica, elle est peut-être sacrément douée pour résoudre des enquêtes et trouver la réplique qui tue quand les gens l’embête, mais quand même, des fois, qu’est-ce qu’elle peut être conne.
Passe encore qu’après avoir appris dans quelle chambre va frapper le violeur, elle décide de s’y rendre seule, sans prévenir personne, sans même passer un coup de téléphone à la police ou à son père.
Passe encore que, lorsque le violeur la poursuit dans les couloirs, elle s’obstine à frapper pendant quinze minutes à la porte de Wallace et Piz alors qu’elle sait pertinemment qu’ils ne sont pas dans leurs chambre puisqu’elle leur a ordonné de monter la garde à la fête.
Passe encore qu’une fois enfermée dans la chambre de Evil BSG guy, elle mette trente minutes à se rappeller qu’elle a un téléphone portable dans sa poche.
Non, le vrai problème, c’est que Kirsten Bell ne sait pas courir, et que la voir bondir au ralenti dans tous les sens comme une gazelle alors qu’elle est censée avoir un violeur à ses trousses, c’est juste ridicule. Surtout la deuxième fois.
Mais assez tapé sur Veroniconne, parlons un peu des personnages secondaires.
Déjà, bonne nouvelle, Mac est de retour ! C’est pas trop tôt, elle m’avait manqué !
Wallace est de retour aussi, mais je m’en fiche un peu : il est devenu complètement inutile et transparent cette année. Je pense sérieusement que Rob ne le garde que pour avoir un personnage a assassiner dans le premier épisode de la saison 4, parce que là il ne sert vraiment plus à rien.
Piz est là aussi. Il ne sert à rien, mais il est mignon et ce n’est pas lui le violeur, donc je suis content !

Non, le personnage secondaire dont je voulais vous parler, c’est Parker.
C’est bien simple, j’ai adoré le fait qu’elle sauve Veronica à la fin de l’épisode. Dit comme ça, ça n’a rien d’exceptionnel, et pourtant c’est bien simple, je me suis repassé en boucle la scène où elle sort de sa chambre, intriguée par le coup de sifflet qu’elle vient d’entendre à l’étage, et part voir ce qu’il se passe.
C’est peut-être dû au fait que je ne l’avais absolument pas vu venir.
C’est peut-être dû au fait que cette scène fait subtilement écho à un dialogue du début de l’épisode, qui illustrait bien le contraste entre Veronica et Parker (Veronica n’a aucune foi en l’humanité puisqu’elle considère que personne ne viendra secourir une femme utilisant son sifflet anti-viol ; alors que Parker, qui a pourtant été violée elle même, reste persuadée que quelqu’un réagira).
C’est peut-être dû au fait que pour la première fois depuis le début de la série, Veronica est sauvée des griffes du grand méchant loup par une femme (dans une série féministe, il était temps).
Ou alors, c’est peut-être juste dû à la musique où au regard de l’actrice.
Mais en tous cas, c’était bien ! Et moi qui avait peur que Parker devienne rapidement le boulet de cette nouvelle saison, je suis rassuré de la voir aussi bien intégrée à la série.
Voilà. Et puisqu’on parle de nouveaux personnages bien intégré à la série, j’ai été très agréablement surpris par la tournure prise par l’intrigue du Dean.
Je me doutais bien qu’il serait au centre du second mystère de la saison, mais je pensais que ce serait dans le rôle de l’accusé, pas de la victime.
En tous cas, sa mort est assez bien jouée : non seulement on commençait à suffisament connaître le personnage pour que sa disparition nous fasse un petit pincement au cœur (petit quand même : il fallait bien que quelqu’un s’y colle pour le bien de la série !) mais surtout parce que, grace aux interactions qu’il a eu avec les personnages depuis le début de la saison, l’enquête promet d’être intéressante.
D’abord parce que Keith et Veronica se sentiront tous les deux impliqués, ensuite parce que les suspects ne manquent pas (sa femme, le prof de crimino, les féministes, l’ex de sa femme à qui il a volé un rein, son fils dont on nous parle si souvent... et même les Fitzpatrick !) et enfin (surtout) parce qu’un bon vieux meurtre avec un mobile bien tordu, ça vaut tous les violeurs en série du monde !
Eggs and spit est donc épisode très sympathique, qui conclut aussi bien que possible l’intrigue un peu bancale de ce début de saison, et lance la série dans une nouvelle direction assez enthousiasmante. Pour être honnête, je n’en attendais pas autant !