SPACED - Saisons 1 & 2
Tim Bisley "Jesus, I cried like a child at the end of Terminator 2."
Par Dominique Montay • 11 juillet 2007
Saison 1 - 1999
Saison 2 - 2001
Production : Paramount Comedy Channel (Royaume-Uni)
Diffusion : Channel Fours (Royaume-Uni)
Créateur : Jessica Stevenson et Simon Pegg
Avec : Simon Pegg (Tim Bisley), Jessica Stevenson (Daisy Steiner), Mark Heap (Brian Topp), Nick Frost (Mike Watt), Julia Deakin (Marsha Klein), Katy Carmichael (Twist Morgan)

« Spaced » [1] est créée en 1999 par Simon Pegg et Jessica Stevenson, deux acteurs comiques britanniques. Ils ont tous les deux plus ou moins débutés dans les séries à sketches « Six Pair of Pants » (1995) et «  Asylum » (1996). Alors que Jessica travaille à la télé comme au cinéma, Simon se consacre exclusivement à la télévision et aux émissions comiques comme « We Know Where You Live » (1997), « Is it Bill Bailey » (1998), ou encore l’excellente « Big Train » (1998 et 2002). Ils se retrouvent en 1999 pour sortir une sorte de réponse brittish à « Friends », plus réaliste, tournée en vidéo et en 16/9. Le concept est très simple : un gars et une fille se font passer pour un couple afin d’obtenir un appartement. Dit comme ça... Ce n’est pas vraiment sur ce postulat de base que se construit la série, ne s’y attardant qu’à de rares occasions, et toujours avec justesse et de façon drôle. La vraie dynamique de la série vient de ses personnages, leurs interactions, et la qualité du casting qui leur donne vie.

La fine équipe

Simon Pegg est Tim Bisley, dessinateur de comics books qui n’a encore rien vendu et qui travaille... dans une boutique de comics books. Tim est un fan de « Star Wars », mais peut devenir agressif face à n’importe quelle personne qui tenterait de défendre « La Menace Fantôme ». Il possède aussi une fascination dérangeante pour l’actrice Gillian Anderson, dormant avec sa figurine « X-Files ». Au début de la série, Tim vient de se faire larguer et mettre à la porte de son appartement. C’est en cherchant un nouvel appartement qu’il fait la connaissance de Daisy Steiner...

...qui est interprêtée par Jessica Stevenson. Daisy est une journaliste. Logiquement. Mais il me semble ne jamais l’avoir vue réellement taper une ligne de texte, étant donné que l’utilisation de sa machine à écrire provoque presque invariablement chez Daisy une plongée dans un sommeil profond. Fascinée par les voyages et l’Asie en particulier, elle quitte un squat afin de trouver son propre appartement. Trouvant l’affaire du siècle, elle est obligée de faire croire à la propriétaire des lieux qu’elle est en couple avec Tim Bisley. La propriétaire, Marsha Klein...

...est interprêtée par Julia Deakin. Toujours un verre de vin à la main. Toujours balladant un regard indescriptible. Toujours bataillant avec son adolescente de fille, exclusivement personifiée par un claquement de porte suivi d’un courant d’air. Marsha est la gentillesse même, un peu particulière, mais agissant sur ses locataires plus comme une mère qu’une proprio tyrannique. Elle entretien une relation sexuelle sans attache avec le peintre qui vit au sous-sol, Brian Topp...

...qui est joué par Mark Heap. Allumé, terrifiant, lunaire... Brian a quelque chose qui fait que chacune de ses apparition pousse à l’hilarité. Mettez ça sur le compte de son statut d’artiste illuminé ou sur le talent de Heap à transcender un rôle. Comme vous voulez. Toujours est-il que Brian, si son génie artistique peut laisser perplexe, est un bonheur à voir évoluer. De sa relation avec les femmes (Marsha, qui semble plus la terrifier qu’éveiller le désir. Twist, l’amie de Daisy avec laquelle il s’engage dans une relation sexuelle débridée qui étouffe sa créativité), à celle qu’il a avec la danse « I can’t », de ses flashbacks créatifs hilarants à ses mimiques, Brian est un des personnages les plus drôles jamais écrits. Brian n’a pas réellement de lien particulier avec Mike Watt...

...qu’interprête Mark Frost. Que ce soit à la vie comme à l’écran, Mike/Mark est le meilleur ami de Tim/Simon. Mike est dans l’armée de terre. Du moins, il l’était, car à la suite d’un malencontreux incident (il a volé un tank), il a été renvoyé. Chômeur, toujours vêtu de son costume de militaire, il donne l’image d’un excité de la gâchette un peu dangereux sur les bords. Il aime les combats de robots et le paintball... suprenant.

Une réalisation proche du cinéma

Les 14 épisodes qui forment les deux uniques saisons de Spaced sont des petits bijoux d’humour référentiel. Pas un épisode ne passe sans qu’il y ait au moins cinq référence à des films. « Star Wars » arrive évidemment en tête, mais on peut citer « 2001, l’odyssée de l’espace », « Fantasia », « Manhattan » ou encore « Tron »...
L’autre lien direct avec le cinéma, c’est bien la réalisation d’Edgar Wright, qui dirigea tous les épisodes de la série. Employant un format d’image propre au cinéma (16/9), en se démarquant de la réalisation dite de sitcom type (tournage en multicaméra avec public), il réussit à donner une dimension supérieure à ses personnage. Oui, c’est en vidéo, c’est du 30 minutes, mais le projet n’est pas galvaudé, les plans sont bien conçus, travaillés, et on se rapproche plus d’une logique cinématographique que télévisuelle.

Tout est à voir

Les épisodes sont au nombre de sept par saison et traitent tous d’un sujet à part. Le seul côté feuilletonnant de la série et dans l’évolution de ses personnages. Il est quasiment impossible de ressortir un épisode à voir impérativement, tant l’ensemble se tient.
Restent des moments assez forts qui surnagent, comme de voir Mike et Tim participer à un paintball qui permet à Tim de se retrouver face à Duane, son némésis, celui qui lui a piqué sa petite amie. Duane, sorte de serial lover à la voix de bariton qui confère au personnage un ridicule savoureux (1x04 « Battles »).
L’épisode de la pendaison de crémaillère organisée par Daisy qui tourne au pathétique alors qu’au dessus, la fille de Martha, l’ado, a organisée elle aussi une fête où la musique fait vrombir les murs (1x02 « Gatherings »).
L’intervention de Tyres, night-clubber, livreur, pilote de vélo, qui vient forcer la bande à le rejoindre dans un night-club est un vrai bonheur. L’épisode permet en plus de voir Brian à l’œuvre dans un flashback traumatisant (enfin... pour Brian) qui pousse se dernier à ne jamais danser. (1x06 « Epiphanies »). Et puis, rien que pour voir les personnages, éméchés, se dire des gentillesses sur une musique à fond en hurlant (qui n’a pas vécu ce genre de situation ?), l’épisode est immanquable.
Tout comme le premier de la seconde saison, qui démarre comme le film Manhattan de Woody Allen (« Elle adorait Londres... »), et offre à la série une nouvelle dynamique, avec Mike nouveau colocataire de Tim, faisant sentir à Daisy qu’elle est de trop, cette dernière revenant d’un long périple en Asie et ayant imaginé qu’en son absence, le temps s’était arrêté. (2x01 « Back »)
Une seconde saison qui offre un deuxième épisode tournant autour d’une thématique geeko-testostéronée avec Tim et Mike participant à un concours de robot (quoi, vous trouvez ça beauf ? Ben dans Spaced, c’est drôle) (2x03 « Mettle »)
Et pour la conclusion, son utilisation du « to be continued » suivi de la musique de fin de « la guerre des étoiles » (et si), son ouverture vers une hypothétique saison 3 et la sensation de quitter un univers où les protagonistes vont sérieusement vous manquer (2x06 « Dissolution », 2x07 « Leaves »)

Success Story

La raison du succès de « Spaced » vient de la volonté de ses auteurs de faire quelque chose de différent, d’inédit dans la forme et dans le fond. Rares sont les séries qui donnent autant dans la référence cinématographique tout en ne lésinant pas sur les moyens créatifs pour les mettre en forme. La série est riche, aussi bien du point de vue de l’écriture que du visuel. Et de plus, elle réussit le tour de force de dépeindre avec justesse les jeunes adultes du début du 21ème siècle, coincés entre l’enfance et l’âge adulte pendant plus de temps que les anciennes générations. Des jeunes qui souvent proviennent de familles décomposées qu’ils recomposent avec des amis, bien plus tard, cherchant à se reconstruire autour de références et souvenirs communs.

Spaced fut un succès énorme en Grande-Bretagne, faisant le bonheur de son diffuseur, Channel 4, mais aussi de ses acteurs, qui eurent (pour la plupart), des lendemains heureux. Mark Heap (Brian), a un rôle majeur dans la série « Green Wing » en plus de récupérer des petits rôle dans des films majeurs (« Scoop », Woody Allen ; « Charlie and the Chocolate Factory », Tim Burton), Jessica Stevenson (Daisy), joue dans « The Royle Family » et tourne beaucoup au cinéma, Julia Deakin (Martha) fait des apparitions ciné et télé, mais ceux qui s’en sortent le mieux, ce sont bien Simon Pegg (Tim), Nick Frost (Mike) et le réalisateur Edgar Wright. Ensemble, il ont sorti le hit « Shaun of the Dead », une comédie/ film de morts-vivants et ont mis sur orbite « Hot Fuzz » (sortie française le 25 juillet de cette année), une comédie sur un super flic très instable se retrouvant dans la bourgade brittanique la moins touchée par le crime.

Pour « Spaced »... une forme de pessimisme me pousserait à dire qu’il faudra se contenter de deux saisons. Et ce même si au départ, Stevenson et Pegg avaient imaginé « Spaced » comme formant trois saisons. Et ce même si il n’y a pas si longtemps que ça (2005, quand même), Simon Pegg a déclaré qu’il aimerait revenir à « Spaced », mais sous la forme d’un épisode spécial de deux heures. Autant dire que plus le temps passe, plus les chances de les retrouver s’amenuisent.

Une série immanquable

« Spaced » est un bijou d’humour en plus d’être une réussite d’un point de vue formel. Donc en gros, si vous ne l’avez toujours pas vue... vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Dernière mise à jour
le 31 août 2008 à 07h24

Notes

[1Crédits :

Scénario :
Jessica Stevenson et Simon Pegg (1x01 Begginings, 1x02 Gatherings, 1x03 Art, 1x04 Battles, 1x05 Chaos, 1x06 Epiphanies, 1x07 Ends, 2x01 Back, 2x02 Change, 2x03 Mettle, 2x04 Help, 2x05 Gone, 2x06 Dissolution, 2x07 Leaves)
Réalisation :
Edgar Wright (1x01 Begginings, 1x02 Gatherings, 1x03 Art, 1x04 Battles, 1x05 Chaos, 1x06 Epiphanies, 1x07 Ends, 2x01 Back, 2x02 Change, 2x03 Mettle, 2x04 Help, 2x05 Gone, 2x06 Dissolution, 2x07 Leaves)