L’an dernier, Dominique Montay et moi-même étions dépités par le vide scénaristique qu’était devenu une de nos séries fétiches. Lucas North (Richard Armitage), personnage très prometteur dans les 2 précédentes saisons, était retourné comme une crêpe et perdait toute cohérence. Les petits nouveaux, Beth (Sophia Myles) et Dimitri (Max Brown), étaient peu crédibles et quasiment inutiles. Après tant d’aberrations, autant vous dire que j’attends cette saison 10 avec beaucoup d’appréhension...

Kudos, qui produit la série, a dû en venir aux mêmes conclusions suite à la saison 9 car c’est eux qui ont décidé de mettre fin à l’une des séries britanniques les plus populaires de cette décennie. Ils ont jugé que c’était la bonne chose à faire créativement... et, à ce stade, on ne va pas les contredire. Cette mort annoncée a été décidée pendant l’écriture de la saison, comme l’expliquent à CultBox les scénaristes Sam Vincent et Jonathan Brackley : ‘‘Il y avait une forte probabilité que cette saison soit la dernière, alors pendant le processus d’écriture, nous cherchions des moyens d’infuser un sentiment de finalité. L’écriture était relativement avancée avant que la décision finale ne soit prise par Kudos — mais nous avons eu largement le temps de concevoir une vraie conclusion. Et, de façon cruciale, au moment de commencer l’écriture du final, nous savions que ce serait le tout dernier épisode’’.
On sait donc que « Spooks » ne s’arrêtera pas sur un cliffhanger frustrant. ‘‘Quand Kudos nous a demandé notre avis, on a dit qu’on détesrait voir la série annulée sur un cliffhanger – ce n’aurait pas été bien, ni juste envers les fans. Traitez-nous de fayots, mais on admire vraiment Kudos pour avoir eu l’assurance nécessaire pour terminer une série qui remporte un très gros succès, simplement parce que c’est la bonne chose à faire d’un point de vue créatif’’.

Lucas North a disparu, mais la série doit aussi fait sans le retour du personnage de Beth. Les scénaristes prévoyaient de confronter sont passé lucratif dans le privé à sa mission actuelle de service public, moins rentable, mais Sophia Myles n’a pas souhaité reprendre son rôle. La distribution a donc dû être fortement renouvelée. Tariq et Dimitri, eux, reviennent. Dimitri sera au centre du troisième épisode avec un dilemme moral qui, annoncent les auteurs, lui donnera l’occasion d’enlever le haut (c’est ce qui s’appelle avoir le sens des priorités. Ou pas).
Pour les aider, Lara Pulver incarnera Erin Watts, la nouvelle chef de la section D. Jeune et ambitieuse, elle va devoir prouver qu’elle a les épaules pour cette nouvelle responsabilité. Elle amène dans ses bagages Calum Reed (Geoffrey Streafield), un brillant Officier difficile à gérer. Peter Firth et Nicola Walker reprennent leur rôle. Les 2 vétérans de la série auront fort à faire puisqu’en plus de leur relation compliquée ils devront gérer les résurgences du passé d’Harry, incarnées par les russes Elena et Ilya Gavrik (Alice Krige et Jonathan Hyde).

Pour les scénaristes, réfléchir à la fin impliquait aussi de terminer l’histoire de Harry et Ruth, avec la conviction de ne pas pouvoir plaire à tout le monde. ‘‘Il y aura toujours un noyau dur qui sera insatisfait si on écrit autre chose que Ruth arrivant à dos de licorne pour épouser Harry vêtu d’un costume blanc. Et on ne sait jamais, peut-être que c’est ce qu’on a écrit !
‘‘D’un autre côté, il y a de nombreux téléspectateurs qui aiment la dureté sans compromis de « Spooks ». Et les deux points de vue sont bien représentés autour de la table des scénaristes. On ne peut pas plaire à tout le monde, et on ne doit surtout pas essayer. On peut simplement essayer de créer une fin qui soit fidèle à l’esprit de la série, aux personnages, et qui reflète les dix années d’une grande série dramatique’’.

Bande-annonce

Reste que cette ultime saison va avoir un dernier challenge à relever. Contrairement à ses habituelles programmations (21h en semaine, souvent le lundi), la BBC a décidé de la diffuser le dimanche soir où elle se retrouve en face de la seconde saison de la série à succès d’ITV, « Downtown Abbey ». Même si la chaîne se justifie en précisant que les publics visés par les 2 shows sont différents, les audiences de cette fin de série pourraient bien s’en ressentir...