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24

9.09 - 7.00 - 8.00 PM

Et puis, il y a eu ce bus.

dimanche 29 juin 2014, par Conundrum

L’indifférence est la pire chose que l’on puisse ressentir devant une série. Surtout devant une qui a su nous passionner à ses débuts. C’est exactement ce qui s’est passé après la cinquième saison de 24.

Je suis incapable de citer un des évènements des dernières saisons ni même vous dire quand j’ai arrêté la série.

Après l’enthousiasme (modéré, hein) du retour de la série cet été, il m’est arrivé quelque chose d’inquiétant. J’ai oublié de regarder un épisode.
Ça, c’est le premier signe. On peut avoir des occupations qui retardent le visionnage, mais on garde toujours dans un coin de la tête qu’une série nous attend. Et, en temps normal, oublier un épisode, ce n’est pas bien grave. Sauf que nous ne sommes pas en temps normal, on est en plein été. Il n’y a pas de quarantaine d’épisodes inédits avec une épouse tellement si bien brave, ou un type qui fume grave bien la cigarette, ou une série de science-fiction sur une famille anormalement soudée qui demandent notre attention. Quand, en période de vide sériel, on oublie de regarder un épisode de série, c’est que l’abandon est l’issue plus que probable qui attend notre visionnage.

Je m’étais presque résigné, et puis il y a eu ce bus.

Avant la bise que le joli bus anglais à double étage a claqué à la rousse fille de la méchante terroriste, je commençais à m’ennuyer dangereusement devant 24. Puis, j’ai ressenti devant cette scène quelque chose de merveilleux, quelque chose que The Kief’ ne m’avait pas fait ressentir depuis longtemps. De l’agacement. C’était du petit agacement, mais assez pour réaliser que, si j’étais agacé, même légèrement, c’est que la série avait encore une petit emprise sur moi. Et à mon plus grand bonheur, les deux épisodes suivants ont alimenté ce feu, et après ce neuvième épisode, je suis très colère. Et j’en suis trop content.

Le coup du bus en fin d’épisode était un retournement de situation de fin d’épisode classique qui relançait de manière facile et sans saveur l’intrigue de la saison. C’était typiquement le type de fin d’épisode qu’on nous avait promis d’éviter avec une saison plus courte. Moins d’épisodes, c’était moins de cliffhangers bâclés, pensés et exécutés à la va vite. Mais ce n’était rien comparé à l’horrible huitième épisode.
Le Président Greg Sumner de Côte Ouest accepte les termes de la vile vilaine de 24 et fait ses adieux à son gendre, sa fille et The Kief’ avant d’accepter sa mise à mort. L’épisode s’achève donc sur un joli missile qui claque, à son tour, la bise au Président à Wembley. C’est un principe absurde mais qui rentre parfaitement dans l’univers de la série… jusqu’à ce qu’il soit totalement défait dans les premières minutes de l’épisode suivant.

Le Président est en vie car Chloé et Jack ont réussi à berner Al Harazi et son fils.
En soi, ce n’est pas gênant. Faire croire à la mort d’un personnage est une carte pratique à sortir dans une série comme 24. Le problème est que, rétroactivement, l’épisode précédent devient un pur foutage de gueule.

Je m’explique.

Répondre « On a qu’à la faire percuter par un bus ! » à « Que va-t-on faire de ce personnage ? », c’est faire vivre une intrigue. De manière bâclée et stupide, mais c’est acceptable. Ici, ce huitième épisode a été conçu principalement pour berner le téléspectateur. Il n’a pas été pensé pour faire avancer l’intrigue. Le pire est que le problème ne réside même pas dans le cheminement de l’action. Heller veut se rendre pour épargner des vies pendant que Jack et Chloé travaille sur un plan B. C’est logique. En revanche, la narration de l’épisode n’est alors plus neutre. Elle induit volontairement le téléspectateur sur un faux dénouement. Et ça, dans 24, c’est pire qu’un cliffhanger mal pensé en fin d’épisode.

Nous n’avions pas à connaitre si le plan avait marché ou pas en fin d’épisode. En revanche, le point de vue de Jack encadre la narration de la série. Ici, une distance est mise entre lui et le téléspectateur car nous ne sommes plus dans la confidence. On découvre, comme Heller, le plan de Jack « a posteriori ». On aurait dû plus insister sur la possibilité qu’Heller s’en tire. On aurait dû montrer un Jack qui tente de sauver Heller au lieu de nous montrer un visage résigné.

A dire vrai, j’aurais aimé aimer le changement de point de vue de la série, mais le résultat laisse un goût amer. Le cliffhanger est réglé en deux, trois explications vaseuses de Chloé et Jack, et on passe rapidement à autre chose. Tout l’intérêt et l’effet de l’épisode précédent tombent à plat. Tout comme Margot et son fils. Au sens littéral du terme.

Dans cet épisode, Jack tue un terroriste. Cette phrase s’applique à quasiment tous les épisodes de 24, mais là, il la défenestre alors que la situation est réglée. C’est une exécution sommaire qui va à l’encontre de qui définissait Jack jusque-là. L’intérêt d’un The Kief est d’être un homme d’action qui se passe de règles pour atteindre son but. Les pires actions ont été commises dans le but a toujours été noble et au service du peuple et/ou du gouvernement. Cela a toujours expliqué la violence du personnage principal de la série. Cette semaine, j’ai eu du mal à reconnaitre le personnage dans l’exécution de Margot au lieu de la remettre à la justice. Cet acte, rapidement traité, et le méchant dénouement de début d’épisode ont fait que, pour la première fois depuis le début de la série, je n’ai pas reconnu Jack Bauer.

Et même pour une série comme 24, c’est un peu perturbant. Le fait d’avoir mis son envie personnelle avant sa mission dénigre le personnage. Si cela rentre dans la tragique évolution d’un personnage déchu, je peux l’accepter, mais la série se doit de revenir sur cet évènement et de traiter la nouvelle froideur de Bauer. Jack l’avait déjà montré avec la fille de Margot. Il s’agissait de petites touches qui mettaient en avant le fait que l’éthique de Jack n’était plus la même qu’à ses débuts. L’exécution sommaire de Margot est plus que l’étape suivante, c’est la preuve que le Jack de la série originale n’est plus là.

C’est une évolution plutôt intéressante, j’espère juste que ce sera un thème central de la deuxième partie de la saison. En tout cas, pour la première fois depuis son retour, j’ai vraiment hâte de voir la suite de la série.

J’aimerais tellement en dire autant de Murder In The First

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