ISABELLE DISPARUE
Le nouveau film de Bernard Stora samedi sur France 3.
Par Sullivan Le Postec • 14 octobre 2011
Bernard Stora fait partie de ces quelques réalisateurs français sur lesquels on peut toujours compter pour faire preuve d’ambition et délivrer un résultat de qualité.

Bernard Stora, réalisateur de « Elles et moi » ou de « Suzie Berton » aime varier les plaisirs et les époques. Son dernier téléfilm, « Le 3e Jour » était une fiction contemporaine, il nous propose cet automne une enquête policière en costumes située en 1815, à l’époque de la Restauration.

Pour l’occasion, Stora retrouve Line Renaud, à qui il avait déjà offert un rôle formidable dans l’épatant « Suzie Berton ». Le scénariste et réalisateur prend plaisir à lui concocter des personnages à contre-emploi, retors et pervers.

Au matin de la Toussaint 1815, Isabelle d’Orval, jeune femme de vingt ans, disparaît. Louis Ponton de Barsac (Bernard Lecoq), enquêteur qui préfère l’efficacité aux usages, est dépêché de Paris et vient sur place en compagnie d’un jeune acolyte, Antonin (Théo Frilet), pour tenter de faire la lumière sur cette mystérieuse affaire. Il prend l’enquête en charge au grand soulagement de l’adjudant Mouton (Bruno Lochet), dépassé.
La mère adoptive de la disparue, Jeanne d’Orval (Line Renaud), accuse le chevalier de Fombreuse (Patrick Bouchitey), un aristocrate récemment revenu d’Amérique, de l’avoir séduite puis de s’en être débarrassé. Les mensonges des uns et des autres forment un épais brouillard que l’enquêteur va tenter de dissiper.

Bernard Stora écrit toujours des personnages habilement caractérisés, et son choix de comédiens pour les interpréter ne laisse guère d’espace à la contestation. C’est une fois de plus le cas dans « Isabelle Disparue » : Bernard Lecoq, Line Renaud, Théo Frilet et Patrick Bouchitey sont à la hauteur des prestations excellentes auxquels ils nous ont souvent habitués, et parviennent à faire oublier le français d’époque dans lequel les dialogues sont écrits — ce qui, comme d’habitude, n’est pas le cas de tous, certains seconds rôles ayant davantage de peine à se le mettre en bouche.

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Se faisant passer au départ pour une mère éplorée, Line Renaud se révèle donc à nouveau une manipulatrice hors-pair, qui va s’engager avec le personnage de Bernard Lecoq dans un bras de fer courtois, qui n’est pas sans évoquer l’affrontement psychologique au centre de « Suzie Berton ». C’est peut-être en partie à cause de cette similitude que Bernard Stora a choisi de situer son intrigue dans le passé.

‘‘En partie inspiré de faits réels et contemporains, le scénario d’Isabelle disparue se déroulait au départ à l’époque actuelle et j’ai longtemps travaillé sur cette hypothèse. Mais, peu à peu, je me suis senti gêné par la trop grande proximité avec la réalité, j’ai eu envie de m’en évader,’’ raconte-t-il dans le dossier de presse.
‘‘L’idée m’est alors venue que je tenais une bonne occasion de réaliser un rêve : celui de tourner un vrai film d’époque, comme ceux qui m’avaient tellement exalté quand j’étais enfant, ces histoires de cape et d’épée que j’adorais. Puis j’ai pensé à Balzac, Une ténébreuse affaire, la Révolution, l’Empire, la Restauration, ces périodes troubles et troublées de l’histoire de France, la naissance d’une police structurée et moderne. C’est ainsi que le projet a pris son véritable départ’’.

Mais « Isabelle Disparue » se veut toutefois un film plus léger et lumineux que la précédente collaboration de Bernard Stora et Line Renaud. Antonin notamment, qui se révèle être le narrateur de cette histoire, lui apporte à la fois un regard empreint d’une certaine innocence et un décalage humoristique. La relation à la fois distante et filiale entre Antonin et son Maître fournit aussi un cœur émotionnel à cette intrigue. Le personnage de Bruno Lochet est pour sa part clairement ancré dans la comédie.

Plaisant et amusant, « Isabelle Disparue » l’est très certainement. Mais, par la faute d’un léger manque de rythme, et d’une histoire tout de même un peu chiche en surprises et en tension, il apparaît comme plutôt mineur dans la riche filmographie de son auteur.

Post Scriptum

« Isabelle Disparue »
Une production Link’s productions avec Cipango pour France 3. 90’.
Écrit et réalisé par Bernard Stora.
Produit par David Kodsi.
Avec : Line Renaud (Jeanne d’Orval), Bernard Le Coq (Louis Ponton de Barsac), Patrick Bouchitey (chevalier de Fombreuse), Théo Frilet (Antonin), Annabelle Hettmann (Julie)...

Samedi 15 octobre à 20h35 sur France3.