AVANT-PREMIÈRE — Zak, saison 3 (épisodes 3 et 4)
« Zak » : enfin un vrai ‘‘mockumentary’’ français ?
Par Nicolas Robert • 23 juillet 2012
Jusqu’ici confinée à l’anonymat, la fiction originale des chaînes Orange commence à devenir visible. A la rentrée, pour son retour, « Zak » devient une vraie comédie de 26 minutes.

Diffusée sur Orange CinéMax depuis fin 2011, la comédie d’Arthur Benzaquen et Daive Cohen « Zak » passera, à la rentrée, du statut de format court à celui de série de 26 minutes. Si cette nouvelle saison est du niveau des deux épisodes diffusés lors des Screenings Orange Cinéma Séries, on tient là une fiction à ne pas rater. Et une nouvelle série d’Orange qui passera la barrière de l’anonymat, après la bancale mais attachante « Q.I. » en début d’année.

Vous avez le droit de rire de bon cœur”. Au terme d’une présentation pleine d’entrain et vraiment sympa, Arthur Benzaquen, acteur principal et cocréateur de « Zak », lâche une dernière vanne, juste avant que les lumières de la salle de ciné ne s’éteignent et que la projection ne débute. Une ultime pirouette qui ressemble un peu à un saut dans le vide : quand on aime un projet, qu’on le porte avec énergie, il y a un toujours un moment, ce moment où il faut “lâcher la main de l’enfant” et accepter qu’il fasse sa propre vie, face au monde…

Trois quarts d’heure et deux épisodes plus tard, la lumière est de retour et Benzaquen est prêt de la porte d’entrée en compagnie de l’équipe de la série. Avec le sourire. Normal : les spectateurs l’ont aussi. Mission accomplie ? Pour les Screenings d’Orange Cinéma Séries, oui. Et avec la manière.

De la saison 1… à la saison 3 direct

Lancée en novembre 2011 sur Orange Cinémax [1], « Zak » raconte les aventures d’un chanteur de RnB français au centre d’un documentaire, alors qu’il enregistre son tout premier album.
Artiste foncièrement mégalo, Zak est surtout un grand gosse difficile à gérer : son manager, un patron de théâtre prénommé Prosper, est le premier à s’en rendre compte chaque jour… quand il n’est pas lui-même embarqué dans des galères qui révèlent son incompétence, son immaturité ou sa couardise (voire les trois ensemble).
Accompagné par une assistante souffre-douleur (Sonia) et un ingénieur du son assez discret (Jean-Jacques), le duo doit également composer avec Roxane. Femme à poigne jamais avare d’expressions cassantes, elle est aussi la présidente de World Music Records, la maison de disques qui produit Zak.

Tout au long de la première saison qui compte 40 épisodes de 13 minutes environ, on suit l’artiste et son équipe pendant l’enregistrement de l’album, lequel va, au final, faire un four. La suite ? “C’est la saison 3, puisque Zak, qui garde un œil sur toutes les images où il apparaît, a interdit la diffusion de la saison 2”, explique Arthur Benzaquen.

La vraie nouveauté ne tient cependant pas dans cette astuce narrativo-marketing. A la rentrée, la série va effectivement devenir une comédie format 26 minutes, avec la diffusion de 20 épisodes inédits.

Une logique de mise en scène appropriée

On en avait vraiment envie,” explique Arthur Benzaquen. “Notre projet est vraiment celui d’une série et quand on avait de retours, on nous disait souvent « Ouais, ils sont bien vos sketches ». Sauf que nous, on ne faisait pas de sketches. On avait envie de défendre autre chose”.

Et c’est comme ça que la fiction qui a récupéré le prix de meilleure série de fiction courte au festival de La Rochelle en 2011 a opéré sa mue. “Le changement de rythme nous a imposé d’être très vigilant, notamment à la lecture”, confirme l’interprète de Zak. Du coup, le duo très complémentaire qu’il forme avec Daive Cohen (l’autre créateur de la série, que l’on avait déjà vu à l’œuvre sur « Blague à part » notamment) s’est mis au diapason. Comme tout le reste de l’équipe.

Le résultat est franchement encourageant : à l’occasion des Screenings Orange Cinéma Séries, le public a pu découvrir les épisodes 3 à 4 de la nouvelle saison. Si, par à-coups, on sent que l’allongement de la durée des épisodes influe sur le rythme de l’histoire, que l’ensemble peut encore s’améliorer, « Zak » peut aussi et surtout compter sur ses principales qualités pour passer l’obstacle.
La série a effectivement des personnages bien définis et solidement interprétés, ses textes combinent bien sens de la vanne et comique visuel et en plus, les codes spécifiques de sa mise en scène sont bien maîtrisés.

Dans ses meilleurs moments, « Zak » est en effet un pur mockumentary façon « The Office » ou « Modern Family ». Avec des extraits d’interviews face caméra, des coups d’œil au cadreur qui renforcent le caractère comique d’une situation [2] et en préservant la dynamique immersive du genre. Cette impression était particulièrement vraie sur l’épisode 4, « Galette Week », qui était vraiment drôle.

De nombreux invités pour assurer le SAV

Tout au long de la saison 3, on retrouvera donc Zak et sa bande autour d’un projet de comédie musicale, « D’Artagnan : The Musical », qui doit permettre à l’artiste de rebondir. “A la fin de la saison 1, la fiancée de Zak, madame Germain, meurt et on avait peur que tout ça plombe un peu les choses au moment de repartir sur un nouveau format”, avoue Arthur Benzaquen. “Avec cette astuce, on redémarre où on veut… et on ne s’interdit pas de tourner plus tard la saison 2”.

Cette année encore, la production pourra aussi compter sur des invités de choix puisque François Berléand incarnera Richelieu pour les besoins de « D’Artagnan : The Musical ». “François a découvert la série au festival de La Rochelle”, confie Boris Duchesnay, directeur des programmes du bouquet Orange Cinéma Séries. “Il a vu un teaser de la saison 1 juste avant la projection d’« Intouchables » et il a vraiment beaucoup aimé…”.
Et de poursuivre : “Nous sommes très heureux que cette série bénéficie de sa présence mais aussi de celle de nombreux artistes comme Ramzy, Omar Sy, Francis Lalanne ou encore Ophélie Winter et Lara Fabian qui viennent se prêter au jeu de l’autodérision. Quand on a lancé la production, on avait dit à l’équipe que ce serait bien que des têtes d’affiche participent au projet. Et là non plus, on n’a pas été déçu”.

L’objectif pour la bande de « Zak », ce sera alors d’éviter ce qu’on pourrait appeler le « syndrome H ». Autrement dit, faire de la guest star pour avoir de la guest star. Le procédé ne marche jamais mieux que lorsqu’il sert une intrigue solide qui valorise les caractéristiques des personnages principaux. En la matière, la présence de Ramzy Bédia dans l’épisode 4 marche sans doute mieux que l’introduction de François Berléand dans l’épisode 3.
Mais on est franchement tenté de faire confiance à l’équipe d’Arthur Benzaquen, Daive Cohen et Daniel Tordjman, qui semble savoir où elle va. Du coup, on a envie de la suivre. Et de rire de bon cœur.

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Post Scriptum

« Zak »
Saison 3 (mais en fait 2) – 20x26’ – 2012
74 Films et LGM Productions pour Orange CinéMax
Scénario : Arthur Benzaquen, Daive Cohen, Daniel Tordjman…
Avec : Arthur Benzaquen, Nader Boussandel, Rebecca Azan, Judith Siboni, Laurence Cote, François Gauthier, François Berléand, Jean-Baptiste Maunier…

A la rentrée sur Orange CinéMax