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21 Drum Street - Regarder les séries quand elles sortent, c’est beaucoup trop de travail

N°53: Vos Gueules, Z’Êtes Moches : Les Nouvelles Séries

Par Conundrum, le 13 janvier 2016
Publié le
13 janvier 2016
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Episode Chronique
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Depuis quelques temps, je vais bien. Genre très bien, je suis de bonne humeur, je dors bien, je suis plus productif [1], bref, je me sens à l’aise dans mes baskets.

Les gens me disent que c’est parce que j’ai arrêté la viande, commencé une thérapie, repris le sport de manière régulière, coupé les ponts avec les personnes toxiques de ma vie, et admis que je faisais autant partie du problème que de la solution.

Sont cons, les gens !

La seule raison de mon bonheur retrouvé vient de ma décision de n’essayer aucune des nouvelles séries de la rentrée. Un point c’est tout.

On sait tous qu’il y a trop de séries à la télé, pourtant chaque saison, on prend un certain plaisir à essayer des pilotes qui ne seront pas nécessairement le reflet de l’âme de la série. Et si le pilote et la poignée d’épisodes suivants ne sont pas à la hauteur de nos espérances, il y a de grandes chances qu’on abandonne définitivement la série. Si le pilote est le point d’entrée évident d’une série, cette manière de consommer les séries n’est peut-être pas la meilleure.

Contrairement à ce qu’on essayait de nous faire croire pour donner une meilleure image d’une série, cette dernière n’est ni un roman, ni un film découpé en épisodes. [2]
Contrairement à un chapitre ou une scène d’un film, chaque épisode peut être un point d’entrée potentiel. En règle générale, le premier acte d’un épisode présente les personnages aux nouveaux venus de manière assez subtile pour ne pas lasser son fidèle public. Une petite introduction avec une narration, un rapide résumé des épisodes précédents et idéalement un générique avec des visuels assez parlants pour identifier les personnages et leurs personnalités [3], complètent, en règle générale, le kit de bienvenu au nouveau spectateur. Alors, aussi étrange que cela puisse paraître à l’ère de Netflix et des intégrales en DVD, le pilote n’est pas le seul épisode qui permet de découvrir une série.

Si on part de ce postulat, rien ne sert de s’enthousiasmer et de se lancer dans une série qui pourrait autant être le nouveau Mad Men que le nouveau Big Shots. Cette saison, j’ai décidé que, plutôt que de consacrer du temps à des nouvelles déceptions potentielles, j’allais me lancer dans les affres de la télé transparente.
Non, pas celle où Papa Bluth s’habille en Maman Bluth, mais dans les abîmes de ces séries qu’on a abandonné. Parce qu’au fond, si plus personne ne regarde plus les séries encore à l’antenne qu’on a arrêté après un ou deux épisodes ou sur lesquelles nous n’avons pas jeté un seul regard, on ne saura jamais si Criminal Minds est devenue une série de bonne facture. Alors au lieu de tenter Blindspot, j’ai tenté Law and Order : Spécial Victims Unit. Aussi, parce que si je voulais trouver une femme nue dans un sac de voyage, je continuerai à voyager avec Ju. Et grand bien m’en a pris, j’ai découvert une série bien différente de celle que j’avais laissé en début de vie. Aussi, si je ne connaissais que Mariska Hargitay et Ice T, SVU est la série idéale où chaque épisode est facile d’accès sans tomber dans la répétition et sans devoir me taper les 15 saisons que je n’ai pas regardées.

La nostalgie a aussi joué un petit rôle ma nouvelle manière de regarder les séries. Il y a une époque où on ne pouvait que très difficilement retrouver des épisodes de séries que nous n’avions pas vues. C’est pour cette raison que j’ai découvert Babylon 5 en fin de saison 2. Puis, tout en suivant la série de manière hebdomadaire, lors de la saison 3, j’ai pu découvrir la saison et demie qu’il me manquait. Et c’était la meilleure manière de découvrir la série.
En saison 2, la série était encore facile d’accès mais surtout, elle était de bien meilleure qualité que les premiers épisodes. Je pense même que si j’avais découvert la série avec son pilote original, sa musique qui fait mal aux oreilles et ses marionnettes qui manquent à convaincre, je n’aurais sûrement pas eu le courage de donner la chance à Babylon 5. Mais en sachant par avance que la série allait devenir bien meilleure, les premiers épisodes me paraissaient moins mauvais qu’ils ne l’étaient vraiment.

Aussi, le visionnage et l’abandon rapide d’une série renforcent le caractère jetable qu’on lui donne. Un bon épisode de série est accessible aux nouveaux spectateurs, mais peut avoir plusieurs niveaux de lecture qui nécessitent un revisionnage plus tard.
Pourquoi se lancer dans le pilote d’une nouvelle série qui ne nous attire pas plus que cela, alors qu’on peut revoir l’épique épisode de The New Adventures of Old Christine où New Christine et Richard jouent aux charades ? Old Christine est le genre de comédie qui devrait avoir meilleure réputation. En effet, la qualité constante et l’innovation des scénaristes en font une série qui fait vraiment plaisir à revoir. Dans un autre registre, comme il est impossible de se rappeler de tous les gags d’un épisode de 30 Rock ou d’Arrested Development, ces série sont aussi de solides candidates à une intégrale régulière.
Enfin, avec les retours de programmes qui nous ont quittés il y a des années, grand nombre d’intégrales sont les bienvenues. Découvrir Twin Peaks en 2015 était une excellente idée et je ne pensais prendre autant de plaisir à regarder The X-Files et à redécouvrir la série vingt ans après. A tel point que je ne regarde plus que cela malgré le retour des programmes réguliers.

Il est assez paradoxal qu’un site En Direct des USA préconise de moins regarder de séries inédites, mais alors que le fameux "Peak TV" propose plus de choix, on a tendance à donner trop d’importance à la nouveauté. Surtout que l’avantage d’un choix de séries inversement proportionné au temps libre du téléspectateur est que la culture séries est désormais bien ancrée. On a moins peur de se faire spoiler sur les sites spécialisés. On peut alors se permettre d’attendre avant de découvrir une série et devenir notre propre directeur de programmes.
Et comme toute les chaînes le savent, il ne faut jamais négliger la force d’une rediffusion. Alors au lieu de regarder Jessica Jones, pourquoi ne pas regarder The Bitch In Apartment 23 ? Je suis sûr qu’il doit vous rester un ou deux épisodes à voir de la meilleure série où Kristin Ritter tient le rôle titre.

Conundrum
Notes

[1Pas sur pErDUSA, je vous l’accorde !

[2Hein David Lynch !?!?

[3Ceux de The O.C. sont une grande réussite sur ce point.