Ce sont déjà les septième et huitième volets des « Petits Meurtres d’Agatha Christie » que France 2 proposera ces deux prochains vendredis. Eric Woreth, qui a tourné sept des huit épisodes, et s’apprête à en, tourner deux autres qui seront diffusés l’automne prochain, se trouve à nouveau derrière la caméra. Sylvie Simon signe les deux scénarios, qui adaptent « Five Little Pigs » et « Taken at the flood ».

Les « Petits Meurtres » se sont imposés en deux ans comme un succès solide sur l’antenne de France 2, avec une moyenne de 4,5 millions de téléspectateurs, et ses deux personnages, le Commissaire Larosière et l’Inspecteur Lampion se sont imposés comme des figures de la chaîne. Une récente réorganisation des fictions au sein du groupe France Télévisions a eu lieu, toujours basée sur le même principe idiot un genre = une chaîne. C’est à dire en oubliant l’évidence qui est qu’un même genre peut être traité de façon totalement différente et donc toucher des publics totalement différents. En d’autres termes « Rome », « Les Tudors », et « Spartacus Blood and Sand » sont trois fictions historiques en costume, mais s’adressent pour autant à des publics sans rapports les uns avec les autres. Et « Spartacus » défriserait violemment le spectateur moyen de France 3 !... Lors de cette réorganisation, « Les Petits Meurtres » ont failli passer de France 2 à France 3. Mais ce sont des protestations internes à France 2 qui lui ont permis de se maintenir sur son antenne.
Avec raison : ce n’est pas parce que Larosière et Lampion vivent dans les années 30 que leurs aventures sont à réserver aux maisons de retraites.

Rupture

Ça ne va pas bien entre le Commissaire Larosière et l’Inspecteur Lampion. Le second, en effet, ne supporte plus le caractère irascible du premier, et son incapacité chronique à formuler le moindre propos encourageant, sans même aller jusqu’à parler de compliments. Après un nouveau savon, Lampion décide que c’en est trop.

Il cède aux sirènes d’un enquêteur privé et devient lui-même détective. C’est là qu’il est présenté à l’affaire de cet épisode. Marie Varga, bientôt majeure, vient d’apprendre que sa mère n’est pas morte, comme on le lui avait toujours dit, mais emprisonnée pour le meurtre de son père. Mais Emma Varga a toujours clamé son innocence et l’affirme à nouveau à sa fille quand elle vient la visiter en prison. Marie demande donc au détective Lampion de prouver son innocence.
Mais il n’est pas facile de rouvrir une enquête sur un meurtre datant de quinze ans, surtout qu’il aura vite fait de croiser le chemin d’un Larosière pas ravi de s’être fait planter...

La force de la série, c’est sa légèreté. Le décalage comique apporté par les personnages, que les comédiens, Antoine Duléry (Commissaire Larosière) et Marius Colucci (Inspecteur Emile Lampion), s’amusent visiblement beaucoup à interpréter, rend facile de s’attacher à eux.
On oublie alors facilement que le rythme n’est pas forcément effréné, loin de là, et que, cet épisode cherchant à résoudre par le croisement de témoignages une affaire vieille de quinze ans, il se trouve être plutôt bavard. Mais une certaine essence ‘‘Agatha Christie’’ est belle et bien là, avec cette chasse aux suspects parmi des individus archétypaux qui ont tous des secrets à cacher, ce qui rend bien compliqué l’émergence de la vérité.

On est pas tout à fait au niveau du meilleur de la télévision anglaise – le travail sur l’image et la photographie, même s’il est très correct, gagnerait à être encore un peu accentué. Mais on en est pas si loin. Il n’a rien d’étonnant à ce que survivent à la fin de l’ère patrimoniale de la Présidence de Carolis ces « Petits Meurtres » ainsi que « Nicolas Le Floch » : l’un comme l’autre sont clairement le haut d’un panier qui a été beaucoup garni, et en projets de bien moindre qualité que ces deux-là.